Anonyme [1652], LE LABYRINTE DE L’ESTAT, Ou les veritables causes des malheurs de la France. A CTESIPHON. , françaisRéférence RIM : M0_1797. Cote locale : C_12_8.
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& par vne folle esperance de destruire ce
qu’ils auoient le mieux du monde estably dans
la ligue de nos Princes.

 

Ces malheureux tentent l’impossible en voulant
faire qu’vn Corps comme celuy de la France,
tout couuert de playes & d’vlceres, subsiste
ou repose, lors qu’on persiste à le mal traitter &
trouuent plus iuste que tout perisse, que si le
Roy par leur conseil se relaschoit tant soit peu de
cette extréme seuerité qu’on l’oblige à tesmoigner
contre la douceur de son bon naturel, pour
donner tant soit peu de repos à ses peuples qui
languissent dans les fers depuis tant d’années.
Certes il me semble au reste que la satisfaction
seroit bien foible pour nous en compensation
de tant de maux, si seulement on cessoit de nous
outrager, & que nos Tyrans auroient sujet d’estre
bien satisfaits eux-mesmes, s’ils demeuroient
maistres de nos dépoüilles, à cette condition
de ne nous mal traiter plus si fort doresnauant.
Ils ont pû voir cependant que le refus
de donner aucun relasche à ces malheureux
qu’ils tiennent depuis si long temps dans les
gehennes & dans vn abysme de misere, & le
mespris des menasses du Ciel qui les en pressoient,
les ont desia presque reduits aux extremitez
qui presserent les Egyptiens, par la dureté
de Pharaon & de son conseil, pour auoir



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