M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], LE IVGEMENT RENDV SVR LE PLAIDOYÉ de l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL partie Aduerse. Par M B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1775. Cote locale : B_17_15.
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Au reste l’Autheur de la Verité toute Nuë, deuoit auoir mis
cette verité en lumiere auant la Bataille du Faux-bourg Saint
Antoine, pour faire croire que Monsieur le Prince auoit negotié
auec le Cardinal Mazarin. Dautant que le soin, la fatigue, & le
courage de Monsieur le Prince en cette rencontre, ont fait clore
la bouche, comme estouffer les pensées de beaucoup de personnes
qui les auoiẽt conceuës, attẽdu le peu de progrez aux affaires.

Quant au secours pretendu du Duc Charles, ie ne profonde
point pour sçauoir les Autheurs de sa venuë, mais i’en deteste la
cause, puis qu’il a acheué à ruïner nos Prouinces par ses desordres.

L’Auocat General a meilleur raison que le Mareschal de Turenne
ne pouuoit continuer le siege d’Estampes, qu’à la ruïne totale
de son Armée, & à sa honte ; mais sçauoir si nostre Auocat
deuoit faire vne redite des articles proposez, & des recompenses
à donner tant à Monsieur le Prince, qu’à ceux qui l’ont suiuy, pour
sa reconciliation auec le Cardinal Mazarin, ie luy laisse à penser.

Reste la deffense de Monsieur de Beaufort page 26. 27. &c. lequel
i’estime auoir esté gardé au Bois de Vinciennes, comme vn
Ioseph vendu en Egypte, pour conseruer Paris, & luy seruir d’vn
fort bouclier, non moins que Ioseph a sauué Israël de la faim
vniuerselle. Mais nostre Auocat n’a point trouué la cause de M. le
Coadjuteur bonne, puis qu’il ne l’a voulu deffendre. C’est merueille :
Cét homme ne seroit point bon en Cour, puis qu’il ne
peut dissimuler sa passion. O que les hommes sont sujets au changement
de la rouë de Fortune : Monsieur le Coadjuteur estoit l’vnique
Prelat en dignité à la sortie de prison de Monsieur le Prince.
Mais la malice des hommes & l’ingratitude l’a rendu odieux. Certainement
il est trop intelligent pour n’auoir eu autre fin, en tant
de soins qu’il a pris pour conduire la barque de ses oüailles à bon
part, & l’exempter du naufrage au blocus de Paris, que la loüange
des hommes : Il est plus contant qu’ils demeurent dans
l’ingratitude, s’ils faisoient leur salut, que d’entendre crier ses
Eloges par les ruës de Paris. Sa constance est vn rocher, que les
plus atroces & execrables médisances ne pourront iamais émouuoir,
non plus que troubler les cendres de ses Ayeuls par des escrits,
indignes d’estre soufferts par les Magistrats. Le temps apprendra tout.

En fin, nostre Aduocat General fait extremement bien le Satyrique ;
à l’esgard de la Verité Nue, car tout son discours n’est qu’vne
continuelle suitte de mots choisis en execration de ce miserable



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