Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.
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son fils Chilperic, tout Roy qu’il estoit, pour mettre Gillon en sa place :
& qu’eslire & destituer, ne soient pas des marques d’vn peuple subiugué,
mais d’vn peuple libre, ie ne laisseray pourtant pas de vous
presser iusques au point de vous faire dire, que vous estes aussi mauuais
Chrestien, que mauuais Politique. Car si vous auez droit de tirer
vos consequences d’vn Meroüée, que des Subjets esleuerent à
cette dignité Royale, il me semble que i’en auray bien plus de tirer
les miennes d’vn Saül, que Dieu prit le soin de couronner luy mesme
de sa propre main, quelque meschant qu’il fust ; sur vn Peuple qu’il
cherissoit par dessus tous les autres. Ce que ce Souuerain Seigneur
fait, doit auoir plus de credit dans l’esprit des hommes, que tout ce
que ses creatures sçauroient faire ; & ses promotions sont d’vne nature
bien plus stable, & plus importante que les nostres, sans contredit
quelconque.

 

Les Israëlites, comme nous auons desia dit, demanderent vn Roy
pour les gouuerner & pour les conduire, à ce Souuerain Legislateur
du Ciel & de la Terre : & ce diuin Seigneur les reprit aigrement, de
voir qu’ils luy demandoiẽt vn homme mortel pour leur Prince. Mais
ces remonstrances ne seruirent de rien sur des esprits preoccupez de
passion, & qui persistoient tousiours en leurs demandes. Nonobstant
tout cela, ils ne laissent pas de perseuerer en leurs volontez, & de continuer
leur instance. Apres cela, Dieu leur fait voir encore derechef,
qu’il ne sçauroit consentir à leurs importunitez, que sous des conditions
tres-seruiles & tres-outrageuses. Tout cela ne sert de rien sur vn
Peuple si opiniastre. Leur desir s’augmente dans le refus, & les remonstrances
les mieux concertées leurs sont inutiles.

Ils veulent vn Roy, à quel prix que ce puisse estre. Si bien que le
Createur fut obligé de ceder quelque chose aux importunitez de ses
creatures : mais ce ne fust pourtant qu’à condition, qu’il pourroit
prendre leurs biens & leurs enfans, qu’il disposeroit des vns & des cruautez
si grandes, qu’ils seroient contraints de l’appeller à leur secours
pour les deliurer, qu’il ne les exauceroit iamais, & qu’il n’escouteroit
pas mesme leurs plaintes. Ce que Dieu voulut absolument ainsi pour
les punir, de ce qu’ils auoient esté si temeraires, que d’oser preferer
vn homme mortel à sa saincte & sacrée Personne. Iugez ie vous prie
apres cela, de grace, si les Subjets ont droit de s’opposer à l’authorité
de leurs Souuerains, puis qu’ils ne les ont receus de la main de ce
Tout-Puissant, que sous les conditions que nous venons de dire.

Les traitez que cét adorable Seigneur a faits auec ses bien-aimez,

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.