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Rechercher dans le corpus des Mazarinades
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Résultat de votre recherche de l'expression "Salut" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 401. Anonyme. LE TE DEVM GENERAL DE TOVTES LES PROVINCES... (1649) chez Variquet (Pierre) à Paris , 30 pages. Langue : français, latin. Référence RIM : M0_3757 ; cote locale : C_10_27. le 2013-12-28 14:05:52.

LA FRANCE. Loüez Dieu, mes chers Enfans, de vous auoir déliurez
du peril où la malice de mes sangsuës vous auoit
precipitez, sans aucun espoir de misericorde. Ne vous
fiez point aux Princes, ny aux enfans des hommes, ausquels
il n’y a point de Salut pour personne. Leur esprit
se diuisera & retournera en sa terre, & mesme en
ce iour là toutes leurs entreprises se reduiront en fumée.
Bien-heureux sont ceux ausquels le Dieu de Iacob
est pour aide, & desquels l’attente est en l’Eternel, qui a fait le Ciel & la Terre : Lesquels gardent verité
eternellement, & lesquels font iugement à ceux à
qui on a fait injure, & qui donnent nourriture à ceux
qui ont faim. le Seigneur délie ceux qui sont liez, &
le Seigneur donne lumiere aux aueugles. Le Seigneur
redresse ceux qui sont froissez, & le Seigneur
ayme les Iustes. Le Seigneur preserue les estrangers,
il prend en main l’orphelin & la veufue, & destruit les
voyes des meschants. Le Seigneur regnera à iamais
de generation en generation, en faueur ne ses Peuples.
C’est pourquoy Souuerain Eternel, source des
plus saincts desirs, origine des plus iustes conseils,
principe de toute sorte de Beatitudes, faites nous la
grace de nous donner la Paix, que nous desirons auec
des passions incroyables, afin que nos cœurs soient
addonnez à l’obseruance de vos commandemens : &
que la crainte des ennemis de l’Estat & de la Patrie
estant ostée, nous puissions passer cette vie auec quelque
espece de tranquilité sous vostre saincte Sauuegarde.   Psal. 145. TOVS LES PEVPLES
ENSEMBLE. Estant en des extremes calamitez nous auons crié
à vous, Seigneur, du profond de nostre cœur, afin de
de vous supplier tres-humblement d’exaucer nos
plaintes, & afin que vos oreilles fussent attentiues à la
voix de nos prieres. Quand vostre Diuine Maiesté ramena
le Roy dans Paris, nous fusmes tous consolez,
comme si le passé n’eust esté qu’vn songe. Lors nostre
bouche fut remplie de ioye, & nostre langue de liesse.
Lors toutes les Nations de la terre disoient que
vous faisiez de grandes choses pour cet Estat, & pour
vos pauures creatures. Seigneur reduisez nostre captiuité,
comme vous auez reduit les torrens aux pays
des grandes seicheresses. Ceux qui ont autres fois semé en pleurs, moissonnent maintenant en liesse :
& cela a esté fait ainsi par vostre misericorde, afin
que ceux qui font toutes choses, comme s’ils ne
croyoient pas en vous, soyent confus, par le moyen
des graces qu’il vous a pleu de nous faire. Les simulachres
sont des ouurages faits des mains des
hommes : Ils ont bouche & ne parlent point, ils ont
veuë & ne voyent point, ils ont oreilles & n’entendent
point, ils ont narines & n’odorent point, ils
ont mains & ne tastent point, ils ont pieds & ne
marchent point, & ils ont gorge & si ne crient point.
Que ceux qui nous viendront persecuter d’ores-en-auant,
soient faits semblables à ces idoles, & tous
ceux qui se confieront en leur vertu & en leur puissance.
Le peuple de France a tousiours esperé au
Seigneur, & sa Diuine Bonté a tousiours aussi esté
leur gloire & leur defense. Le Seigneur Dieu a tousjours
en memoire, & si il a pris soin de nous benir de
sa propre bouche. Nous sommes benits du Seigneur
qui a creé toutes choses, & qui a donné la terre aux
fils des hommes. Seigneur Dieu, les morts ne vous
loüeront pas, & moins encore ceux qui descendront
aux Enfers : mais nous qui viuons, & qui vous auons
tant d’obligations de la Paix que vous nous auez
donnée, nous vous benirons iusques à la fin des
siecles.   Psal. 129. Psal. 125. Psal 112. LA REYNE. Mon ame magnifie le Seigneur, & mon esprit s’éjouyt
au Dieu de mon salut, qui a fait le ciel & la terre :
car il a eu esgard à la bassesse de sa seruante, &
par ce, tous siecles me diront d’oresnauant bien heureuse.
Le Seigneur tout puissant a fait de grandes
choses en moy, & son Nom est sainct, d’vne saincteté
incomprehensible. Sa misericorde se continuera
de lignée en lignée vers ceux qui le craignent & qui le reuerent. Il a monstré la force de son bras, & il a
dissipé les pensées & les conseils des orgueilleux &
de mes aduersaires. Il a remis le Roy dans son thrône,
à la confusion des libertins & des impies. Il a
comblé tout l’Estat de benedictions, & il a humilié
ceux qui ne trauailloient qu’à sa perte. Il a pris nostre
Dieu-donné son seruiteur en sa protection, & il
a eu souuenance de ses promesses & de ses misericordes,
ainsi qu’il l’auoit fait esperer à Louys le Iuste,
d’eternelle memoire. Retirez vous donc de moy,
vous tous qui faites estat d’iniquité : car le Seigneur
a exaucé la voix de mes pleurs : le Seigneur a ouy ma
priere, le Seigneur a receu mon oraison. Que tous
mes ennemis ayent honte & soient grandement
troublez, puis qu’il m’a si bien assistée de ses graces.
Le Seigneur regne, que toute la France s’en éjouysse,
& que tous ses peuples en menent liesse. Ses gardes
sont autour de luy ; & la iustice & l’equité sont le
fondement de son trône. Le feu ira deuant sa face,
pour reduire tous ses ennemis en cendre : ses foudres
ont esclairé sur la terre, & le peuple l’a veu, & en a
tremblé. Vous iustes éjouyssez vous au Seigneur, des
merueilles qu’il a faites en faueur du fils aisné de son
Eglise. Oüy, mon Dieu-donné, vous estes le plus
beau entre les hommes, toutes graces son espanduës
en vos levres ; parce que l’Eternel vous a donné
sa faueur, & sa benediction eternelle. Ceignez vostre
espée à vostre costé, cher objet de toutes mes esperances,
& poursuiuez vos entreprises auec toute
prosperité. Regnez heureusement sur vostre peuple,
en paroles de verité, de clemence & de iustice,
& nostre Dieu vous conduira à des choses admirables.
Vos flesches aiguës penetreront iusques au
cœur de vos ennemis, & les peuples s’humilieront
deuant vostre face. Aymez la iustice, & fuyez l’iniquité :
parce que Dieu vous a sacré d’huile de liesse,
plus excellemment que tout le reste des autres Princes.
Les filles & les femmes des Roys sont és lieux
plus honorables de vostre Palais Royal, & ie suis à
vostre dextre pour veiller au salut de vostre personne.
Dieu vous fera la grace d’auoir vn iour des enfans,
que vous establirez Princes par toute la terre,
& vostre nom sera reconnu de generation en generation,
afin que toutes sortes de peuples vous benissent,
comme vn Monarque chery de Dieu & des
hommes.   Luc. 1. LE ROY. Ie ne fus iamais plus satisfait, que quand on me
dit que nous irions à Paris. La ioye que cette nouuelle
me donna ne se sçauroit exprimer, tant elle
estoit extreme. Mes sens furent tous rauis de voir
l’accueil que l’on m’y fist, contre l’opinion que quelques
mauuais esprits m’en auoient donnée : i’aimeray
d’oresnauant ces peuples, veu qu’ils me cherissent
auec tant de passion, & qu’ils sont si zelez pour
mon seruice. Ce sera là où i’establiray pour iamais,
les seances de ma Iustice, le thrône de mes descendans,
& la felicité de mon Regne. Priez pour la
tranquillité de Paris, afin que Dieu veüille estendre
ses prosperitez sur tous ceux qui l’aiment. La paix
soit en ses forteresses, & l’abondance en ses Palais.
Et à cause qu’ils me sont fidelles, ie leur souhaite
toute sorte de tranquillité en ce monde cy, & vne
vie eternellement heureuse en l’autre.

FIN. L’AVTHEVR A SA PATRIE.

SONNET.  
Rends graces à Dieu seul, de t’auoir redonné,
Vn Monarque si beau, si bon, si venerable,
La France n’eust esté qu’vn tombeau déplorable,
Si l’Eternel en eust autrement ordonné.    
Il me semble le voir d’Oliuiers couronné,
En faueur des mortels, grandement exorable,
Agir en Roy de paix, d’vn sort si memorable,
Que i’en suis tout rauy, & Mars bien estonné.    
Finissons donc nos cris, ne versons plus de larmes,
Ses insignes vertus, & ses vniques charmes,
Triompheront bien-tost, & du monde & du temps.    
Enfin si quelque Enfant qu’il paroisse sur terre,
Il impose silence aux Demons de la guerre,
Que ne fera-t’il pas à l’âge de vingt ans ?  

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Occurrence 403. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 405. Anonyme. LE THEOLOGIEN D’ESTAT, A LA REYNE. POVR... (1649) chez Cotinet (Arnould) à Paris , 12 pages. Langue : français, latin. Partie 1. Voir aussi C_10_30 (partie 2), A_7_44 (partie 1), A_7_45 (partie 2) et D_2_8 (partie 1). Référence RIM : M0_3770 ; cote locale : C_10_29. le 2013-12-28 14:31:03.

exemples. Ne
dites point, qu’il est permis aux particuliers, de retenir tel seruiteur qu’il
leur plaist. La fortune des Roys a des mesures bien plus estroites. Et celuy
qui a le plus de puissance, doit auoir moins de liberté, à raison des consequences
qui embrassent le salut d’vne infinité de testes. Enfin, MADAME, c’est ce que M. le Cardinal Mazarin vous conseillera,
s’il est bien affectionné au bien de vostre personne & de vostre
estat Ce n’est point engager vostre authorité, que de condescendre à vos
Sujets. C’est ce que Dauid a fait apres vne horrible reuolte. Ce que Constantin
& Theodose ont fait, apres qu’on eut traisné leurs statuës dans
la bouë. Ceux qui ont fait le contraire, ont esté estimez de peu de iugement
& de petit cœur, comme le Roy Roboam, qui perdit dix parts de
son Royaume, pour s’opiniastrer à vn mauuais conseil, qui estoit à la
charge de ses Peuples. En condescendant vous ferez ce que le Ciel fait
tous les iours à la terre, & Dieu à l’homme. Vous serez la Maistresse du
genre humain par vertu, & vos exemples seront les instructions de tout
ce qu’il y a de plus pur dans nostre Christianisme. Vostre Maiesté a pû apprendre de l’Histoire ancienne, que cette illustre
Princesse Berenice, qui estoit née du sang dont le Sauueur a pris naissance,
gaigna par ses rares qualitez le cœur de Tite Vespasian, (le plus aymable
Empereur, & le premier Conquerant de la terre,) qu’elle aymoit
extrémement, estant reciproquement honorée de son amitié, iusqu’à vne recherche de mariage. Mais comme elle vit que le Senat & le peuple
Romain n’aggréoient pas cette alliance, à raison qu’elle estoit estrangere,
elle quitta ce grand Prince par vertu, qui la congedioit à regret ;
l’vn sacrifiant son affection, & l’autre sa fortune aux interests de l’Estat.
Cette victoire qu’elle emporta sur elle-mesme, pour la paix d’vn Empire
estranger, a passé à la veneration de tous les siecles. Et nous esperons
aussi de vostre prudence, que vous ferez pour vn Royaume qui est
si vostre, ce qu’elle a fait pour celuy-là mesme qui luy estoit si ennemy,
& que par ce moyen vous rehausserez vostre Couronne d’vn lustre incomparable.   Sucton. in
Tito. cap 7. Personne, MADAME, ne pretend faire en sorte que la necessité vous
arrache, ce que la vertu vous demande. On sçait que vous estes puissante.
Mais on ne peut pas oublier, que vous auez esté tousiours bonne
iusques icy. On desire oster vn obstacle à vostre vertu. Mais au reste, on
vous cherit encore icy, on se passionne pour vostre grandeur. Et ceux-là
mesmes qu’on vous a fait si noirs, voudroient vous auoir fait vn degré
de leurs propres corps pour remonter sur le Thrône de Paris, en y
gardant la iustice que vous deuez à vos Sujets. Qu’a fait Paris, MADAME,
(si vous voulez ouïr ce qui se dit) qu’a fait Paris ? qu’ont
fait vos Magistrats ? sinon de vous representer les Loix & les Ordonnances
du Royaume, à quoy ils sont obligez en conscience, s’ils ne veulent
estre condamnez de trahison ? Qu’ont-ils fait, sinon de defendre les
droicts du Roy vostre fils ? sinon de retenir l’Estat lors qu’il estoit sur le
panchant de sa ruine ? sinon d’appaiser la sedition, & empescher la ville
de perir ? Qu’a fait Paris armé, sinon de s’opposer à la plus triste des furies,
qui est la faim ? d’empescher les massacres ? de vous conseruer les
restes d’vn Royaume tant de fois deuoré ? Il vous poursuit encore par
ses soumissions, lors que vous le fuyez. Il vous ouure ses portes, & son
cœur, en luy r’amenant ce sacré Depost que vous luy auez enleué. Et vous
le tourmentez, & vous en voulez faire vn exemple d’horreur, & vn spectacle
d’vne Tragedie deplorable à tous les siecles ! C’est ce que nous ne
pouuons nous persuader. Car apres cela, quelles mains auriez-vous, pour
leuer aux Autels ? quel cœur, pour receuoir les Sacremens ? & qui vous
pourroit absoudre dans le dessein que vous auriez de perdre tant d’ames
rachetées du Sang de IESVS-CHRIST ? Helas ! MADAME, c’est desia trop. Nous voyons vn million d’ames
affligées pour le contentement d’vn seul. Nous voyons le fer & la faim
en vostre Ville capitale, où vous auez tousiours desiré la Paix & l’abondance.
Nous voyons les mains des freres rougies du sang fraternel, vos
Sujets exposez au fer des Barbares, les enuirons de Paris saccagez, les
femmes violées, les maisons bruslées, les Eglises profanées, les Religieuses
qui fuyent comme des Colombes espouuantées, non plus deuant
Attila, mais deuant vos Estendarts, & deuant vos armes. On ne peut
croire que vostre bonté preside à des Conseils si funestes. Nous sentons & touchons nos playes, & nous ne pouuons encore nous imaginer
qu’elles viennent de vos traits, & qu’elles partent de vostre main. Vostre
Majesté sçait, que le Prophete Roy estant extrémement alteré, ne voulut
pas boire vn verre d’eau qui auoit esté gaigné sur les ennemis, par
le danger & le sang de trois de ses seruiteurs, qui s’estoient exposez pour
l’enleuer. Et qui oseroit penser que V. M. voulust achepter la satisfaction
d’vne de ses volontez, quand elle seroit la plus iuste du monde,
par les calamitez d’vn million d’hommes, & la desolation de tout
vostre Royaume ?   2. Reg.
23. 35. Il est aisé à iuger, que V. M. ayant l’ame si bonne & si Chrestienne,
n’a point de mauuaises intentions : mais que se croyant Depositaire de
l’authorité Royale, qu’elle pense estre blessée, elle a droict de la maintenir
par des exemples d’vne haute seuerité. I’atteste icy le Dieu des
Monarques, que c’est vne illusion d’Estat, de se figurer que l’authorité
du Roy consiste en la rigueur du Gouuernement, & en l’abaissement
des Peuples. C’est le chemin que les violens Fauoris ont pris de tout
temps, pour regner iusques sur leurs Maistres, sous pretexte de seruice.
Ils ont tellement fait valoir cette authorité Royale qu’ils auoient entre
les mains, qu’à force de l’esleuer ils l’ont destruite. Ils ont tout
attribué aux Roys, ils n’ont songé qu’à la teste du corps de l’Estat, &
l’ont enfin renduë si grosse & si monstrueuse, que les pieds ne l’ont pû
supporter : & que fondant sous le poids d’vne grandeur démesurée, ils
l’ont enseuelie dans leur ruïne. On ne voit rien de si ordinaire dans
les Histoires que des Couronnes cassées, & des Sceptres brisez, pour
auoir indignement traicté les Peuples. Ce n’est point vne authorité
Royale que d’aller par tout enuironné de terreurs, que de faire gemir
des Peuples innocens sous le ioug d’vne amere seruitude, que de marcher
sur les ruïnes des Villes fumantes, que de dresser des gibets, que
d’ensanglanter des eschaffauts, & allumer des brasiers, comme ont fait
les Herodes & les Nerons. L’authorité Royale est vn rayon de la face
de Dieu, vne haute estime, vne veneration tres-grande, imprimée dans
le cœur des Peuples, qui vient de la vertu, de la saincte puissance & de
la capacité des Roys : mais sur tout de la bonté & de la clemence, qui
fait que leur Thrône est soustenu par les mains de l’amour des Peuples
enuers eux, plus que par les Armes, par les Regimens & par les Citadelles.
C’est cette vertu, MADAME, que nous auons tousiours reconnuë
en V. M. & dont vous auez ietté les semences dans le cœur de
nostre ieune Roy, pour les faire esclorre sur le Thrône. A Dieu ne plaise que vous gastiez les ouurages de vos mains sur la
fin, & que cette Regence qui a eu tant de benedictions du Ciel, & tant
d’admiration sur la terre, se termine par des exemples d’horreur, & par
des chastimens sur des Magistrats & sur vn Peuple, qui n’ont iamais à
dessein choqué l’authorité du Roy, ny la vostre, & qui la respectent encore
auec toutes les soumissions possibles. Si quelques fautes de precipitation sont eschapées, ne seroit-il pas bien seant à vostre dignité, à
vostre sexe, & aux bienfaits que vous auez receus de Dieu, de les effacer
plustost par misericorde, que les punir par iustice ? MADAME, le Dieu
que vous adorez & que vous deuez representer sur le Thrône, est misericordieux
iusques aux enfers : Et vous voulez chastier sur la terre des
pechez, ou de surprise ou de saillie, qui sont (comme il est croyable) pardonnez
dans le Ciel. Ne craignez point que la clemence rende vostre
Sceptre plus foible. Mais craignez plustost que la rigueur ne le rompe.   A Dieu ne plaise que la passion d’vn cœur irrité, vous fasse exposer le
patrimoine de Charlemagne & de S. Louys, hazarder l’œuure de douze
siecles, & de soixante & quatre Roys, au mespris des Peuples, qui en verroient
les foiblesses, & au pillage des estrangers, qui en enuient la dépoüille.
A Dieu ne plaise que vous leuiez les sacrées barrieres qui maintiennent
les Estats, faisant tenir presque pour perdu, tout ce qu’on a
monstré se pouuoir perdre. Prenez pitié de vous mesme, MADAME, si vous n’auez point compassion
de nous ; prenez pitié du Roy vostre fils ce Dieu donné, à qui
vous deuez plustost laisser l’amour des Peuples en partage, que la vengeance
des iniures d’vn Estranger. Ce n’est point vn petit nombre de factieux
qui causent ces remuemens, comme on pense faire croire à Vostre
Majesté. Les Princes & les Grands ont leué l’estendart, les Parlemens
sont declarez pour le bien public ; les Prouinces sousleuées, & les Villes
armées, les Peuples irritez contre le Gouuernement. Ce n’est point la
main d’vn homme qui fait ces grandes operations, c’est celle de Dieu, qui
vient pour punir nos pechez. Tout vostre Royaume est en feu, & vous
feignez de distiller vne goutte de rosée pour l’esteindre. Sortez, MADAME, de ces confusions d’esprit. R’allumez ces flâmes
eclipsées de vostre charité, que nous auons tant de fois admirée en
V. M. Faites remonter les vertus sur le Thrône auec vous, & reprenez vn
cœur de Mere enuers vos Peuples affligez. Il y a long-temps que Dieu
vous poursuit, & tend à vostre obeyssance les mesmes bras qu’il a estendu
sur la Croix. Ne le mesprisez point, MADAME, & vous souuenez tous
les iours de ce iour redoutable, qui vous fera paroistre deuãt son Thrône,
despoüillée de tous les ornemens de cette fresle gloire qui vous enuironne :
où n’ayant plus que le bien & le mal que vous aurez fait à vos costez ;
faites ce que vous voudriez auoir fait pour lors, & iugez vos Peuples,
comme vous desirez estre iugée de Dieu. Faites vostre merite de l’occasion
presente, pour en faire nos felicitez, & Dieu en fera vostre gloire.

FIN.

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Occurrence 407. Anonyme. AVIS AVX PARISIENS. (1652) chez [s. n.] à Paris , 7 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée. Voir aussi B_14_31. Référence RIM : M0_489 ; cote locale : B_20_47. le 2012-04-13 16:43:22.

AVIS
AVX
PARISIENS. Iouxte la Coppie Imprimée.

M. DC LII. AVIS
AVX PARISIENS MESSIEVRS, La preuue que vous receuez auiourd’huy
de l’affection que Monsieur le Prince à pour
nostre repos est si grande, qu’il aura raison
de vous croire aussi insensibles à vos propres
maux, que mesconnoissants des fatigues &
des peines qu’il prend depuis six mois pour le
public, si vous ne luy tesmoignez dans cette
rencontre les bons desseins que vous auez de
le seconder. Ce grand Prince ayant apris que le Cardinal Mazarin faisoit venir des Trouppes de toutes
parts pour grossir de sorte son Armée, qu’il
peut promptement blocquer Paris, parce
qu’on ne l’y vouloit point receuoir, comme
vous voyez qu’il y marchoit à grands pas, a
estimé qu’il ne pouuoit vous donner des tesmoignages
plus grands de l’amitié qu’il a pour
le Public, qu’en abandonnant toutes ses
plus importantes affaires de Guyenne, pour
venir seconder les bonnes intentions de son
Altesse Royalle, principalement quand il a
consideré que Monsieur le Duc d’Orleans
ne pouuoit abandonner Paris sans danger, il
est d’abord party, courant nuict & iour pour
se venir mettre à la teste de l’Armée que Monsieur
le Duc de Nemours à conduit affin de
s’opposer à ce pernicieux dessein du Cardinal
Mazarin.   Il n’est point necessaire d’exagerer icy toutes
les raisons qui vous doiuent faite contribuer
auec vigueur à la perte de cét Estranger,
vostre propre interest, & la iuste haine que
tous les gens de bien doiuent auoir pour luy,
vous attachent assez fort à suiure les bonnes
intentions que Monsieur le Prince à de vous
deliurer de ce Tyran. C’est le seul motif qui
l’a porté à se hazarder seul pendant vn si l’on chemin, en abandonnant le reste de sa famille,
& la Prouince de Guyenne, à qui il a tant
d’obligation, pour vous venir secourir soubs
les ordres de son Altesse Royalle ; à laquelle
il vient en propre personne soùmettre toutes
les volontez, sçachant bien que tous ses
sentiments sont iustes.   S’il est hors de propos, il ne sera point
inutil d’auertir ceux qui taschent de descrier
dans le Public les intentions de Monsieur
le Prince, qu’il n’a nulle part à tant de libelles
diffamatoire tendant à sedition qui se sont
fait ou a son auantage ou a son nom ; parce
que ses desseins n’estants au, res que de vous
procurer la paix, il croit s’en estre assez esclaircy
par les Lettres qu’il a escrit à Monsieur le
Duc d’Orleans & aux Parlement, qui sont
les seuls pieces que ses amis ont fait Imprimer. Moy en mon particulier, comme bon
Cytoyen, & passionné pour le bien public,
ie vous supplie de vous trouuer ce iour à deux
heures precises de releuée sur le Pont-Neuf
sans autre dessein, que pour aller tesmoigner
à son Altesse Royalle & à Monsieur le Prince,
que tous les gens de bien sont prests de suiure
leurs ordres, pour achueer d’executer ce qu’ils ont commencé auec tant de zelle
contre nostre Tyran ; il n’est plus temps de
balancer, c’est le dernier coup, & le plus fauorable
que la France puisse iamais esperer
pour obtenir sa tranquillité si chacun y veut
contribuer selon son pouuoir, voyant que son
Altesse Royalle n’y espargne ny ses amis, ny
son sang, puis qu’il a exposé Mademoiselle
qui a empesché auec tant de courage que le
Cardinal Mazarin ne soit entré dans Orleans.
Monsieur le Prince expose la mesme chose,
& tous deux ensemble, peuuent vous donner
tout ce que vous pouuez souhaitter, pourueu
que vous les asseuriez de la bonne volonté
que vous auez de vous joindre auec
eux contre nostre Ennemy mortel le Cardinal
Mazarin.   Enfin Messieurs, il ne faut point se flatter,
le mal est à l’extremité, il se rendra incurable
si l’on n’y apporte vn souuerain remede, &
n’y en a point de meilleur que de faire comme
font tous ceux qui veulent bien reüssir,
c’est à dire de chasser tous les suspects sans
lesquels nous n’aurions plus de guerre, & notamment
il faut se donner de garde de nostre
Gouuerneur, qui n’a pas plustost ouy parler
de l’arriuée de Monsieur le Prince à nostre secours, qu’il à voulu faire assembler quelques
Bourgeois qu’il à gaigné par les Festins qu’il
leur a fait, pour s’opposer au bonheur qui
vous arriue par vn resultat de l’Hostel de Ville
conclu par 7. a 8. de ses Factionnaires, cét
horrible dessein eust causé nostre perte entiere
s’il l’eust peu faire reüssir : & il est homme a
en tenter bien d’autres pour faire abandonner
Paris à la discretion du Cardinal Mazarin
son Maistre, si l’on le souffre dans la charge
qu’il possede.  

FIN.

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Occurrence 409. Anonyme. LE TROMPETTE OV HERAVT DV CIEL, Denonçant... (1652) chez [s. n.] à Paris , 23 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_3895 ; cote locale : B_16_38. Texte édité par Site Admin le 2013-04-21 04:19:34.

& n’estes pas
encor dehors par vostre faute. Des-jà par plusieurs rencontres,
entr’autres à Montargis : & cette notable du
Faux-bourg & porte S. Anthoine ne vous a-t’il pas fait
voir que la GLOIRE seule, & vostre bien particulier, &
vostre salut l’a amene icy. N’a t’il pas exposé sa vie pour
vous ? Saint Maigrin le vouloit il espargner, ny ceux de
sa suitte luy tuant deux cheuaux sous luy. Et si Dieu ne
l’eust gardé où en estiez vous tous ? Vos testes n’estoient
elles pas dixmées ? vos femmes & vos filles données à
l’abandon du brutal soldat ; vos Palais & maisons magnifiques
auec vos tresors & despoüilles, & vos Sacrées
Eglises & Autels auec les Sainctes Reliques deuoüées au
pillage des mains prophanes & au feu deuorant. Paris
ne seroit-elle pas à present sans le grand courage de ce
valleureux Prince en mesme estat que s’est veuë iadis la
ville de Lion, qui n’auoit lors en Gaule sa pareille, en
vn monceau de cendres, & que ceux qui l’auoient veuë
le iour precedent ne pouuoient iuger que ce fust le lieu
où elle auoit esté située sinon par ses cendres. Et puis que Dieu vous a fait ce grand bien par son
moyen, est ce la reconnoissance que la plus part de vous luy faites de le maudire luy & les siens. Et si le Duc
d’Orleans eust quitté Paris dés le commencement, encor
qu’il ne fust allé auec la Reine, & si le Prince de
Condé ne fust venu à point pour se trouuer au susdit cõbat,
de vray Paris ne seroit plus, mais vn rien. Paris c’est
à toy à preuenir le mal, & destourner le coup qui va
tomber sur ta teste. Aimes tu mieux que ton argent,
tes maisons, tes meubles, toy & tes familles perissiez
& tombent dans les mains estrangeres ; ainsi qu’il
est arriué à plusieurs places qui se voulans conseruer leur
or & leur argent, & ne s’en voulans seruir pour la defenses
de leurs Citez, d’eux & de leurs concitoyens, sont
peris & perdus auec ce qu’ils cherissoient tant ? D’ailleurs,
vnissez vous mieux que vous n’estes ! Car la desvnion,
aussi bien que la lascheté, & l’auarice sordide ont
perdu plusieurs grandes Villes : Cessez de mesdire de vos
liberateurs ! Priez le Tout-puissant pour eux & pour
vous, & il vous deliurera lors que vous y penserez le
moins. Ne vous fiez aux Estrangers ; car ils parlent à
vous frauduleusement.   Et lors que vous aurez vostre Roy faictes luy paroistre
que vous estes autant ses francs & fideles sujets, comme
vos ennemis luy ont persuadé faussement & malicieusement
que vous ne l’estiez pas. Et le principal de tes
affaires est de t’amender, & vser de charité enuers les
pauures, que le Redempteur du genre humain appelle
ses membres : Aussi Charité couure multitude de pechez. Quant à vous, reste de la France : Vous estes obligez
de pouruoir que le mal n’aille plus auant : Car quand
la teste est malade tout le corps s’en sent. Et lors que la
teste est ostée du corps, il cesse dés le mesme instant d’auoir
vie. Ne vous trompez point, si tous les membres
d’vn corps ne contribuent vnanimement, & volontairement
à la manutention l’vn de l’autre, tous perissent
ensemble : Ce qu’à sçeu fort bien representer jadis vn grand philosophe en l’apologue des membres de l’homme
& du ventre : Et les pieds, les mains, les yeux & autres,
n’ayans voulu contribuer pour ce ventre, le disans
paresseux, & qui seul auoit le plaisir & le profit de la peine
qu’ils auoient tous ensemble, pour luy fournir ce qu’il
aualoit : Ce pauure ventre, & vuide, ne faisant plus ses
fonctions, allengourist tous les autres membres, si qu’en
fin ils perirent tous. Ainsi, aussi si dans les Estats chaque
corps ne contribuë à la manutention d’iceux, ils perissent.
L’Eglise doibt ses prieres à celuy qui gouuerne
tout, & vn peu d’argent pour l’entretenement des justes
armées. Les princes, la Noblesse, & la Iustice, leur Authorité,
leurs espées, & rendre iustice à qui elle est deuë,
& authoriser ce qui de droict est à authoriser. Et le tiers
Estat fournir aux choses qui sont necessaires, pour auoir
moyen de repousser la coniuration, & les coniurateurs
de leurs aduersaires : & ainsi bien vnis ensemble il ne
faudra rien craindre ; mais plustost esperer toutes choses
bonnes & agreables.   L’Empire Romain le plus grand de tous ceux qui
ayent jamais esté, n’est venu à son declin, ny à sa ruine
totale que par les diuisions, & par l’auarice qui l’ont souuent
trauaillé. L’Empire François, quoy qu’il ne soit de si grand
estenduë qu’ont esté plusieurs autres, sçauoir celuy des
Assiriens, des Perses & des Grecs, ou d’Alexandre, ne
verra iamais sa ruine que par la diuision. Ce qui estant
fort bien cogneu par les Estrangers enuieux de la Noblesse
& valeur de cette Nation, ont tousiours commencé
à fin de les vaincre, à les diuiser & des-vnir. Ie finis
icy le commendement qui ma esté faict de celuy qui
m’a enuoyé vers vous tous, par l’exhortation de demeurer
vnis tous ensemble, & vous verrez vos ennemis & de
cet Estat tomber à vos pieds. Adieu.

FIN.

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Occurrence 411. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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