M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], LE IVGEMENT RENDV SVR LE PLAIDOYÉ de l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL partie Aduerse. Par M B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1775. Cote locale : B_17_15.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 14 --

il fait par tout son discours contre cette pretenduë Verité. Il tesmoigne
par la vne passion suffisante pour le croire, & qu’il est Aduocat
fort pathetique. Mais à quoy bon noircir le papier de telles
execrations ; i’estime que la passion aueugle l’homme, quand il
s’en sert pour persuader.

 

Quant à ce qui est de la recherche que M. le Prince a fait du secours
d’Espagne pour forcer le conseil Mazarin à consentir les articles
de paix proposez à Munster ; c’est l’extréme malheur de l’Estat,
que pour en pretendre le bien & la conseruation, il faille implorer
l’ayde de l’ennemy mesme de l’Estat. Certainement l’Espagnol
n’ayme les François que quand ils sont diuisez, d’autant
que par telle diuision, il fait ses affaires comme il veut.

O que la condition des Princes est malheureuse quand l’ambition
leur oste le bien & le repos de la vie ? Que les peuples sont miserables
qui sont assujettis à la necessité d’vn gouuernement
de Princes, qui sous pretexte de generosité sont cause de tant de
cruautez. Vn Autheur disoit bien, quidquid delirant Reges, plectuntur
Achiui.

Monsieur l’Aduocat General blasme l’Autheur dé la Verité
Nue, d’auoir attenté contre les Grands de l’Estat : mais que pourra
dire sa partie, quand il lira page 20. que le Roy mesme a ordonné
le retour de Mazarin par Lettre de Cachet, au preiudice de tous
ses sermens ? C’est vn effet de passion trop hardie, ce me semble,
pour estre couchée en papier exposé au public, comme quand il
dit, trop indignement page 18. Qu’il ne se faut assujettir aux caprices
des Roys, & page 23. les appellant insolents. Il est vray
que les Roys ne sont point impeccables ; car ils sont hommes cõme
les autres : mais il en faut parler auec plus de respect, & ne point
tant raualer leur authorité pour éleuer celle du Parlement. I’ay
dit ce qu’il m’en semble, au Remede des Malheurs de l’Estat, &
ie repete encore icy, Combien les Parlemens sont necessaires, &
quelle est leur authorité. I’estime que s’ils ne seruoient de bride
pour arrester l’audace de ceux qui se seruent de l’authorité Royale
pour leurs interests : la Monarchie seroit vne horrible tyrannie,
laquelle seroit enseuelie il y a long temps. Mais il faut que l’Auocat
aduoüe, qu’ils tiennent leur authorité du Roy, comme le Roy
tient la sienne de Dieu, & de tout son Estat, laquelle neantmoins
n’a plus de despendance que des Estats generaux, quand le Roy
manque, ou qu’il est comme s’il n’estoit point, pour bien vser de
son authorité, comme au temps present.

Page précédent(e)

Page suivant(e)


M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], LE IVGEMENT RENDV SVR LE PLAIDOYÉ de l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL partie Aduerse. Par M B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , françaisRéférence RIM : M0_1775. Cote locale : B_17_15.