Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : C_12_36.
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sur ce suiet de la patience des enfans Lacedemoniens,
des exemples aduenus de son temps plus malaisez
à persuader : Comme celuy que Ciceron a tesmoigné
aussi auant luy, pour auoir, à ce qu’il dit,
esté sur les lieux. Que iusques à leur temps il se trouuoit
des enfans en cette preuue de patience, à quoy
on les essayoit deuant l’autel de Diane, qui souffroient
d’y estre foüettez iusqu’à ce que le sang leur
couloit par tout, non seulement sans s’écrier, mais
encor sans gemir, & aucuns iusques à y laisser volontairement
la vie. Et ce que Plutarque aussi recite,
auec cent autres tesmoins, qu’au sacrifice vn
charbon ardent s’estant coulé dons la manche d’vn
enfant Lacedemonien, ainsi qu’il encensoit, il se
laissa brusler tout le bras, iusques à ce que la senteur
de la chair cuite en vint aux assistans. Il n’estoit
rien selon leur coustume, où il leur allast plus de la
reputation, ny dequoy ils eussent à souffrir plus de
blasme & de honte, que d’estre surpris en larcin. Ie
suis si imbu de la grandeur de ces hommes-là, que
non seulement il ne me semble, comme à Bodin, que
son compte soit incroyable, que ie ne se treuue pas
seulement rare & estrange. L’histoire Spartaine est
pleine de mille plus aspres exemples & plus rares :
elle est à ce prix tout miracle : Marcellinus recite
sur ce propos du larcin, que de son temps il ne s’estoit
pû trouuer aucune sorte de tourment, qui pût
forcer les Egyptiens, surpris en ce mesfait : qui estoit
fort en vsage entr’eux, à dire seulement leur nom.
Ie sçay qu’il s’est trouué de simples Paysans, s’estre
laissez griller la plante des pieds, escraser le bout
des doigts au chien d’vn pistolet, pousser les yeux
sanglants hors de la teste à force d’auoir le front serré
d’vne corde, auant que de s’estre seulement voulu
mettre à rançon. I’en ay veu vn laissé pour mort tout
nud dans vn fossé, ayant le col tout meurtry & enflé,


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