Anonyme [[s. d.]], LE PARADIS ET FELICITÉ DE MAZARIN, OV LE PVRGATOIRE DE LA FRANCE. , français, latinRéférence RIM : M0_2676. Cote locale : C_6_51.
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C’est â dire que la mesme fortune qui la rendu
si puissant, le rendra vn iour le plus malheureux
du monde, cruel ton Paradis est en ce
monde, & tu dis comme les Epicuriens, bibamus
& edamus post mortem nulla voluptas, pourceau
ta ieunesse n’a esté remplie que de meschancetez,
comment serois tu bon à present,
puis que les bordels, les cabarets, les ieux & la
trahison estoient tes plus grands contentemens :
ce n’est pas ton merite qui ta fait monter à des
charges si honorables, mais ta trahison, tu est
estimé maintenant parmy les Athées, & les
sangsuë du peuple demy dieu, l’Escriture dit, il
y à vne main du Ciel qui nous apprend que les
appetits de vengeance succedent comme on les
approiette, & que lors que l’on delibere de la
fortune d’autruy, comme tu fait impie, il faut
appeller à la sienne au conseil, songe donc à ta
conscience, & ne sois plus adonné à tes plaisirs,
grenouille d’Egypte, qui faict du bruit à demy
tirée des bourbiers, de ta naissance fils de banqueroutier,
fourmis de ces vieux chesnes, qui
deuient homme en vn moment, & qui est auiourd’huy
si ambitieux & si superbe que tu ose
mesme attaquer la diuinité, puis que tes actions
combattent les Loix du Ciel.



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