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Rechercher dans le corpus des Mazarinades
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Résultat de votre recherche de l'expression "Salut" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 201. Louis (XIV), De Guénégaud,... . DECLARATION DV ROY, PORTANT QV’A... (1651) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 7 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_931 ; cote locale : D_1_43. Texte édité par Site Admin le 2012-09-15 11:52:03.

1651.

A PARIS,
Par les Imprimeurs & Libraires ordinaires du Roy.

M. DC. LI. Auec Priuilege de sa Majesté. LOVIS par la grace de Dieu
Roy de France & de Nauarre,
A tous presens & à venir, Salut.
Les Gens de nostre Cour de
Parlement de Paris, Apres plusieurs
deliberations sur l’occurrence des affaires
presentes de ce Royaume, nous ayant
fait diuerses instances pour exclurre à l’auenir
de l’entrée de nos Conseils, & administration
de nos affaires, tous Estrangers,
mesme naturalisez, & les Cardinaux quoy
que François ; Novs apres auoir mis la
matiere en deliberation en nostre Conseil,
ayant esgard aux remonstrances des
Gens de nostredite Cour, & faisant consideration
des raisons qui nous ont esté par
eux representées sur ce sujet’ ; DE L’ADVIS
de la Reyne Regente nostre tres-honorée
Dame & Mere, de nostre tres-cher & tres-amé Oncle le Duc d’Orleans, de nostre
tres-cher & tres-amé Cousin le Prince de
Condé, & autres Princes, Dues, Pairs, Officiers
de nostre Couronne, Grands & Notables
personnages de nostre Conseil,
NOVS auons dit & declaré par ces presentes
signées de nostre main, Disons &
declarons, voulons & nous plaist, Qu’à
l’aduenir aucuns Estrangers quoy que naturalisez,
ny ceux de nos subjets qui auront
esté promeus à la dignité de Cardinal,
n’auront plus entrée en nos Conseils,
& ne seront admis à la participation
de nos affaires. SI DONNONS en
mandement à nos amez & feaux les Gens
tenans nostre Cour de Parlement à Paris,
Que ces presentes ils ayent à faire
lire, publier & registrer, pour estre executées
selon leur forme & teneur : CAR
tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit
chose ferme & stable à tousiours, Nous
auons fait mettre nostre seel à cesdites
presentes. DONNE à Paris le dix-huictiéme
iour d’Auril l’an de grace mil six
cens cinquante-vn, & de nostre regne le
huictiéme, Signé LOVIS ; Et sur le reply
est escrit, Par le Roy la Reyne Regente sa
Mere presente, DE GVENEGAVD, & sellées
sur lacs de soye rouge & verte du grand
sceau de cire verte. Et encore sur le reply est
escrit.   Leuës, publiées l’Audiance tenant, & Registrées
au Greffe de la Cour, Oüy ce requerant
le Procureur General du Roy, pour extre executées
selon leur forme & teneur, & coppies
collationnées à l’original enuoyées aux Baillages
& Seneschaussees de ce ressort pour y estre
pareillement leuës, publiées, registrées & executees.
Enjoint aux Substituts du Procureur
General d’y tenir la main & certifier la Cour
auoir ce fait au mois. A Paris en Parlement
le vingtiesme Auril mil six cens cinquante-vn. Signé, GVYET. Extrait des Registres de Parlement. CE IOVR, la Cour toutes les Chambres
assemblées, ayant deliberé sur les Lettres Patentes données à Paris le dix-huictiéme
du present mois & an, signées Lovïs, & sur
le reply, Par le Roy & la Reyne Regente sa
Mere presente DE GVENEGAVD, & scellées
du grand Sceau de cire verte en lacs de
soye ; par lesquelles & pour les causes y contenuës
ledit Seigneur Roy, de l’aduis de ladite
Dame Reyne Regente, de ses tres-chers &
tres-amés Oncle le Duc d’Orleans, & Cousin
le Prince de Condé, & d’autres Princes, Ducs,
Pairs & Officiers de sa Couronne, grands &
notables personnages de son Conseil ; Auroit
dit & declaré, veut & luy plaît, qu’à l’aduenir
aucuns Estrangers, quoy que naturalisez, ny
ceux de ses sujets, qui auront esté promeus à la
dignité de Cardinal, n’auront plus entrée en
ses Conseils, & ne seront admis à la participation
de ses affaires, ainsi que plus au long est
porté par lesdites Lettres à la Cour addressantes ;
Conclusions du Procureur General
du Roy, A ARRESTÉ & ordonné, Que
lesdites Lettres seront leuës, publiées & registrées
au Greffe d’icelle, pour estre executées,
gardées & obseruées selon leur forme
& teneur ; & que coppies collationnées seront
enuoyées aux Baillages, Seneschaussées,
& autres sieges du ressort, pour y estre aussi
registrées & executées à la requeste dudit
Procureur General, & diligence de ses Substituts.
Fait en Parlement le dix-neufiéme Auril
mil six cens cinquante-vn.  

Signé, GVYET. Collationné aux Originaux par moy Conseiller
Secretaire du Roy & de ses Finances.

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Occurrence 203. Amelot, Jacques. HARANGVE FAITE A LA REYNE, AV PALAIS ROYAL,... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 10 pages. Langue : français. Voir aussi C_5_41. Référence RIM : M0_1564 ; cote locale : A_4_25. le 2012-10-28 02:28:48.

HARANGVE
FAITE
A LA REYNE,
AV PALAIS ROYAL,
Le 21. Decemb. 1648.

PAR MR AMELOT PREMIER
President de la Cour des Aydes.

POVR LA REVOCATION
DV TRAITÉ DES TAILLES,
& le soulagement des Officiers, & du Peuple. AVEC
VN RECIT ABBREGÉ
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce sujet.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. HARANGVE FAITE A LA REYNE
par Monsieur le Premier President de la Cour des
Aydes, au Palais Royal le 21. Decemb. 1648.

AVEC VN RECIT ABBREGÉ,
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce suiet. LA Cour des Aydes ayant, entr’autres modifications
apposées à la Declaration derniere, fait defenses à toutes
personnes de faire aucun Traité sur les Tailles, à peine de
Confiscation de corps & de biens, fut mandee le Lundy
21. Decemb. 1648. au Palais Royal, où en presence de la Reyne,
de Monseigneur le Duc d’Orleans, & de plusieurs Ministres & Officiers
de la Couronne, Monsieur le Chancelier par ordre de la Reyne
Regente, dit aux Deputez de la Compagnie, Qu’apres la remise que le
Roy auoit fait à son peuple de l’auis de la Reyne, qui montoit à trentecinq
millions par an, elle attendoit que les Compagnies fac literoient
les leuées du reste pour secourir l’Estat dans la necessité qu’il y auoit
d’entretenir les Troupes, & d’attirer à nous celles qui alloient estre licentiées
en Allemagne, qu’auirement les ennemis en profiteroient à nostre
preiudice, & in pourroient si fort grossir leurs armées, qu’il seroit impossible
de leur resister: Que les deniers des Tailles n’estoient pas vn
argent prest, qu’ils ne seroient perçeus que neuf mois aprés l’imposition, & que si l’on attendoit ce temps-là, l’Estat se trouueroit en peril.
Que le seul remede à cela estoit de faire des Traittez sur les Tailles
comme on auoit fait auparauant, & que pour cét effet la Reyne desiroit
que l’on ostast ces mots de confiscation de corps & biens, inserez
dans la modification.   Sur quoy Mr Amelot, Premier President de la Cour des Aydes,
representa à la Reyne les inconuenients qu’il y auoit de mettre les
Tailles en party, & les autres desordres dont il auoit esté parlé dans
la Compagnie, ce qu’il fit à peu prés en ces termes: MADAME, Entre les auantages qui éleuent les Souuerains au
dessus du commun des hommes, & qui les font approcher de la
Diuinité pour estre sur terre ses plus visibles images, l’vn des
plus considerables est qu’ils font grace, ainsi que Dieu, lors mesme
qu’ils font Iustice. Comme ils ne sont presque reseruez que cette partie bien-faisante
de la Iustice, qui distribuë les recompenses & les faueurs:
quand ils exercent cette distributiõ auec poids & mesure, & qu’ils
font part de leurs bien-faits à ceux qui les meritent le mieux; ils
ne laissent pas de les fauoriser, puis qu’il est vray qu’ils pourroient
ne leur faire pas ces liberalitez dont il les honorent. Ainsi quoy que la remise que V. M. a faite à son peuple soit
vne de ces gratifications, que l’equité & l’interest mesme de l’Estat
vouloit que V. M. ne luy déniast point; Nous luy en rendons
neantmoins nos tres-humbles remerciemens; pource que nous
reconnoissons que c’est enfin vne grace qu’il estoit également en
vos mains de luy accorder, ou de luy refuser. Nous auons bien raison, MADAME, de rendre des graces
eternelles, & à Dieu qui vous a inspiré ce dessein si important & si necessaire au bien de l’Estat, & à V. M. qui a voulu suiure auec
tant de bonté ces diuines inspirations.   Mais quelque grande & cõsiderable que soit à l’égard de V. M.
la décharge qu’il luy a plû octroyer aux suiets du Roy, il arriue
que ceux d’entre le peuple, qui en auoient le plus de besoin,
n’en reçoiuent pas le soulagement qu’ils en attendoient: & si l’on
fait reflexion sur la misere extrême où l’inhumanité des precedentes
exactions auoit reduit tout le monde, on trouuera qu’il
s’en faut beaucoup que cette grace ne soit proportionnée à la foiblesse
& à la misere du peuple; & que le fardeau qui reste, est encor
trop excessif pour ceux qui gemissent soubs sa pesanteur. Nous ne sommes plus au temps qu’il falloit augmenter, par
des descriptions estudiées, les incommoditez publiques & particulieres
pour exciter la compassion: la misere est si extréme & si
generale, qu’il la faut diminuer pour la rendre croyable à ceux
qui ne la voyent pas, ou plustost qu’elle se fait voir iusques à ceux
qui en détournent les yeux, pource qu’elle fait sentir sa rigueur
à ceux mesmes qui semblent en deuoir estre le plus exempts par
les aduantages de leur naissance, & de leur condition. Ce n’est pas sans suiet que la Campagne presque deserte se
décharge dans les Villes, & iusques dans les pays Estrangers, de
la plus grande partie de ses habitans: ce n’est pas volontairement
que tant de pauures gens abandonnent leur labour auec leurs
maisons; C’est la necessité, & vne derniere necessité qui les force
d’oublier l’amour si naturel du pays natal, pour aller demander
leur vie de porte en porte, où ils pensent la pouuoir trouuer. Et ce n’est pas dans le plat pays seulement que regne cette
cruelle necessité: elle a gagné peu à peu les bonnes Villes, si toutefois
il reste encore des Villes qui puissent porter ce nom auec
fondement: le mal est à son extremité, il s’est glissé bien auant
dans cette grande Ville, aussi bien qu’ailleurs; & il n’y a plus personne
qui ne souffre & qui ne se sente bien fort des calamitez publiques,
que ce peu de gens qui les ont causées, & qui en ont profité
aux dépens des autres: Ces gens qui ont aneanty tous
les reuenus publics soubs couleur de les accroistre; qui ont
pillé impunément les particuliers soubs le nom du Prince, & le
Prince mesme soubs pretexte de l’acquitter enuers les particuliers:
Ces marchands d’iniquité, qui font trafic des afflictions
d’autruy, & qui establissent leur fortune sur les fleaux de Dieu, En fin ces Partisans, qui sont les Ennemis irreconciliables de
l’Estat, puis qu’ils ne peuuent trouuer l’auancement de leurs
affaires que dans sa ruine. Ce sont là les seuls qui ont esté exempts
du pesant fardeau, dont ils ont accablé tout le reste.   V. M. peut iuger que la guerison de nos maux n’est encore que
dans l’esperance & dans le souhait des gens de bien, & que l’on
n’a pas coupé la racine des malheurs publics, puisque ces Partisans
sont tousiours les Maistres des Reuenus du Roy, & que l’on
veut mettre en party les Tailles des années à venir. Autrefois nous auions cette consolation dans nos maux qu’ils
n’estoient que temporels & passagers, & que les Edicts ne portoient
que des leuées pour vn temps: Mais à present, c’est vne coûtume
receuë, ou plustost vn abus introduit, de trouuer marchand
qui achepte le fonds de la leuée, & de la conuertir en rente: n’est-ce
pas vne playe immortelle, vn mal tousiours renaissant, & vne
necessité imposée de viure tousiours dans la necessité? Il est vray qu’il semble d’abord que ce malheur ne regarde que
les suiets du Roy, sur lesquels on fait peu de reflexion: mais quand
on pourroit separer les interests du Prince d’auec ceux du peuple;
Vos Maiestez mesmes, pour le seruice desquelles on veut que ces
introductions soiẽt faites, n’en souffrent-elles pas du desaduantage,
& les thresors qu’on leur procure par ces voyes extraordinaires,
leur sont ils profitables? ne parlons point s’ils sont honorables
& glorieux, car il y a long-temps que la necessité l’emporte
sur ces considerations. Mais à n’examiner que l’vtilité mesme du Roy, qui ne sçait ce
qu’emportent les remises, de tous les partis qui se font, & ce qu’en
emportent les prests multipliez à l’infiny, & comme entassez
les vns sur les autres? prests vsuraires, qui estant autrefois les escueils
& les gouffres des biens des particuliers, condamnez si rigoureusement
par les Ordonnances de tous nos Roys; se trouuent
auiourd’huy, non seulement auoir acquis l’impunité, mais
regner dans la fortune sacrée du Prince, & monter sur le throsne
à la ruine de toutes les fortunes particulieres. Outre cette perte, qui est presente pour le Roy, & qui reuient
le plus souuent à plus de la moitié du reuenu total; le preiudice
que ces Traitez apportent aux leuées suiuantes n’est pas imaginable:
il y a autant de difference entre les diligences que les
Receueurs font par deuoir pour le Recouurement des deniers du Roy, & les vexations causées par l’auarice de ces harpies alterées
de sang, qui ne se proposent pour but que leur interest; qu’il y
en a entre l’ordre & le déreiglement, l’equité & l’oppression. Comme
ces gens là font leur Dieu du gain, quelque iniuste qu’il soit;
ils ne se soucient que de trouuer leur compte durant le temps de
leur Traité, & pour cét effet ils pressent le peuple iusques au marc
par des executions violentes, dont les fraiz excedent le plus souuent
de beaucoup la debte principale, sans se mettre en peine si le
Roy en pourra tirer du secours à l’auenir, ou si les taillables seront
reduits à l’impossibilité de continuer les Contributions.   Ainsi on ne peut nier que le Roy ne souffre vn preiudice inestimable
par le moyen de ces fâcheuses inuentions. Mais la plus grande & la plus preiudiciable de toutes ces pertes,
est celle qu’on prise le moins, & que les plus grands & les
plus habiles Monarques ont neantmoins estimée la plus sensible;
C’est le refroidissement de l’amour des peuples. Amour qui est le
Tresor des Tresors, la ressource eternelle & immuable des Roys,
qui ne sont releuez en puissance & en authorité que par le zele
& la fidelité in ébranlable de leurs suiets, puis que c’est cette seule
consideration qui leur fait donner leurs biens, répandre leur sang,
& prodiguer leur vie pour la defence de leur Souuerain. Mais
amour qui ne peut qu’il ne soit notablement diminue par les souffrances
continuelles, & qui semble demander pour les suiets du
Roy à VV. MM. comme vne iuste recompense, la protection de
leurs personnes, & la conseruation des mesmes biens & des
mesmes vies qu’ils leur offrent. Ces considerations, MADAME, & celle de cette bonté
Royale qui reluit dans toutes les actions de V. M. nous font esperer
qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous l’osions supplier
tres-humblement de vouloir encore accroistre le nombre de ses
graces, tant à l’endroict du pauure peuple, que des Officiers
subalternes. Ceux des Elections particulierement, & des Greniers à sel,
sont reduits à tel poinct par les diuerses surcharges dont on les
a accablés, que pour peu qu’on differe leur soulagement, ils ne
seront plus en estat de s’en preualoir: Pour faire cõnoistre à V. M.
la grandeur extrême des oppressions qu’ils ont souffertes, & de la
misere où ils se trouuent par consequent, il suffit de luy dire que
depuis vingt ans le seul Corps des Eleuz a fourny au Roy plus de deux cens millions de compte fait, & que les douze Officiers seulement
du Grenier à sel de Paris, ont payé depuis l’année 1634.
plus de haict cens mil liures dans les coffres de S. M.   Les Officiers des Presidiaux ne sont guiere mieux, & il est difficile
que l’authorité du Roy soit aussi considerable entre leurs
mains qu’il seroit à desirer, tandis que la necessité où ils sont, les
rendra méprisables à ceux qui sont sous leur iurisdiction. On parle de supprimer les Officiers des Traites foraines sans
remboursement; traiter ainsi ces pauures gens, ce n’est guiere
moins que de prononcer vn Arrest de mort contre toutes leur
familles, c’est à dire, contre vn million d’innocens. Ne souffrez pas, MADAME, que soubs vne Regence qui a eu
tant de benedictions du Ciel & de la terre, & qui, si nos vœux
sont exaucez, en aura tous les iours de nouuelles, La France voye
ces cruels spectacles, & souffre ces nouueautez pleines d’horreur,
auec vn peril euident de sa ruine totale. La Compagnie espere qu’il vous plaira mettre fin à ces desordres,
& employer cette charité qui vous est si naturelle à faire
cesser, ou du moins adoucir, la rigueur de ces Monstres de surcharges
si preiudiciable à l’Estat, & dont la défaitte vous apportera
plus de gloire & de benedictions, que les plus signalées victoires
que vos soins nous ayent procurées. Elle espere aussi que
V. M. trouuera bon que ses Arrests demeurent en leur entier,
puis qu’ils ne peuuent estre reuoquez sans faire vn notable tort
au Roy, & au public. Comme il a plû à V. M. donner depuis peu des marques
extraordinaires de sa bonté, en accordant beaucoup de graces
au peuple par les prieres des Compagnies souueraines, nous
croyons qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous la supplions
auec tout le respect que nous deuons, de donner la derniere perfection
à son ouurage; & en ce temps de grace, l’accorder entiere
à tout le monde, s’il est possible. Agreez s’il vous plaist, Madame,
que nous vous demandions auec la reuocation des Traitez des
Tailles, celle de tous les partis, & de tous les Edicts, qui vont à
la foule du peuple, & sur tout de ceux qui n’ont pas esté verifiez
dans vne entiere liberté de suffrages; l’éloignement des Troupes
vers les frontieres, auec la punition de leurs excez, afin de faire
cesser, non seulement les plaintes, mais le soupçon des esprits foibles;
& de plus, la liberté des prisonniers d’Estat, le rappel des absens, & le rétablissement de vos Officiers interdits, en vn mot
l’execution entiere de la derniere Declaration.   Par ce moyen, tout ce qu’il y a de Magistrats & de particuliers
ayans le mesme suiet de benir de plus en plus la douceur de vostre
Gouuernement, seront animez d’vn semblable zele, & tascheront
de concourir auec nous à tout ce qui regardera le seruice
de V. M. Aprés que Monsieur le Premier President eut acheué ce Discours,
Monsieur le Chancelier prit la parole, & dit, Que si l’on
auoit fait de grandes despenses, leur employ paroissoit auantageusement
dans les grandes conquestes qui ont esté faites par les Armes du Roy; &
rapporta entr’autres choses l’exemple d’vn ancien Romain, lequel estant
recherché par ses enuieux de rendre compte des deniers publics dont il
auoit eu le maniment estant general d’armée, creut respondre pertinemment
à la demande qu’on luy faisoit, en disant, qu’il se souuenoit qu’à pareil
iour il auoit gagné vne Victoire sur les ennemis, & en conuiant le
Peuple de monter auec luy au Capitole pour en rendre grace aux Dieux:
Qu’ainsi il estoit necessaire de se seruir de toute sorte de moyens pour resister
aux ennemis de l’Estat, & que la Reine pourroit auoir égard aux
Remonstrances de la Compagnie, & aux Raisons qu’elle venoit de luy
representer contre les Traitez à forfait sur les Tailles: Mais que n’y
ayant point de reuenu plus clair que celuy-là, il estoit pour le moins
necessaire de faire des auances sur les deniers qui en prouiendroient, afin
d’auoir vn fond pour les necessitez vrgentes de l’Estat; que cette maniere
de secourir le Roy, estoit establie depuis long-temps, & auctorisée
mesme par le texte du huictiesme article de la derniere Declaration de
sa Maiesté, & que le desir de la Reine estoit, Que comme la Compagnie
auoit tousiours bien seruy l’Estat, elle expliquast son intention,
& la modification apposée sur cét article, en sorte que ceux qui voudroient
faire quelques auances sur les Tailles, le pussent faire auec seureté,
& sans crainte d’en estre recherchez à l’aduenir. A cela Monsieur le Premier President dit; Que tandis que les Gens
de Guerre continuëroient de commettre impunément toutes sortes de
violences iusques aux portes de Paris, & qu’ils viuroient sur les terres
du Roy comme en pays de Conqueste, ainsi qu’ils faisoient, il n’y auoit
pas lieu d’esperer grand secours du peuple de la Campagne: que les
Tailles & tous les reuenus du Roy en seroient entieremeut ruinez,
& qu’ainsi on ne seroit pas en peine de faire, ny Traité, ny auance
sur les Tailles. Qu’il n’en estoit pas besoin pour l’entretien des gens
de Guerre, puis qu’on leuoit les Estapes, & qu’on pouuoit prendre
l’argent des Receptes pour leur subsistance, au moyen dequoy on les
pourroit tenir en discipline sur les frontieres comme les années precedentes.
Et que la connoissance des Tailles appartenant à la Compagnie,
ils estoient obligez de remonstrer les desordres qui en empeschoient
la leuée. Le Rapport de ce qui s’estoit passé en cette Deputation ayant esté
fait le lendemain à la Cour des Aydes, Monsieur le President Noir,
au nom de la Compagnie, remercia Monsieur le Premier President,
& Messieurs les autres Deputez, de la peine & des soins qu’ils
auoient pris en cette rencontre pour la Compagnie, qui témoigna en
estre fort satisfaite, approuuant les choses qui auoient esté par luy
dites, quoy qu’il n’en eut pas charge expresse de la Compagnie.

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Occurrence 205. Louis (XIV), De Guénégaud,... . DECLARATION DV ROY, PORTANT TRANSLATION DV... (1652) chez Courant (Julien) à Pontoise , 16 pages. Langue : français. Avec privilège.. Référence RIM : M0_942 ; cote locale : B_15_7. le 2012-09-15 15:52:12. les Greffiers Notaires
& Secretaires, Huissiers & Procureurs & autres Officiers
de ladite Cour de se rendre en ladite Ville, les gens de nostre
dite Cour qui s’y trouueront assemblez en puissent commettre
d’autres en leurs places & que ceux des Officiers de nostredite
Cour qui demeureront à Paris soient priuez de tous Gages
anciens & nouueaux auec deffences aux receueurs à peines de
repetition contre eux de payer à autres qu à eux qui seront actuellement
seruans en ladite Ville de Pontoise suiuant l’Estat
qui ensera dressé par le Greffier de nostredite Cour, certifié par
nostre Procureur General : Deffendant cependant tres expressement
tous les mesmes peines à tous nos Officiers des Presidiaux
Sieges Royaux & autres Subalternes, ensemble aux Magistrats
Maires & Eschenins de toutes nos Villes de reconnoistre
ny receuoir aucuns ordres venans de nostredite Ville de
Paris tant de la part desdits Duc d’Orleans & Prince de Condé
que des officiers de nostredit Parlement qui y seront demeurez
contre nostre volonté. Si Donnons en mãdement à nos amez &
feaux les Presidents & Conseillers de nostre Parlement estant
de present en nostredite Ville de Paris qu’ils ayent à cesser
toutes deliberatious apres la lecture des presentes, & a se rendre
incessamment prés de nostre personne en nostre Ville de
Pontoise, por y estre les presentes leuës, publiéez en nostre
presence & registrés par ceux des Presidens & Conseillers de
nostredicte Cour qui s’y trouueront assemblez, pour estre le
contenu en icelles executé selon leur forme & teneur : Enioignons
à nostre Procureur General de faire pour l’execution de
nostre volonté toutes les pour suittes & diligences necessaires.
CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR : En tesmoin dequoy
nous auons fait mettre nostre Seel à ces presentes. DONNE
à Pontiseile dernier iour de Iuillet, l’an de Grace 1652, & de
nostre Regne le dixiesme. Signé LOVIS, & plus bas par le
Roy, DE GVENEGAVD. Et Scellé du grand Sceau de Cire
Iaune sur double queuë.   Ce jourd’huy 6, du mois d’Aoust 1652. Le ROY estant dans
son Chasteau de Pontoise, les presentés Lettres ont esté leuës & publées
de l’Ordonnance de sa Majesté Lettres ont esté : En sa presence, celle de la
Reyne sa Mere, des Prince, Ducs, Pairs Officiers de sa Couronne,
& autres Grands & notables personnages de son Conseil : Et des
Presidens & Conseillers de sa Cour de Parlement de Paris tranferée
à Pontoise mandez pour cét effect : Moy Conseiller de sa Majesté
en son Conseil d’Estat, & secretaire de ses commandement
present. DE GVENEGAVD. Aujourd’huy septiesme iour d’Aoust 1652. la presente declaration
& Translation du Parlement de Paris à Pontoise à esté registrée
au Greffe dudit Parlement. Tenu à Pontoise les Chambres
Assemblées suiuant l’Arrest de ce iour. Extraict des Registres de Parlement. CE iour la Cour les Chambres Assemblées, le Procureur
General du Roy est entré en la Cour, & à porte les Lettres
Pattentes du Roy en forme de Declaration, Signée
LOVIS, & plus bas par le Roy de GVENEGAVD, & Scelle de
Cire Iaune en double queuẽ. VEV lesdites Lettres par lesquelles
& pour les considerations y contenuẽs SA MAIESTÉ de l’aduis
de son Conseil à declaré & declare toutes les deliberations
& resolutions prises dans la ville de Paris, tant en sa Cour de
Parlement qu’ẽ l’Hostel de ville depuis l’Arrest de ladite Cour
du premier dudit mois de Iuillet, ensemble celles qui pourroiẽt
estre prises cy-apres nul & de nul effect, & comme telles les
à cassées & reuocquees, casse & reuocque particulierement les
pretendus Arrests des 20. & 24. dudit mois, la pretenduë Eslection. d’vn Preuost des Marchands : ensemble les pouuoirs donnez
au Sieur Duc d’Orleans & au Prince de Condé, & tout ce
qui s’en est ensuiuy, comme ayant le tout esté fait & entrepris
par vn attentat scandaleux & d’vn tres pernicieux exẽple par
gens sans liberté & sans pouuoir, dont la pluspart ont esté forcez
contre leur propre sentiment & leur deuoir, d’executer les
ordres & la volonté des Rebelles : & d’autant que l’auctorité
violente qu’ils ont vsurpée dans sadite Ville, n’a laissé aucune
liberté à son Parlement. Ledit Seigneur à transferé & transfere
sadite Cour de Parlement de Paris en sa Ville de Pontoise,
Où, sa MAIESTE Veut & entend, que tous les Presidens,
Conseillers, ses Aduocats & Procureur General, Greffiers, Notaires
& Secretaires, Huissiers, Aduocats, Procureurs & autres
Officiers & supports d’icelle, ayent à s’y rendre incessamment
pour y faire la fonction de leurs charges & y rendre la Iustice à
ses Sujets, auec le mesme pouuoir, Iurisdiction & authorité
qu’ils faisoient auparauant dans sadite Ville de Paris, & cepẽdant
iusques à ce qu’ils ayent satisfait à son commandement,
ledit Seigneur leur interdit toutes fonctions & exercices de
leursdites charges à peine de faux, & d’estre procedé contre
ceux qui auront refusé d’obeyr, comme contre des rebelles &
desobeyssans selon la rigueur de ses Ordonnances. A fait & fait
tres expresses inhibitions & deffenses à tous ses subjets de
quelque qualite & condition qu’ils soient de se pouruoir à l’auenir
pardeuant eux ny ailleurs que par deuant les gens de la
dite Cour qui se trouueron, assemblez en ladite Ville de Pontoise,
le tout à peine de nullité des iugemẽs & de desobeyssance :
Et d’estre les contreuenans declarez Criminels de leze Majesté,
VEVT & entend qu’en cas de refus par les Greffiers Notaires
& Secretaires, Huissiers, Procureurs & autres Officiers
de ladite Cour, de se rendre en ladite ville. Les gens de sadite
Cour qui s’y troueront assemblez en puissent commettre d’autres
en leurs propres places, & que ceux des Officiers de sadite
Cour qui demeureront à Paris seront priuéz de tous gages an
tiens & nouueaux. Auec deffenses aux Receueurs a peine de repetition
contr’eux, de payer à autre qu’à ceux qui seront actuellement
seruans en ladite ville de Pontoise, suiuant l’Estat
qui en sera dressé par le Greffier de sadite Cour, certifié par
nous. Deffendant cependant tres expressement sous les mesmes
peines à tous ses Officiers des Presidiaux, Sieges Royaux
& autres subalternes : Ensemble aux Magistrats, Maires & Escheuins
de toutes ses Villes, & de reconnoistre ny receuoir aucuns
Ordres de sadite ville de Paris, tant de la part dudit Duc
d’Orleans & Prince de Condé que des Officiers de sondit Parlement
qui y seront demeurez contre sa volonté, auec inionction
aux Presidens & Conseillers de son Parlement estant de
present en sadite ville de Paris, qu’ils ayent à cesser toutes deliberations
apres la lecture desdites Lettres, & à se rendre incessamment
pres de sa personne en sa ville de Pontoise, pour y estre
lesdites Lettres leuës & publiées en sa presence, & Registrée
par ceux des Presidents & Conseillers de sadite Cour qui
s’y trouueront assemblez, pour estre le contenu en icelles executé
selon sa forme & teneur : Ainsi que plus au long est porté
par lesdites Lettres : VEV aussi l’acte de la lecture & publication
faite desdites Lettres daas le Chasteau de Pontoise. En presẽce
du Roy de la Reyne, des Princes, Ducs, pairs & autres Officiers
& notables personnages de son Royaume, & des sieurs Presidens
& Conseillers de ladite Cour de Parlement de paris, transferé
a Ponthoise mandez pour cét effect, le 6. du present mois
d’Aoust 1652. Signe DE GVENEGAVD, Couclusions du Procureur
General du Roy, Tout consideré, LADITE COVR à Ordonné
& Ordonne que lesdites Lettres serõt Registrées an Greffe
de ladite Cour & coppie d’icelles auec le present Arrest enuoyez
en tous les Bailliages Seneschaussées & sieges Royaux de
ce ressort, pour y estre leuës, publiés, Registrées & executées
selon leur forme & teneur, dont les Substitus du procureur General
du Roy seront tenus d’en certifier la Cour au mois : Enjoinct
aux Greffiers de faire apporter les Registres necessaires,
procedures procez & productions des parties auec inhibitions
& deffences à tous Huissiers & Sergens de donner aucune assignation
au Parlement ailleurs qu’en cette ville de Pontoise sur
peine de faux nullité de leurs exploits, priuation de leurs Offices
& de tous despens dommages & interets, & aux parties de
comparoir ailleurs sur les mesme peine, & d’estre declarez rebelles
& Criminels de Leze Majesté, & qu’il sera donné aduis
du present Arrest aux autres Parlemens, & enuoyé autant de ladite
Declaration & Translation Fait en Parlement les Chambres
Assembées, tenu à Pontoise le 7. iour d’Aoust 1652.  

Signé, RADIGVES.

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Occurrence 207. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 209. M. L.. DISCOVRS ET CONSIDERATIONS Politiques &... (1650) chez Martin (Sébastien) à Paris , 31 pages. Langue : français. Voir aussi D_2_36. Référence RIM : M0_1120 ; cote locale : A_9_12. le 2012-10-01 14:12:42. iction d’Ouide, qui n’ayant plus rien à manger
se mangeoit & se rongeoit soy-mesme. Ce grand vainqueur
qui sousmit l’Asie à la Grece quand il souhaitoit vn
autre monde pour le conquerir n’auoit-il pas les mouuemens de cet enragé? comme il n’y auoit point dequoy contenter
ses desirs insatiables, ils se reflechissoient en luy-mesme, &
luy-mesme estoit la proye de ces auides violens. Luy-mesme
estoit le champ où ils exerçoient leurs rauages, & le monde
qu’ils pilloient & qu’il déchiroient à faute de celuy qu’ils
auoient souhaité.   Le Prince de Condé n’en estoit pas si tost reduit à cette
disete: Ses desirs auoient encores beaucoup à s’estendre, &
son ambition voyoit encores beaucoup à esperer: Aussi ne
demeuroit-il pas en si beau chemin. Il s’aduançoit le plus
qu’il luy estoit possible du costé de ses esperances. La deuise
de ses desseins estoit, PLVS OVTRE, & il ne sçauoit point
celle de Louys le debonnaire, RIEN DE PLVS. Quoy qu’il
fut Prince, la qualité de sujet luy sembloit vn trop bas estage,
& quoy qu’il fut quasi le premier dans l’Estat, il luy faschoit
d’auoir vne puissance dependante; son pouuoir ne luy plaisoit
pas, parce qu’il n’estoit pas Souuerain. C’est vne tres-dangereuse facilité dans tous les Estats &
dans toutes les Republiques, de laisser venir les particuliers
à vn si haut degré de richesse & de puissance, que leurs de sirs
qui iamais ne meurent, ne puissent plus auoir que la souueraineté
pour objet. La Republique de Venise s’est quelquefois
veuë si proche de sa ruine par cette indulgence, qu’autre
chose ne l’en a garentie que la puissance qui détermine la durée
des Estats, & leur reuolution. Tout le monde sçait que
cette Monarchie n’a changé de familles, que par ce moyen,
& que la grandeur & la puissance aussi bien que le merite de
Pepin & de Hugues Capet les eleua à la souueraineté. Il ne
faut pas que le Prince verse ses graces auec tant de profusion,
qu’il luy en puisse arriuer du mal. Les bien-faits ont leurs
bornes & leurs regles, & la prudence de celuy qui donne
doit faire des loix à sa liberalité Cette vertu qui est vne vertu
Royale, ne doit pas participer du vice vers lequel elle panche,
il vaudroit mieux qu’elle panchast du costé de celuy qu’elle
fuit. Et comme la principale gloire d’vn Roy est de conseruer
la tranquilité de dans son Royaume, il seroit plus necessaire qu’il touchast vn peu à l’auarice qui tend à la conseruation,
que non pas à la prodigalité qui ne fait que tout dissiper.   Ie sçay bien qu’on peut m’alleguer que dedans vn Estat
plusieurs attendent les graces du Prince, & que qui n’en contente
pas vn, attire la haine de tout le monde. Qu’au moins
il faut en satisfaire quelques-vns pour ne les apprehender pas
tous. Que ceux que l’on met dedans la faueur sont obligez
pour la conseruer, de se tenir dedans leur deuoir; & que ceux
qui n’ont rien obtenu sont contraints de viure dans leur impuissance.
Il me semble toutesfois qu’il vaudroit bien mieux
que tous fussent également traittez, que quelques-vns mal
contens: Personne de cette façon ne pouuant se plaindre,
personne aussi ne pourroit rien attenter. Car enfin ceux que la
faueur met au suprême degré, n’entreprennent rien contre
l’Estat, que parce qu’ils s’estiment assez puissants: Or ils ne
peuuent estre assez puissans sans estre secondez, ny secondez
que des mal-contens; Cette maxime doncques d’en fauoriser
quelques-vns, & non pas tous, est dangereuse des deux
costez, & donne à craindre, & celuy qui est en faueur, & celuy
qui est en mespris. Ce n’est pas que ie tienne qu’il ne faille
rien donner à personne. Vn Roy ne peut pas tout seul agir
dans les diuerses parties de son Estat. Le Soleil mesme ne
communique pas sa lumiere sans le secours d’vn estre moyen
entre luy, & la surface des choses qu’il esclaire. Il faut donc
qu’il donne les charges de son Royaume à quelques-vns de
ses sujets, & qu’il communique sa puissance pour la rendre
plus absoluë. Mais aussi il faut qu’il dispence ses faueurs auec
echonomie, & qu’il n’enrichisse point vn seul de ce qui peut
enrichir plusieurs. Cette maxime n’ayant point esté obseruée
en la fortune du Prince de Condé, à quel degré de puissance
& d’authorité n’est-elle point montée. Toutes choses dans
cét Estat dépendoient de luy plus que de la volonté de la Reine
Regente: La differance des heureux & des malheureux,
ne se faisoit que par ses amis & ses ennemis: Sa faueur estoit
toute celle qu’on pouuoit pretendre, & sa disgrace toute
celle qu’on deuoit redouter. Cependant en faisant trembler les vns, il flattoit les autres; & comme on le craignoit
beaucoup, ceux-là s’estimoient trop heureux qui pouuoient
estre de ses amis. Sa maxime estoit d’intimider tout
le monde, pour oster le cœur à ceux qui pourroient s’opposer
à ses desseins. C’est cette pensée qui luy a fait affecter la
fureur de dans les combats. Il a de valeur, mais il en a multiplié
les apparences dans les occasions où il a creu qu’elle deuoit
le plus paroistre, & où elle pouuoit, le mieux seruir: &
quoy que cette valeur affectée ne soit pas celle qui vient de
la bonne source, il ne s’est pas soucié de son origine, pourueu
que les suittes & les succez en fussent heureux. Et de fait
comme la fortune ordinairement fauorise la hardiesse, &
qu’il y a bien plus de temeraires que de timides qui reüsissent
dans leurs desseins; sa fougue a remporté des victoires que la
prudence auroit refusées, à cause du risque qu’il y auoit à les
remporter. Il a esté tousiours de ces vainqueurs, que les Romains
& que les Grecs punissoient au retour de leurs victoires,
parce quelles estoient plustost arrachées par impetuosité
que par jugement; & ses aduantages ont tousiours esté si
cherement acheptez, & ont cousté de si bon sang à la France,
que nous pouuons dire d’eux, ce que Pyrrhus disoit à quelqu’vn
de ces amis qui se réjouïssoit d’vne victoire qu’il auoit
remportée sur les Romains; nous sommes perdus si nous vainquons
encores vne fois de cette façon.   Cependant de si beaux succez en vn si bas âge ont estonné
la pluspart des esprits. D’abord il nous ont donné de l’amour
parce qu’ils ne découuroient rien que de beau, & nous
ne pouuions considerer vn si ieune & si grand vainqueur sans
le cherir infiniment. De cette sorte il s’est estably vn empire
sur nos esprits, que la pluspart de ceux qui a voulu flatter
luy ont conserué. Mais comme peut-estre il a vû qu’vne
trop generale approbation pourroit donner à son Prince de
la jalousie, qui le perdroit & qui renuerseroit tous ses desseins,
il ne s’est pas soucié que tout le monde l’aimast pourueu
que tout le monde le craignit. Il a donc voulu employer tout
ce qu’il auoit de redoutable à se faire craindre, & ayant découuert tout ce qu’il auoit de vicieux pour se faire haïr, il n’a
pas creu qu’on le deust soubçonner de rien.   Et certes, il faut auoir bien interieurement penetré dedans
ses pensées, & auoir des intelligences & des soubçons
bien raffinez pour auoir découuert la fin de moyens qui en
semblent si fort esloignez. Il est à mon aduis bien plus facile
à vn ignorant de dire que le Soleil n’est pas chaud & que l’air
est humide, qu’à vn mediocrement habile homme de penser
que le Prince de Condé se voulust faire ***. Les cruautez
qu’il exerça l’année passée aux enuirons de cette grande ville:
Les violences & les rauages estranges que souffrit par ces
ordres toute la campagne circonuoisine; La fureur qu’il témoigna
contre les Parisiens; l’orgueil qu’auparauant & du
depuis il a tousiours montré dans les assemblées Souueraines,
& le mespris de tout le monde excepté de ses partisans:
toutes ces choses qui luy ont aquis vne haine du peuple irreconciliable,
pouuoiẽt bien ce me semble esblouïr les yeux des
plus clair-voyans. Il est vray que d’vn autre costé il se faisoit
de puissans amis. Il auoit des Partisans, qui outre leurs interests
qui les attachoient inuiolablement à son seruice, luy faisoient
le serment de fidelité. Tout estoit prest, l’argent, les
forces & les Places. Il n’auoit plus qu’à ce mettre en campagne
& à former vn corps de toutes ses trouppes. Vne infinité
de gens ruinez & peut-estre par son moyen se seroient jettez
de son costé, & comme la pluspart de ceux qui portent les
armes le font plus pour auoir la liberté de pilier que de trouuer
les occasions de combatre, luy qui permettoit à sa milice
toute sorte d’insolence, n’auroit pas manqué de trouuer
assez d’insolens. La nouueauté d’ailleurs de l’amour indiscret
de laquelle toutes les autres Nations condamnent la Françoise,
n’auroit seduit en sa faueur que trop d’inconstans. Outre
que la reputation de sa valeur qui n’est pas morte auec
celle de sa gloire n’auroit pas manqué d’attirer quelques-vns
de ces vaillans, qui sans considerer si la cause est bonne ou
mauuaise, suiuent moins la iustice que leur inclination. Lettre du
Roy au
Parlemẽt
page.?. Cependant toute la France n’eust pas esté criminelle pour fauoriser l’ambition d’vn homme; il eust tousiours resté parmy
tant de lasches des courages dignes de la gloire de leur
Patrie, & de l’affection de leur Souuerain. Le Prince de Condé
dans ses mauuais desseins n’eust pas rencontré toute la facilité
qu’il s’estoit imaginée, il eust eu bon besoin de toute
cette valeur feinte ou veritable, dont il a desia donné tant de
grandes preuues. Nous sçauons bien qu’il pouuoit auoir
d’experimentez Partisans, mais il est indubitable qu’vne genereuse
fidelité vaut bien vne longue experience. On ne
craint pas tant de perdre la vie quand on la pert pour vne
bonne cause, & la justice des combats si elle n’est bien soustenuë
du costé de la terre, ne manque pas de l’estre de celuy
du Ciel.   Que n’eussions nous donc pas fait contre vn ennemy si redoutable,
& que n’eust-il pas fait aussi contre nous? Nous
nous fussions couppez la gorge les vns aux autres. Nous eussions
fait vn nombre infiny de fratricides & de parricides.
Nous eussions deschiré nos propres entrailles, & nous nous
fussions abandonnez foibles & demy vaincus par nostre propre
rage aux mains de nos naturels ennemis. C’est ordinairement le fruict des guerres ciuiles que la
perte des vainqueurs & des vaincus tout à la fois. Le party le
plus foible appellant au secours les forces estrangeres est luy-mesme
le prix du secours qu’il a demandé. De cette sorte
l’ambition du Prince de Condé au lieu de regner nous alloit
assujettir à la tyrannie Espagnole; & ie ne doute point que
les Espagnols ne s’eloignassent de la Paix pour attendre l’issuë
de la guerre dont elle nous menaçoit. Ils estoient preparez à venir dans l’obscurité de nos troubles,
desrober ce que nos guerriers leur ont osté de iour, à
l’esclat de leurs armes, & à la pointe de leurs espées. C’est
vne maxime chez ces ennemis de faire le plus qui se peut de
conquestes de cette nature. Elles coustẽt moins & sont moins
tardiues; Les trauaux, les fraits ny les dangers ny sont pas si
grands. Ajax reprochoit autrefois cette sorte de victoire à
Vlixe, il disoit que cela ne s’appelloit pas vaincre mais que c’estoit plustost trahir & dérober. Auiourd’huy la milice n’est
pas si scrupuleuse, & l’on n’oste point les surprises du rang des
bonnes actions. Les Espagnols sur tous en aiment la methode
& ne se soucient pas encores qu’il y ait vn peu plus de Renard
que de Lion. Leur dessein de Monarchie vniuerselle est plustost
fondé sur l’adresse des conseils, que sur la puissance des
armes; & ils trouuent beaucoup meilleur de vaincre par raison
que par fureur. Si tost qu’ils nous auroient veus les armes
à la main les vns contre les autres, ils auroient argumenté
contre nos frontiers & leur auroient prouué sans doute qu’elles
auroient mieux esté entre leurs mains, qui sont pacifiques,
que dans les nostres qui sont violentes; Delà, ils auroient
passé iusques au cœur de l’Estat & nous auroient obligez les
vns ou les autres par toutes sortes de bonnes raisons de nous
seruir du secours de leurs forces: & enfin, victorieux ou vaincus
ils nous auroient persuadez que leur domination est aussi
douce que nulle autre, & qu’elle est bien plus sage & biẽ plus
auisée que celle qui nous laisse ainsi déchirer. Il n’y a pas plus
d’vn an que nous auons vû sur l’esperance d’vn simple mouuement
populaire l’Archiduc Leopold faire l’agreable Rethoriciẽ
pour nous persuader de nous seruir de ses forces qu’il auoit
aduancées sur la frontiere. Nous nous souuenons de la ligue,
nous sçauons ce que sçait faire l’adresse & la violence Espagnole,
& nous auons toute sorte de sujet de rendre grace
au Ciel, qui nous a deliurez de ces impitoyables mains.   Car, enfin, il est renuersé, ce ieune audacieux, qui nous
alloit faire courir des fortunes si espouuentables; & ce foudre
apres auoir long-temps murmuré dans la nuë est tombé.
Du plus haut faiste de la faueur le voila precipité dedans la
disgrace. Celuy qui pretendoit de libres que nous sommes
nous rendre esclaues de ses passions, est luy mesme attrapé
dans son propre piege. Il esprouue auiourd’huy combien
estoit vaine & fragile la puissance sur laquelle il appuyoit ses
hautes entreprises; il voit combien elle estoit foible parce
qu’elle estoit iniuste: & combien celle du Souuerain est forte
parce qu’elle est legitime. Il comprend qu’elle est comme vn Astre duquel les bons ou les mauuais regards, font les bonnes
& les mauuaises destinées. Si peu qu’il ait soufflé dessus
ses desseins ils se sont esuanoüys: ce vent Royal a chassé d’autour
de luy toute cette poussiere de Courtisans & de Flatteurs
qui ne s’vnissent iamais à personne que par contiguïté
d’interests, & non pas par continuité d’affections. De ce
grand monde de puissans amis, on n’en voit pas vn qui se declare.
Ceux qui s’aduoüoient siens auparauant auec chaleur,
le renoncent à present auec allegresse. Tout le monde l’a
quitté en cet affront de sa mauuaise fortune, & il semble
qu’en se faisant iustice il se soit aussi abandonné soy-mesme,
puis qu’il n’a pas fait vne action ny dit vne parole qui sentit
le cœur qui formoit les grands desseins qui l’ont accablé.   Le voila donc tout seul, & SOVVERAIN, s’il peut, sur
soy-mesme: car pour d’autres sujets il n’en a point. Ceux qui
l’ont adoré le mesprisent à cette heure, & tel le flattoit auparauant,
qui se rit de son mauuais sort. Telle est l’affection de
ceux qui n’adorent que la Fortune, & qui la suiuent aueuglement
sans se soucier de la Vertu. Ils abandonnent tous ceux
qu’elle abandonne, & font la cour à tous ceux qu’elle veut
fauoriser: tous contraires à l’ombre qui ne s’attache qu’à la
partie du corps que le Soleil mesprise, il ne recherchent
que ceux que cette aueugle Deesse cherist. On ne voit à
la Cour autre chose que cette inconstance; & comme c’est
vn theatre où la disgrace & la faueur changent continüellement
de place, ces faux amis sont en vn perpetuel mouuement. Ie ne les blasme pas toutesfois pour ne suiure personne à
la Bastille, & au bois de Vincennes, ny de cœur, ny corps.
Ie ne croy pas qu’il faille accompagner les criminels de leze-Majesté.
Quelque genereuse que soit l’amitié que nous portions
à ceux qu’ont noircis de tels crimes, il faut les plaindre,
mais il faut les abandonner. Le premier amour & le plus legitime
que nous puissions auoir apres celuy de Dieu, c’est celuy
du Roy & de la Patrie. Nous ne deuons aymer nos amïs,
que parce qu’ils sont vertueux: Or ils ne peuuent se venter de l’estre alors qu’ils attentent contre l’Estat: & quant mesmes
il pourroit estre, que dans vn si grand attentat leur vertu
demeurast toute entiere, nous serions encores obligez
de preferer le premier amour au second, & celuy de la patrie
à celuy de nos amis. Les peres mesmes doiuent abandonner
leur enfans en ce rencontre, & rejetter genereusement toutes
les tendresses de la nature, pour conseruer l’affection du
pays dans sa pureté. S’ils ont tousiours preferé son salut à
leur propre vie, pourront-ils souffrir que des fils ingrats qu’ils
n’ont mis au monde que pour le deffendre, fassent leur efforts
pour le ruiner. Brutus le Liberateur de Rome & l’exterminateur
des Tarquins, ne peust pardonner aux siens coupables
d’vn semblable crime, & parce qu’ils auoient conspiré le retour
du Tyran qu’il venoit de chasser, & qu’ils attentoient
à mettre encores le peuple sous sa tyrannie, luy mesme sans
vouloir se souuenir qu’il estoit leur pere, voulut estre leur
juge, & les condamna à la mort, qu’ils souffrirent à ses propres
yeux. Oseray-ie dire que les enfans ne doiuent pas auoir
de plus forts attachemens pour leurs peres? Ie ne veux pas
entrer plus auant dedans ce probleme. Si est ce toutesfois
que le Mareschal de Biron en vn rencontre où son pere auoit
espargné les ennemis, ne craignit point de dire que s’il eust
esté Roy il luy eust fait trancher la teste. Si est-ce toutesfois
que la Patrie est nostre premiere mere; & que c’est en elle
que nous auons esté engendrez potentiellement long-temps
auparauant que nous le fussions en acte; puis que ceux-là
mesmes sont en elle, desquels nous naissons, & qui nous
donnent les principes de la vie. Si doncques la patrie est nostre
premiere mere, pourquoy ne luy conseruerions-nous
pas nostre premier amour, & pourquoy ne la prefererions
nous à tous nos parens.   Il n’y a donc point de tendresse ny d’amitié que doiue attendre
le Prince de Condé dans la nature de son infortune.
Il s’est priué de ce qu’il y a de plus doux dans la vie pour auoir
voulu pretendre à ce qu’il y a de plus brillant. En quel estat
est à present ce cœur trop ambitieux, & trop superbe, puis que dans vn si grand malheur, ayant plus besoin de moderation
que d’impetuosité, son naturel le porte plus à la fougue
qu’à la patience. C’est en ce rencontre, ou s’il a du
courage, il doit paroistre. Il n’a rien fait encores pour sa
gloire d’auoir vaincu les ennemis, s’il n’est le maistre de soy-mesme;
on le liure mesme tout enchaisné à sa raison, on
le tient, on luy oste la liberté de mal-faire, il ne luy doit pas
estre difficile de se vaincre, & d’en perdre la punissable volonté.
Qu’il desploye toute la grandeur de son ame, & que
dans sa prison il liure vn combat à ses passions plus difficile
que tous ceux qu’il a iamais faits à la campagne. Que malgré
ceux qui luy ont osté la liberté de se seruir de son espée, il
commence à remporter sur ses propres vices de nouuelles sortes
de victoires.   Si sa prison luy peut valoir vn si grand aduantage, qu’elle
luy est heureuse! & qu’il doit benir sa captiuité s’il y rencontre
la vertu! il n’a que faire de souhaiter la liberté s’il trouue
dedans la solitude de ses fers, vne si souhaitable compagnie.
Elle luy vaut plus que toutes les delices de la Cour, que toutes
ses pompes & toutes ses richesses, & que la possession mesme
de toute la terre. N’est-ce pas elle qui nous apprend à viure
naturellement pour estre heureux, c’est à dire, comme la
fort bien entendu Epicure, à se passer des choses qui sont
naturellement necessaires à la vie, & à faire vn digne & genereux
mespris des superfluës? il a tout ce qu’il luy faut pour
estre satisfait, s’il est Philosophe & s’il veut faire profession
de sagesse. Que luy manque t’il dedans sa prison qui l’empesche
d’estre le plus contant de tous les hommes? sont-ce des
biens? il en a assez pourueu qu’il n’en souhaite pas dauantage.
Sont-ce les honneurs? il est bien malheureux s’il les souhaite,
& il a bien mauuaise memoire s’il ne se souuient combien
leur nature est fragile, & comment tout ce qu’il en auoit
acquis en sa vie s’est esuanoüy dedans vn moment Quoy
donc, sont-ce les delices qui luy manquent? il ne s’en plaindra
pas s’il sçait qu’il n’y en a point d’autres pour le corps que
de contenter modestement ses appetits, & non pas les affliger par des excez de débauches dont ils sont moins satisfaits
que rebutez. Pour l’esprit, puis qu’il possede en soy-mesme
ses propres richesses, il ne peut pas estre priué de ses
delices. Ie sçay bien qu’il luy reste encore à se plaindre de la
perte de la liberté, mais la veritable liberté ne dépend rien
que du courage, elle n’a point son siege dans le corps, sa residence
est dedans l’esprit. Ces genereux Romains qui l’estimoient
au delà de la vie, & qui n’apprehendoient pas de
tout faire pour la conseruer, ne sçauoient ce que c’estoit de
la perdre, encores qu’ils fussent dans les chaisnes de leurs ennemis.
Seuole le fit comprendre à Porsene Roy d’Etrurie,
quand il luy fit leuer le siege de Rome par l’estonnante hardiesse
d’vne action qu’il fit en sa presence, & d’vn discours
qu’il fit à sa personne tout prisonnier & tout captif qu’il
estoit. Cesar mesme qui n’estoit pas vn mauuais rejeton de
cette ancienne souche, estant tombé entre les mains des Pyrates,
les menaçoit de les faire pendre quand ils interrompoient
son repos, & sans penser a estre prisonnier, d’vne ame
toute libre il parloit en maistre à ses geoliers, & traittoit
ses tyrans d’esclaues.   Le Prince de Condé peut donc estre entierement heureux
dedans sa prison, s’il à le courage de vouloir l’estre.
Mais qu’il est à craindre qu’il manque de cette grande force
d’esprit, qui s’assujettissant toute chose, ne ressent point
les reuers de la fortune, parce que la fortune mesme dépend
de son authorité. Qu’il est à craindre, que luy-mesme
dépende de la fortune, & qu’il ressente sa disgrace
auec tous les desplaisirs & toutes les foiblesses d’vne ame
qui manque de ses propres tresors. Qu’il est eloigné de
l’admirable constance que le Sage Socrate tesmoigna dedans
sa prison, & qu’il se liure bien plustost à la violente fureur de
Coriolanus Romain, & du Grec Alcibiades, lesquels banis
de leur pays, en prirent vne cruelle vengeance. S’il pouuoit
sortir de ses fers, que ne feroit-il point pour nous y mettre?
quelles rigueurs n’exerceroit-il pas contre nous, s’il auoit aussi
bien que la volonté la puissance de nous mal-faire. Cependant sa colere voyant ses objets hors de sa puissance,
s’exerce & se passe sur tout ce qui se presente à elle. Elle
maudist les murs qui la renferment & les grilles qui la retiennent;
Elle s’en prend à ses Gardes & vomit contre le Ciel
encores trop doux à ses crimes, tout ce que la rage impuissante
peut mettre d’horrible & d’affreux dedans des paroles.
Mais, les murs, les grilles, les Gardes & les Cieux sont
sourds à ses imprecations, ou s’ils ont des oreilles pour les
entendre, c’est plustost pour les condamner que pour les
plaindre. Qu’il ne s’imagine pas que les menaces de ses paroles
effrayent personne & qu’on le doiue laisser sortir par
crainte; On se mocque d’vn ennemy furieux quand il est
deuenu impuissant. Les petits enfans mesmes n’ont pas de
peur des Lions qui sont à la chaisne: ils les regardent auec
plaisir en cet estat parce qu’ils ne font plus de terreur. Le Prince de Condé est au peuple auiourd’huy vn objet de
cette nature: & parce qu’il l’a hay autant qu’il l’a craint, il le
braue autant qu’il le deteste. C’est à present que cette maxime,
REGNER PAR FORCE, & cet autre, QV’ILS ME
HAYSSENT POVRVEV QV’ILS ME CRAIGNENT,
seruent de publique risée. Qu’il eust bien plus gagné en l’amour
du peuple qu’il ne fait en son auersion. Au moins on
l’auroit plaint; on auroit eu pitié de sa cheute; on auroit inuoqué
le Ciel en sa faueur, au lieu qu’on ny leue les mains
que pour en attirer la vangeance. Il gouste, enfin, le fruict
amer de ses mauuaises maximes. Ceux qu’il a mal-traittez le
traittent de la mesme façon, & il voit que la compassion
n’entre point dans les cœurs de ceux ausquels il fut impitoyable.
Il ny en a pas vn qui ait respendu vne l’arme ny poussé
vn souspir pour l’amour de luy. Toute l’humeur de ceux qu’il
a blessez s’escoulle par les playes qu’ils leur a faites; il n’en
reste pas vne goutte pour les yeux. Pour moy, s’il faut que ie quitte en cet endroit les sentimens
publics & que i’entre dans les miens particuliers, ie
condamne toute la rigueur & toute la colere de ses plus aspres
ennemis, & ie n’ay point contre luy cette auersion farrouche & inflexible qui difficilement se contente de son
malheur. Ie sçay iusques où va l’amour de la vertu & de la patrie;
Ie sçay que toute la terre a tousiours hay les vitieux &
les tyrans, moy-mesme i’ay pour eux vne iuste haine, mais
ie ne pense pas qu’on puisse contre luy auoir encor vne iuste
colere. Si ie le voyois les armes à la main à la teste d’vne cruelle
& d’vne puissante armée, mettre tout en sang & en flâme,
rauager la campagne, piller les villes & traitter auec esgale
barbarie les âges & les sexes differens, ie m’estimerois moy-mesme
trop cruel & trop lasche, si ie demeurois alors stupide.
Mais quoy, il est bien loin d’vn estat si terrible & si dangereux.
Ce n’est plus qu’vn grand Prince, le redoutable vainqueur
de nos ennemis, deuenu le miserable joüet de nostre
haine. Son malheur, quoy qu’on en puisse dire, est trop digne
de nostre pitié. Et si nous songeons qu’il n’est malheureux,
que parce qu’il est criminel, & que nostre nature generalement
mauuaise, aussi bien que luy nous rend tous capables
de crime, par l’objet de ce que desia nous meritons, &
de ce que nous pouuons encores meriter, nous aurons compassion
de ce qu’il souffre. Le prouerbe familier, qui dit, qu’il
ne faut pas que les aueugles se mocquent des boiteux, porte
dans sa naïfueté vne instruction élegante à ceux qui sans se
cognoistre condamnent en autruy les moindres deffauts: &
le commandemẽt de Iesus-Christ qui veut que nous ostions
le cheuron qui est dans nos yeux auparauant que d’aduertir
nostre prochain du festu qui entre sous sa paupiere, nous
apprend combien il vaut mieux que nous nous arrestions à
corriger nos imperfections,

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Occurrence 211. Anonyme. ARREST DE LA COVR DE PARLEMENT de Rennes en... (1649) chez Pépingué (veuve de Théodore) et Maucroy (Estienne) à Paris , 4 pages. Langue : français. À Rennes le 18 janvier 1649 [au colophon]. Voir aussi E_1_52 et E_1_90 (qui ont toutes les deux le titre fautif que Moreau reproduit et la signature de "Monneraye").. Référence RIM : M0_345 ; cote locale : B_11_2. Texte édité par Patrick Rebollar le 2012-03-27 15:44:09.

ARREST DE LA COVR DE PARLEMENT
de Rennes en Bretagne, contre
le nommé Iulles Mazarin, &
ses autheurs & adherans, par lequel
ils sont tous declarez criminels
de leze Majesté, tous
leurs biens acquis & confisquez.

A PARIS,
Chez la Veufve THEOD. PEPINGVÉ, & EST.
MAVCROY, ruë de la Harpe, vis à vis
la ruë des Mathurins.

M. DC. XLIX. ARREST DE LA COVR DE
Parlement de Rennes en Bretagne, contre
le nommé Iulles Mazarin, & ses autheurs
& adherans, par lequel ils sont tous declarez
criminels de leze Majesté, tous leurs
biens acquis & confisquez. EXTRAICT DES REGISTRES
de Parlement. CE jourd’huy la Cour, les deux Semestres assemblez,
sur le rapport fait par le Procureur General
du Roy, de l’enleuement de la personne dudit Seigneur
Roy, la nuict du cinq au sixiesme iour du
present mois & an, par le nommé Iules Mazarin
de nation Italienne, & sur la notorieté de fait des leuées
des Gens de Guerre & deniers en cette Prouince: Veu
aussi les Arrests du Parlement de Paris des huictiesme &
& treiziesme desdits mois & an A declaré & declare
ledit Iules Mazarin, ses fauteurs, adherans, criminels
de leze Majesté au premier chef, & perturbateurs du
repos public: Leur fait commandement de garder leur ban
ordonné par ledit Arrest du huitiesme Ianuier, sur peine
de la hart, auec confiscation de tous leurs biens, meubles
& immeubles, & mesmes les fruits des Benefices dudit
Mazarin: Fait deffenses à toutes personnes, de quelque
estat & qualité qu’ils soient, de leur donner retraite, à peine
de descheance des priuileges de Noblesse, & d’estre declarez
incapables de tenir aucunes dignitez, & Offices
Royaux. ORDONNE qu’à la diligence dudit Procureur
General du Roy, il sera informé du diuertissement d’argent en espece ou lingots faits par ledit Mazarin hors du Royaume,
ensemble des leuées des Gens de Guerre, ausquels aucuns
Baillifs & Gouuerneurs ne pourront donner entrée, aide, ou
main forte, sur pareille peine, A permis & permet aux Communes
de leur courir sus au son du toxin: Et a ladite Cour
enjoint à tous les Officiers de ce ressort de tenir la main à
l’execution du present Arrest, lequel elle ordonne d’estre
publié à son de trompe, & affiché par tout où besoin sera en
la maniere accoustumée, afin que personne n’en pretende
cause d’ignorance. FAIT à Rennes, en Parlement, le dix-huitiesme
Ianuier mil six cens quarante-neuf.  

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