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Mazarinade n° B_14_11

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Anonyme [1652], LE RAISONNABLE PLAINTIF, SVR LA DERNIERE DECLARATION DV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_2969. Cote locale : B_14_11.


costé, afin qu’ils soient plus forts que les particuliers,
pour les tenir en deuoir ; & de l’autre, afin qu’ils ne soient
pas trop puissans pour opprimer toute la Cité. C’est le
temperament & les précautions que baille le grand Aristote,
dont l’authorité est preferable à celle des supposts
de la domination violente. Au reste, on peut apprendre
de ce sage Philosophe, & l’experience nous le
monstre, qu’autant qu’il y a de nations diuerses, autant
y a t’il de differentes formules de gouuernement, selon
lesquelles elles ont estably leurs Souuerains, en leur imposant
des noms selon leurs diuers langages. Mais toutes
ces nations conuiennent en ce principe, à ce que iustice
leur soit administrée. Toutes les autres qualitez
sont accidens & circonstances : la Iustice fait le corps &
la substance de la Royauté ; c’est celle qu’on a requise
en la creation des premiers Rois, lors qu’on les a esleus.
Deus iudicium tuum Regi da ; c’est celle qu’on demande
pour les Rois successifs, & iustiti m tuam filio Regis.
 
On peut dire à present de la Polique ce qu’Hipocrate
a dit de la Medecine, à sçauoir que de tous les arts il
n’en est point de si illustre que celuy qui enseigne à procurer
la santé des hommes ; mais que par l’ignorance
de plusieurs qui l’ont voulu pratiquer sans en auoir eu
la connoissance, leur mauuais succez ont ietté dans le
decry & rendu infame vn art si auguste & si diuin. Tout
de mesme ces harpies infernales qui ont causé tous les
maux que nous auons ressenty & qui nous accablent
maintenant, radix omnium malorum, dit S. Paul, est cupiditas
I. a. tim. 6. v. 10.
Ce souleuement general qui est arriué presque dans
toute les Monarchies de l’Europe, nous montre que
Dieu est grandement courroucé contre nous, reuenons
encore vn coup à la puissance absoluë que les Roys veulent
leur attribuer cette primauté ; par laquelle dans sa
derniere Declaration commande aux Princes de se trouuer