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Mazarinade n° C_10_30

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Anonyme [1649], LE SECOND THEOLOGIEN D’ESTAT, A MESSIEVRS LES GENERAVX. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_30.


la vertu n’est iamais plus forte, que quand elle est plus viuement
combatuë. Vos actions n’estoient auparauant semblables qu’aux
plus viues couleurs, qui durant la nuict n’ont qu’vne lumiere
émoussée & enseuelie dans la matiere : mais deslors que le Soleil
épand ses rayons sur ces beautez languissantes, il les fait paroistre
dans leur lustre. Et comme les contraires éclatent plus
viuement par leurs contraires, ainsi l’épaisseur de la nuict qui
taschoit en vain de ternir vostre gloire s’estant dissipée par cette
fauorable occasion, sa lumiere imite celle du Soleil, dont la beauté
est sans proportion plus charmante apres son eclipse, qu’elle
n’estoit pas auparauant.
 
Vilia elegit
Deus vt
confundat
fortia.
C’est donc maintenant, Messieurs, qu’il faut combatre &
estouffer ce Monstre, puisque vous auez du iour pour le reconnoistre.
C’est maintenant qu’il faut repousser toutes ses violences,
& faire que son propre venin retourne contre luy-mesme.
L’on ne sçauroit assembler trop de supplices ny trop de bourreaux
pour punir de si horribles attentats ; il faut que la peine que
vous luy imposerez, soit telle qu’en accablant ce coupable par
le coup, elle humilie ses complices par la crainte & par l’estonnement.
Aux playes dangereuses on y applique au plustost le
remede, & mespriser ou differer la punition des grands crimes,
c’est en permettre de plus grands, c’est authoriser le vice que
d’en retarder la justice & la vengeance. Et quiconque authorise
le mal, est aussi coupable que celuy qui est conuaincu. Il n’y a
point de charmes plus puissans pour vous conseruer dans la bienveillance
du peuple, que de luy procurer la paix, en vous opposant
à tout ce qui la trouble. Vous vous y estes genereusement
opposez dans tous ces commencemens heroïques, qui ont bien
fait voir aux plus farouches, que les interests publics vous touchoiẽt
bien plus que les vostres. Ce peuple prosterné à vos pieds,
vous coniure de luy donner son repos & sa fin. Vous en auez
les moyens, vous y estes obligez par toutes les obligations possibles.
Vous l’auez recherché dans tant de fauorables euenemens,
d’où il a iugé des offres & des effets de vostre seruice, comme Protogenes
de la ligne d’Apelles, qu’ils ne pouuoient sortir que des
Princes les plus courageux de toute la France, des plus zelez pour
les interests publics, des plus passionnez pour le salut de tous les
peuples. Poussez, Messieurs, poussez de si genereux desseins, poursuiuez