Anonyme [1652], L’INVENTAIRE DES SOVRCES D’OV LES DESORDRES DE L’ESTAT sont emanés, qui sont, I. La Religion deschirée par les Schismes; descriée par ses Predicateurs; & par les mauuais exemple des grands. II. Le Chaos des trois Estats: le desreglement du Clergé; la decadance de la Noblesse, & le luxe du peuple. III. Le crime sans punition dans les personnes publiques. IV. La pauureté mesconnuë par les Prestres, & l’abondance de biens recherchée. V. La Politique desbauchée par le commerce des fourbes. , françaisRéférence RIM : M0_1731. Cote locale : B_10_31.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 11 --

auec mesme raison que les Predicateurs ne sont
que des Orateurs d’Estat, ou des Rheteurs de vanité,
qui ne preschent rien moins que la vertu,
& qui contribuent plustost à faire des curieux
qu’à faire des gens de bien. Ceste mode introduite
par les demons est si pernicieuse à deux
Estats tant Chrestien que Ciuil, qu’il est bien
difficille de iuger, lequel des deux est le plus interessé
à son abolition, puis que ceste nouuelle
façõ de prescher ne tend à autre chose qu’à ruïner
la simplicité du peuple, en le rendant capable
des cõnoissances des plus esleuées ; desquelles
il n’est pas plutost esclairé qu’il cõmence à se
méconnoistre, & à vouloir mettre le nés dans
tous les affaires qui se passent ; au grand desauantage
de la simplicité ; sans laquelle il est éuident
que les Monarchies tant Chrestienne que ciuiles,
ne sçauroient subsister, puis que personne
ne doute que la curiosité & l’obeyssance ne
soient entierement imcompatibles.

 

Ceste extrauagance des Predicateurs dans la
recherche des curiositez dont ils repaissent le
peuple, est vn acheminement au peu de respect
qu’on a pour les choses sacrees, & par mesme
moyen au mespris qu’on fait de respecter les volontez
Souueraines, lesquelles se trouuant alliees
auec les precedentes, ne sont pas moins exposées



page précédent(e)

page suivant(e)