M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], LE IVGEMENT RENDV SVR LE PLAIDOYÉ de l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL partie Aduerse. Par M B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1775. Cote locale : B_17_15.
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Autheur. Ainsi il pratique passionnément ce qu’il trouue
le plus blasmable en vn autre. Qui pour bien conclure la deffense
de la Reyne, comme il promet au titre de son plaidoyé, il
donne à penser impudemment d’elle, qu’elle est autant punissable
qu’vne Brunehaut page 31. Que le Roy suiue les Loix du Royaume,
& qu’il luy obeïra, cela est raisonnable ; car elles sont autant
pour la conseruation du Roy mesme, que pour celle de ses
sujets, mais les armes sont vn moyen trop perilleux pour les luy
faire obseruer.

 

Il faut donc commencer par les humbles remonstrances que
doiuent faire les Parlemens, comme ils ont tant de fois fait, si elles
sont inutiles, il faut conuoquer les Estats generaux : c’est le
corps & le cœur de l’Estat, dõt les Roys & les Princes sont les bras
pour le deffendre. Toutes les parties s’y doiuent soubmettre pour
subsister. C’est ce que nous auons monstré auoir esté tousiours
pratiqué au traicté du Remede aux malheurs de l’Estat. C’est le seul
Tout-puissant remede pour conseruer tout le corps entier, pourueu
que ce corps ne soit point des Estats partialisez de personnes
mandiées, recommandées ; mais libres, & de probité de vie pour
bien exposer les plaintes & au vray, & apporter à l’instant par
bonnes ordonnances, remedes à tous les desordres.

Cependant le Parlement de Paris a donné diuers Arrests contre
ceux qui abusent de la conduite du Roy, & pour les executer ils
ont declaré son A. R. Lieutenant General de l’Estat, pour tirer le
Roy des mains d’vn pernicieux conseil : mais d’autant que les affaires
importent à toute la France, ils auroient donné vn poids beaucoup
plus puissant à leurs Arrests s’ils auoiẽt inuité les autres Parlemens
de France à leur enuoyer des Deputez de leurs Corps,
pour conclure vnanimement des Arrests, qui ne peussent estre
reuoquez ou alterez par aucun autre. Apres quoy, conuoquer les
Estat, puis que le Roy n’est en estat de le pouuoir faire selon les
loix de l’Estat Mais, ô Dieu quand & par qui ces Arrests seront-ils
executez ? ô François malheureux ! iusques à quand gemirez vous ?
Quoy que i’escriue, & que ie pense, ie n’estime point les François
plus affectionnez à leur liberté, que les Iuifs lors qu’ils changerẽt
leur Aristocratie en Monarchie (laquelle sans bride degenere ordinairement
en tyrannie) s’ils n’empeschent leur esclauage par les
susdits remedes. Mais i’ay peur que le corps de l’Estat vieilly par
si longues années, ne soit en son declin & derniere periode, comme
i’en ay fait voir les apparences au nouuel Escrit intitulé, Presages
de Changement en la Monarchie des François.

FIN.

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M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], LE IVGEMENT RENDV SVR LE PLAIDOYÉ de l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL partie Aduerse. Par M B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1775. Cote locale : B_17_15.