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Mazarinade n° C_6_67

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : C_6_67.



Le Roy persista tousiours à leur demander des preuues & des fondemens de
leur authorité, en des termes presque semblables à ceux du iour precedent, &
alors le President dit :
Le President. Voicy la troisiesme fois que vous auez desobey à la Cour,
en ne vous iustifiant que par mépris & par arrogance. Et puis se tournant
vers l’Orateur il dit, Monsieur l’Orateur, faites vostre charge.
Et l’Orateur presenta vn papier au Roy, luy commandant pour la derniere
fois de respondre à ses accusations. Et le Roy l’ayant leu dit :
Le Roy. Ie vous dis encore vne fois, que ce n’est pas la crainte de la mort
qui m’oblige à contester auec vous de vostre authorité ; Ie vois bien que
toutes ces formalitez ne sont que des grimaces pour eluder mes sujets, &
que pour establir authentiquement vostre nouuelle & illegitime authorité
vous en voulez faire l’essay, & en ietter le fondement sur ma Personne,
esperant qu’on ne disputera point à se ranger sous des Loix, que le
Legislateur luy-mesme aura signées de son sang. De mesme qu’il n’y a
point de plus grand tesmoignage de la verité de la Loy Chrestienne, (si
j’ose vser de cette comparaison) que la Mort de IESVS-CHRIST, qui
la seellée de son propre Sang : Mais si vostre interest tyrannique vous
oblige d’éluder le peuple, ie suis obligé par la qualité de Pere & de Gouuerneur
de les desabuser, & de maintenir ses libertez & ses priuileges :
Alors le Roy fut interrompu par le President, qui dit :
L President. Vrayement vous auez bien maintenu les libertez & les
priuileges du peuple.
Le Roy. I’en atteste Dieu & tous mes Peuples à tesmoins ; & vous-mesmes
n’estes pas ignorans, que c’est pour auoir contrecarré vostre tyrannie,
& n’auoir pas voulu l’authoriser de mon consentement, que ie suis
l’objet de vostre indignation & de vostre rage. Mais pour reprendre mon
discours.
Ie vous disois que ce n’estoit pas la crainte de la mort qui m’obligeoit
à contester de vostre authoritè, mais bien l’interest de mes Peuples, ne
pouuant en conscience consentir à la ruine des Loix fondamentales, qui
les ont gouuernez des Siecles entiers si heureusement, & sans lesquelles
vous-mesme & vostre posterité ne sçauriez viure sans des dangers & des
craintes continuelles, puisque la force establit des Religions & des Loix,
ausquelles vn chacun se doit soûmettre sans appel. Et le Roy dit en suite
plusieurs choses qu’il auoit dit le iour precedent, & fit voir que le Parlement
n’estoit pas conuoqué legitimement, & qu’il estoit imparfait, la Noblesse &
le Clergè en estant bannis, & n’y ayant presque pas vn des membres qui y
auoient pris seance par election : Alors le President prenant la parole dit.
Le President. Vous ne cesserez point de charger de calomnies & de
mespris le Parlement. Mais vous apprendrez par les effets que cette
Cour est vne Cour de Iustice, vostre recusation & vostre silence nous
sert d’adueu. Il vraye st que vos actions parlent d’elles-mesmes, & que