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Mazarinade n° A_6_70

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : A_6_70.



Le Roy persista tousiours à leur demander des preuues & des fondemens de
leur authorité, en des termes presque semblables à ceux du iour precedent, &
alors le President dit :
Le President. Voicy la troisiéme fois que vous auez desobey à la Cour,
en ne vous iustifiant que par mespris & par arrogance, Et puis se tournant
vers l’Orateur il dit, Monsieur l'Orateur faites vostre charge.
Et l’Orateur presenta vn papier au Roy, luy commandant pour la derniere
fois de respondre à ses accusations. Et le Roy l'ayant leu, dit :
Le Roy. Ie vous dis encore vne fois, que ce n'est pas la crainte de la mort
qui m'oblige à contester auec vous de vostre authorité ; Ie vois bien que
toutes ces formalitez ne sont que des grimaces pour eluder mes subjets ;
& que pour establir authentiquement vostre nouuelle & illegitime authorité,
vous en voulez faire l'essay, & en jetter le fondement sur ma
Personne, esperant qu'on ne disputera point à se ranger sous des Loix,
que le Legislateur luy mesme aura signez de son sang, de mesme qu'il n'y
a point de plus grand tesmoignage de la verité de la Loy Chrestienne, (si
j'ose vser de cette comparaison) que la Mort de IESVS CHRIST, qui
la seelée de son propre Sang : Mais si vostre interest tyranique vous oblige
d'éluder le peuple, ie suis obligé par la qualité de Pere & de Gouuerneur
de le desabuser, & de maintenir ses libertés & ses priuileges : Alori
le Roy fut interrompu par le President, qui dit :
Le President, Vrayement vous auez bien maintenu les libertez & les
priuileges du peuple.
Le Roy. l'en atteste Dieu & tous mes Peuples à tesmoins ; & vous mesme
n'estes pas ignorans, que c'est pour auoir contrecarré vostre tyrannie,
& n'auoir pas voulu l'authoriser de mon consentement, que ie suis
l'objet de vostre indignation & de vostre rage. Mais pour reprendre mon
discours.
Ie vous disois que ce n'estoit pas la crainte de la mort qui m'obligeoit à
contester de vostre authorité, mais bien l'interest de mes Peuples, ne
pouuant en conscience consentir à la ruïne des Loix fondamentales, qui
les ont gouuernez des siecles entiers si heureusement, & sans lesquelles
vous mesmes & vostre posterité ne sçauriez viure sans des dangers &
des craintes continuelles, puisque la force establit des Religions & des
Loix, ausquelles vn chacun se doit soumettre sans appel. Et le Roy dit en
suitte plusieurs choses qu'il auoit dit le iour precedent, & fit voir que le Parlement
n'estoit pas conuoqué legitimement, & qu'il estoit imparfait, la Noblesse
& le Clergé en estant bannie, & n'y ayant presque pas vn des membres qui y
auoient pris seance par election : Alors le President prenant la parole dit.
Le President. Vous ne cesserez point de charger de calomnies & de
mespris le Parlement. Mais vous apprendrez par les effets que cette
Cour est vne Cour de Iustice, vostre recusation & vostre silence nous
sert d’adueu. Il est vray que vos actions parlent d'elles-mesme, & que