Anonyme [1652], LE LABYRINTE DE L’ESTAT, Ou les veritables causes des malheurs de la France. A CTESIPHON. , françaisRéférence RIM : M0_1797. Cote locale : C_12_8.
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cette matiere suiuant cét ordre, disent que
la France acheua de perdre sa tramontane à la
mort de Henry le Grand.

 

Ce grand Astre n’estant pas sur nostre horison,
les tenebres s’espandirent par tout où ses
lumieres auoient ietté leur éclat : la Reyne
Doüairiere Marie de Medicis, prenant la Regence
du Royaume sous la minorité de son Fils,
s’efforça bien de les dissiper en quelque façon ;
mais on connut bien tost que ce qu’elle auoit
de brillant dans son action, comme celle de toutes
les autres Regentes, se pouuoit comparer à
cette sombre clarté du corps de la Lune, qui
par vne certaine qualité maligne inconnuë ; &
par sa froide humidité corrompt les mesmes su.
jets, à qui le Soleil donnoit l’ame & laction, &
qui dans l’air où cét Astre entretient la chaleur
& la serenité, n’excite que des orages & des tempestes.
Aussi tost les princes feignants qu’ils
trouuoient beaucoup à redire en sa conduite,
firent de ce feint mescontentement vn pretexte
de guerre ouuerte : Mais ce trouble qui ne meritoit
que le nom d’embarras, non plus que
quelques autres qui le suiuirent, fut calmé bien-tost
apres par la prudence de cette Reyne, qui
força son ambition de s’accommoder au temps,
pour leur donner vne partie des contentemens
qu’ils souhaitoient, en attendant l’occasion de



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