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Mazarinade n° B_6_18

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Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.


les autres, & dans l’vn & l’autre sentiment se faisants
vne guerre mortelle, ils se combattent & se
détruisent reciproquement. Le feu Cardinal de
Richelieu les a rendus gueux, & ils l’ont comblé
de loüanges & de dignitez. Le Mazarin a transporté
toutes leurs richesses en Italie, & les donne
en proye les vns aux autres pour les auoir tous à
sa discretion, & se contentent de le menacer sans
se resoudre à le perdre aprés tant d’outrages & tant
d’affronts qu’il leur a faits : Leur Reyne leur tient
le pied sur la gorge ; elle donne des prix à qui leur
fait plus de mal, elle soûpire impatiément aprés
l’occasion d’vn massacre qui noye sa fureur dans les
ruisseaux de leur sang, & cependant ils la qualifient
encore d’honorables tiltres, & luy rendent de profonds
respects en particuliers. Le Conseil, le Parlement,
la Cour, les Princes, aucun, dis-ie, enfin ne
se rend amy de l’ordre, & ne veut renoncer à son
interest pour acquerir comme titrez par vn changement
en mieux le nom des delices du gente humain.
Ils croiroient se faire vn tort préiudiciable
s’ils se priuoient du’droict qu’ils briguent à l’enuy
de ce pauure Peuple, qui nourrit leurs Armées &
leur suite depuis plusieurs années. O temps ! ô
mœurs ! mais ô fatale iniustice, qui ne peur estre
iamais assez pleurée ! & funeste aueuglement pareil
à ces grands broüillards qui suiuent de grands orages