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Mazarinade n° C_6_59

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Anonyme [1649], LE POLITIQVE CHRESTIEN. DE S. GERMAIN. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2811. Cote locale : C_6_59.


que l’innocence & l’interest du Monarque que Dieu nous a
donné, n’a point esté capable de destourner nos calamitez : &
que les plus mauuais conseils ont tousiours preualu au dessus
des bons. Ce n’est point encore sans espouuente, que nous craignons
qu’à l’aduenir il ne faille appliquer des remedes à nos
maux, qui soient pires que le mal-mesme, manque de les auoir
appliqués, quand il le falloit, quand on le pouuoit, & quand on
le deuoit. Quel conseil, MADAME, d’auoir entrepris de ruiner
Paris, & d’estouffer le Parlement ? Et cela en quel temps,
& sous quel pretexte, & par quels moyens ? Et ce conseil a esté
suiuy, il a esté embrassé, on s’est mis en deuoir de l’executer ;
On a creu mesme qu’il y alloit de la conscience & de l’authorité
Royale, de ne rien épargner pour le faire reüssir ; On en a
fait vn poinct de Religion & d’Estat. Les sçauans & les ignorans
l’ont également applaudy, on a employé le fer & le feu
pour le conduire à chef.
 
O Iugemens de Dieu, que vous estes impenetrables ! Mais
ô abysmes de nos pechez, que vous estes profond, puisque vous
aueuglez de la sorte, puisque vous prouoquez si estrangement
l’abysme de la cholere de Dieu sur nous ! C’est biẽ maintenant,
MADAME, que la France esprouue qu’il est vray, que la prudẽce
humaine est inutile, pour soulager ceux que la Iustice de
Dieu veut affliger. Il est vray ce que dit le S. Esprit, par la bouche
d’vn Prophete, que ceux qui pecheront, auront beau trauailler
à faire des toilles, par ce qu’elles ne les pourrõt couurir :
& les ouurages de leurs mains ne les pourront vestir. Tout ce
qu’ils feront, s’éuanoüyra sans effet, & mesme les cõseils qu’ils.
prendront pour se sauuer, ayderont à les faire perir. Ils semeront
du vent, dit Osée, & ils ne recueilleront que des tẽpestes.
Vn grand Archeuesque de Seuille, disoit autrefois, qu’il
falloit que l’Espagne fust entierement desolee, afin qu’on la
pust entierement reparer. Il falloit, MADAME, que la France
s’accablast elle méme sous le poids de ses propres desordres,
afin qu’elle fust capable de sentir son mal, & de rechercher la
santé. Il falloit qu’il n’y eust aucune partie saine en cette Monarchie,
afin qu’on pensast à vne reformation generale, & que
tout le monde la demandant, il fut impossible de la refuser.
Il falloit qu’elle tombast dans vn estat qui arrachast
les larmes & les sanglots, aussi bien que le sang & la vie à tant
de Peuples ; Il falloit que ne pouuant perir que par ses propres