M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 20 --

vestus, pour luy laisser toute la gloire iusques à celle des habits ;
& que ceux de Thrace cedoient à leurs Souuerains vne
religion & vn Dieu à part qu’ils n’osoient adorer, & souffroient
sans murmure qu’ils mesprisassent & ne fissent point
d’estime de ceux qu’ils adoroient. C’est luy que nous deuons
sentir si nous ne voulons estre sans raison & sans humanité,
& viure coupables du second des deux plus grands
crimes qui puissent noircir nos actions. Comme le premier
amour des choses Celestes, Spirituelles, & Diuines, est celuy
de Dieu ; Celuy que nous deuons au Roy est le premier aussi
des choses corporelles sensibles & humaines : & comme de
ces deux il est le second, & que la haine qui s’oppose au premier
est le plus grand de tous les pechez ; Ie nomme, & ne
m’en desdis pas, celle qui luy est opposé le second des crimes.

 

Il est donc iuste si nous ne voulons estre infiniment coupables,
que nous ayons pour nos Roys cet amour inferieur &
cadet, mais Frere, de cette grande flâme qui doit brusler nos
cœurs pour nostre vnique & nostre immortel Souuerain.
Ceux qui se sentent dans cette passion glorieuse, sont comme
ces Amans respectueux qui n’attendent les moindres
plaisirs que des graces de leurs Maistresses : & qui sçauent
qu’vn moment de peu de respect est capable de ruiner dans
leurs esprits plusieurs années de seruice. Ils font vne cour
continuelle aupres de leur Prince, & tiennent que comme
les Astres qui n’ont d’autre lumiere que du Soleil, ne la rauissent
pas mais la reçoiuent parce qu’ils l’attendent, de mesme,
ceux qui pretendent à ses faueurs ne doiuent pas les esperer
de la force, mais plustost de la patience. Dans ces sentimens
humiliez, mais genereux, il deferent toutes choses
au Prince dont ils les esperent, sans excepter mesmes le
temps de ses liberalitez & de sa Iustice, que c’est à eux de luy
demander, mais que ce n’est pas à eux de luy prescrire. Il ne
sont pas faschez que son pouuoir paroisse dans ces refus, &
que mesmes à leur despens il fasse voir qu’il luy est tousiours
libre de receuoir ou de rejetter nos prieres. Et de fait, certes,

Page précédent(e)

Page suivant(e)


M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.