[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Rechercher dans les Mazarinades

Rechercher dans le corpus des Mazarinades
(560 occurrences trouvées)

Résultat de votre recherche de l'expression "amitié" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 1. Anonyme. ADVERTISSEMENT DONNÉ A MONSIEVR LE PRINCE... (1652) chez Halline (Gilles de) à Paris , 16 pages. Langue : français. Avec permission.. Référence RIM : M2_33 ; cote locale : B_7_35. Texte édité par Morvan Perroncel (La page 4 est illisible (trop sombre, encrage défectueux, etc.). Il conviendrait d'en récupérer le texte sur un autre exemplaire.). le 2012-12-02 09:28:49. Et on tua le veau gras au retour de l’enfant prodigue : mais quand on veut noyer son chien on luy arrache
la rage.   Vous dites que Monsieur le Prince s’attaque aux Gouuerneurs
pour regner : cette raison seule, sans les ressentimens
communs de vos injustices, fait euidemment reconnoistre
le plaisir que vous auez de regner : Et que vos si furieuses
émeutes ne procedent, que de la crainte de sortir de
ce gouuernement si absolut, qui vous fait persecuter les
Princes : par la force duquel, plus que par l’authorité de la
Reine, vous auez tellement ruiné le fond des finances,
qu’en ayant totalement épuisé le dernier quartier de l’année
passée, vous fustes prest par le diuertïssement des deniers
du peuple, d’émouuoir vne sedition par toute la Ville,
qui eust esté suiuie du reste de la France. Et si telles
plaintes n’en sont venuë du temps du deffunt Roy : C’est
que la cause n’en estant née, elle n’en pouuoit produire
d’effet ny de sujet. Ce grand Roy estoit vrayement François, & qui trauerse
par tant d’années des ruses Siciliennes, en auoit découuert
& tellement rompu les desseins, qu’a peine en auoit-on
la memoire. Il auoit par les rudes assauts de sa diuerse
fortune, si parfaitement acquis la connoissance de ses affaires,
qu’il n’en a iamais eu autre Gouuerneur que luy-mesme.
Mais comme vn bon Musicien qui sçait de differentes
voix, composer les accords d’vne douce armonie, & comme
vn jardinier expert, cueillir les roses sur les espines. Il
sçauoit prendre vne bonne resolution des differents conseils,
& tirer vn bon sens des mauuaises opinions. Tous les
mouuemens de cette Monarchie auoient bien d’autres contrepoids
qu’ils n’ont aujourd’huy. La Reine ne tient pas
comme vous dites cette place, elle est trop prudente pour
le presumer : Elle n’est pas ignorante de cette loy Salicque
qui interdit les femmes de la Royauté. Elle a bien entre ses
mains le principal Gouuernement de l’Estat, que vous luy
auez persuadé absolut, tant qu’il a tourné à vostre profit.
Mais Dieu qui iuge de ses droites intẽtions, a bien fait recõnoistre
que si de son tẽps toutes choses n’ont esté si vtilemẽt administrées que sa tutelle Regence le desitẽt pour bien public,
contentemẽs des grãds, seureté & repos des subjets.   Elle n’en est la cause : mais vous qui faisant sonner si haut
le rabais du sel par vostre entremise, en prenez dix fois autant.
On remet d’vne main au peuple plusieurs imposts, &
d’vne autre main on les leue à vostre profit, souz le nom du
Roy par des Commissions secrettes & particulieres. Vous
amusez les simples, par vos glorieuses vanteries d’auoir fort
bien gouuerné l’Estat : Mais y a il iamais eu de Regne, ou la
Iustice ait plus esté opprimée, par toutes sortes d’euocatiõs &
interdictions. On esleue la Iurisdiction du Preuost de l’Hostel
à la diminution des autres, pour estouffer tous genres de
crimes, au scandale de la France. Vous mesmes dites que les
Officiers font des rapines, mais où sont ceux que vous auez
faict punir ; A-il este veu aux temps passez des pensionnaires
du Clergé des associez des partisans tenir des premieres
charges ; A il esté prins des hardiesse d’establir des imposts
sur le seau & contraindre les subiects du Roy a prendre des
Officiers imaginaires, pour en tirer vn million de liures ? A-il
esté du temps du feu Roy verifié en la Chambre des Comptes,
des dons de cent soixante, & de trente mil liures, quasi
tous les ans pour les Gouuerneurs d’Estat. Mais ces remarques
& autres plus pregnantes encore, que l’on pourroit
apporter, vous sont dire que c’est borner la puissance des
Roys que de controler leurs liberalitez, & d’y vouloir mettre
des bornes, c’est les priuer d’estre Rois. Ce crime de leze
Majesté n’a point esté commis en vostre temps, le Roy a eu
trop peu de pouuoir sur ses finances, pour en faire liberalité.
C’est aussi vne ruse trop peu artificielle de parler de luy, puis
qu’il n’y a pas iusques aux petits artisans, qui ne sçachent que
le Roy n’a le pouuoir d’employer vn escu en aumosnes des
pauures. Vous luy monstrez bien qu’il n’est pas en aage d’ordonner
de ses finances : C’est vous qui en disposez comme
il vous plaist, à vostre profit & des vostres, soubs l’authorité
de nostre bonne Reine. Et toutes fois apres tant de bienfaits,
vous l’accusez vous mesmes, en disant que ce n’est pas
Monsieur le Prince, qui la peut accuser d’auoir espuisé les finances du Roy, & d’estre venuë a vne necessité d’en exiger
d’autres sur le peuple, & en se faisant faire tort à beaucoup
pour en obliger bien peu.   C’est faire griefuement sentir les traicts de vostre ingratitude,
& monstrer fort appertement que vous n’en voulez
pas seulement à Monsieur le Prince, mais à toute la maison :
Puis qu’ayant voulu blesser la renommée du deffunct Roy,
par le reproche du Duc de Bourbon, vous attaquez encore
la Reine par cette accusation de mauuais mesnage. Chacun
sçait bien que les finances du Roy n’appartiennent point à la
Reine, & qu’elle est de trop bonne conscience pour mal-
vser du bien d’autruy. Elle a le bien du Roy en main, pour en
vser tres bien comme elle faict. Et sa particuliere œconomie,
pour en faire ce qu’il luy plaist, sans subjection d’en
rendre compte à personne. Ce n’est pas aussi d’elle que la
plainte est faicte : mais de vous, qui causez la necessité. On
ne s’ad dresse point au Roy ny à la Reine, comme vous
dittes, dont l’vn n’a l’aage de disposer, ny l’autre la volonté
d’abuser. Mais à vous, Mazarin, qui trop licentieusement
ordonnez de toutes choses soubs leurs noms. En telle occurrence
de desordres on ne s’est point au temps passé addressé
aux Rois, qui ne veulent iamais que le iuste, mais aux
Gouuerneurs, qui déguisans la verité de toutes sortes de
masques, surprennent la pieuse creance & volonté de leurs
maistres. Ainsi que le témoignent les Ordonnances de ce
Royaume, qui enjoignent si expressément aux Iuges de n’auoir
aucun égard a plusieurs Lettres & Edicts, comme obtenus
par importunitez & surprises. Et les Histoires qui racontent
les punitions d’vn Remy, d’vn Pierre de la Bresche,
Enguerrand de Marigny, Landais, Montagu, Samblancey,
& autres Gouuerneurs des affaires d’Estat.

FIN.

=> Afficher la page
=> Afficher la notice


Occurrence 3. Anonyme. ADVERTISSEMENT AVX BOVRGEOIS DE PARIS, POVR... (1652) chez [s. n.] à Paris , 6 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_451 ; cote locale : B_11_28. le 2012-12-02 09:18:26.

ADVERTISSEMENT
AVX
BOVRGEOIS
DE PARIS,
POVR LES OBLIGER
à retirer le Roy des mains du
Cardinal Mazarin: Comme estant le plus insigne Magicien
qui ait iamais paru en France.

A. PARIS,

M. DC. LII. ADVERTISSEMENT
AVX
BOVRGEOIS
DE PARIS,
POVR LES OBLIGER A RETIRER
le Roy des mains du Cardinal Mazarin: Comme estant le plus insigne Magicien qui
ait jamais paru en France. DE tous les crimes dont on
peut accuser vn homme,
il ne s’en rencontre point
de si grand que celuy de la
Magie, & qui le fasse plustost, sans
ressource, precipiter dans les Enfers,
puis qu’en déniant à Dieu ses
honneurs & ses hommages, il reconnoist le diable pour son maistre,
qui dez ce monde s’en rend l’absolu
possesseur, comme il n’est que trop
manifeste par vn bon nombre d’histoires.
Le Cardinal Mazarin n’estoit
pas mesme dez sa jeunesse assez
noircy de vices, il ne luy restoit
plus que la Magie, dont il est infecté,
pour le rendre le plus abominable
criminel qui fut iamais au monde.
Ses frequentes communications
& ses intrigues auec celle que l’on
nomme la Petite Mere de la Place
Royale, accusée de ce malheureux
crime, en sont des preuues suffisantes,
que l’on peut voir dedans son
procez, qui est encore entre les
mains de Monsieur Barillon, dont
il n’y a que cinq ou six ans que la
Reine en ayant ouy parler, luy commanda
par deux fois, à quinze iours
d’interuale, de luy en faire l’extrait,
ce qu’il ne fit pas. Il n’y a qu’à voir
le liure intituléCabale Infernale, qu’a
maintenant Monsieur l’Official, &
que Monsieur Petault a tenu deuant
luy, pour iuger des impietez & des
prodiges de cet ouurage abominable.
Il seroit encore à souhaitter que
la nommée Magdeleine Bauant conuaincuë
du mesme crime, luy fust
confrontée, & l’on apprendroit des
choses horribles & espouuantables,
de ce Cardinal. Enfin il ne faut point
chercher d’autres raisons pour le
conuaincre, & pour découurir les
abominations qu’il a pratiquées dans
Paris, que l’interrogation des nommés
Mazile, de la Noix, la Paillere,
de l’Estoile, Chastelain, & autres
que ceux-cy nous peuuent indiquer.
Il ne faut plus douter que ce ne soit
par le moyen de ses operations diaboliques
qu’il seduit l’esprit du Roy
& de la Reine, & fait fléchir leurs
volontez aux siennes: L’on sçait assez
que le Roy outre sa Declaration
de son éloignement hors du Royaume,
a promis en son absence par
plusieurs fois de le faire retirer, à
quoy, ce Cardinal present, il ne se
peut resoudre, estant occupé de, ses
charmes. Il faut donc, chers Compatriotes,
pour retirer nostre ieune
Monarque de ses barbares mains,
& de la captiuité dans laquelle il
le tient, employer tous les moyens
possibles; il ne faut point apprehender
d’y espancher son sang, puis
que c’est pour redonner la vie à
ce pauure Royaume, & nous
mettre à l’abry des miseres qui
nous accablent il y a si long temps:
Ce qui ne se peut faire sans la destruction
de ce Monstre Infernal.  

=> Afficher la page
=> Afficher la notice


Occurrence 5. Anonyme. AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON... (1650) chez Variquet (Pierre) à Paris , 24 pages. Langue : français. Le nom de l'imprimeur est au colophon.. Référence RIM : M0_478 ; cote locale : D_1_32. le 2012-04-13 16:18:20. Vous auriez perdu la memoire de ce qui s’est passé, si vous
auiez encor quelque esperance en l’auenir. Il ne faut que faire
vne petite course dans nos deux dernieres guerres auec
l’Estranger ; en l’vne on void vn malheureux obstiné, qui croit
tousiours de iustifier ses fautes par la perseuerance, & ne continuë
de faillir (s’il faut ainsi dire) que par la peur de deuenir
innocent, & de se mettre à la mercy des loix qu’il auoit offensées :
il est accablé de faueurs par ceux de son party : mais
comme il ne prend aucun goust dans leur possession, soit qu’il
pense que quelqu’autre consideration que celle de son merite
les attire, ou que pour les reconnoistre il se sente obligé
plus qu’à vne sousmission gratuite, & n’estime l’amitié qu’on
luy porte qu’vne fascheuse dependance, ce desespoir l’entraisne
enfin iusques à vn exil ignominieux, où il n’a laissé
aucune trace de son nom : mais comme vne beste timide qui
abhorre le iour & la compagnie, il se cache de frayeur, laisse,
dit-on, aller quelques souspirs sur se mauuaise conduite, sans
auoir pû receuoir cette satisfaction, que de faire auoüer son
repentir à ceux de son païs. Le Comte de
Candæle eu
Capdolat,
frere du Cõte
de Faix,
Cheualier
de l’Ordre de
la Iarretiere,
decedé en
Arrogé sous
CharlesVI. En l’autre il se void vne pauure victime prise dans les filets
des Espagnols, sacrifiée à la credulité & à la ruse, qu’il tâchent
de tromper lors qu’il leur est du tout impossible de la vaincre ; qu’il recherchent non pas d’vn amour licite, mais d’vn amour
adultere, à dessein seulement de s’en seruir, ne l’ayant accablé
d’offres & de promesses que pour luy oster plus facilement
l’honneur, la disposition de soy-mesme, & finalement
la vie qu’il perdit d’vne façon aussi peu connuë aux Sages,
qu’inéuitable aux plus heureux.   Le Connestable
de
Bourbon. Vostre traitement ne sera pas meilleur. Leurs caresses vous
tueront ou elles vous corrompront. C’est vn corps (dit ce
mesme autheur que ie sorts d’alleguer, & duquel ie n’ay pû
m’empescher d’emprunter plusieurs belles reflexions sur cette
matiere) qui sallit & gaste tout ce qu’il touche : les endroits
qu’il ne ronge pas de ses morsures, il les infecte de son haleine.
Il ne faut pas estimer ses presens moins funestes que
ses menaces, & son amitié n’en a pas moins opprimez que sa
haine. Il fait maintenant semblant de vous laisser quelque vaine
image de commandement sur ses Troupes, parce qu’il sçait
bien que vous n’en deuez iamais attendre vne vraye obeïssance,
& que pour en obtenir quelque chose, il faudra toûjours
que vous leur en promettiez vne autre ; que vous les
gouuerniez auec des artifices honteux, en quelque bonne
opinion que vous les ayez mises de vôtre suffisance pendant
vôtre Generalat en Allemagne ; que vous soyez le flatteur &
le corrupteur de vostre Armée ; que tous les iours vous inuentiez
des nouuelles pour entretenir leurs esperances ; que vous
composiez des Propheties de l’Etat populaire de Bordeaux
pour amuser les credules ; qu’en vn mot dans l’apprehension
de vostre prochaine ruïne & parmy les horreurs du desespoir,
vous ayez toutes les mines & toutes les apparences d’vn homme
content. Quand vous seriez mesmes si heureux que de vous concilier
le respect & la veneration qui doit tomber dans vne puissance
legitime, ces Troupes qui se verront ainsi conduites
par vne crainte seruile, ne vous feront iamais maistre de leurs
affections. Il n’est pas possible que des gens qui prennent tant
de part à la grandeur du leur, qui ne se plaignent que rarement
de leurs miseres, conçoiuent iamais vn fauorable sentiment
d’vn homme qui s’oppose auec cette fureur à la gloire
du sien. Ils verront que vous auez couru iusques au bout du
monde pour chercher des ennemis à vostre patrie ; que vous auez fait fort peu d’estat de la dignité du nom François ; que
vous n’estes bon qu’à exciter des orages dans la serenité des
plus beaux iours, & comme ces bestes ennemies du Soleil, qui
vont chercher dans la base & le limon des fontaines dequoy enlaidir
son image, vous allez prendre tout ce qu’il y a de l’hõme,
de terrestre & de pesant pour obscurcir les bienfaits du Roy,
décrier ses ouurages en la personne de ses Ministres, qu’il ne
faut pas considerer dans la splendeur qui les enuironne, mais
dans les aiguillons qui les percent ; non pas comme des Pilotes
oisifs, qui regardent dans la boussole, mais comme des pauures
forçats qui tirent la rame à force de bras.   Vous sçauez, M. ce qui se peut dire de nos Ennemis là-dessus.
Il seroit seulement à desirer que nous fussions aussi bons François,
comme ils sont bons Espagnols, & de nous piquer d’estre
en nostre espece, ce qu’ils sont dans vn genre de Brauour, plus
ridicule peut-estre en sa substance ; mais auec tout cela moins
souuent adjoustée à la cruauté & à l’insolence que la nostre. Ils
sçauent donner de la reputation aux plus petites choses : ils témoignent
de l’indifference dans leurs plus grandes douleurs : il
n’est d’outrage si cruel de la fortune qu’ils ne sçachent supporter
auec fierté & auec dédain : ils combattent la faim & le froid
tout ensemble : la prise d’vne Bicoque les transporte, & le Catelet
a fait allumer plus de feux de joye, que la perte de Dunkerque
ne fit voir de cierges larmoyans à Gant & à Bruxelles. I’adjouste que si cette prosperité impetueuse de la France,
qui a tout emporté depuis trente ans continuë, il n’y aura sorte
de mauuais succés dans leur armée, soit qu’il sorte des arrests de
Ciel, ou du cours ordinaire de la Nature, qui ne vous soit aussi-tost
imputé. Vous serez comme vn Chrestien du temps de Domitien :
tout ce qui se leuera dans l’air de venimeux, ou par la
forcc des Sorciers, nous sera retorqué. Ils diront tousiours que
c’est vn Infidele qui leur pese ; que c’est le poids de cét Etranger,
qui surcharge le vaisseau ; qu’il s’en faut déliurer. Pondus fugitiur
Prophetæ.
lon. Et doutez-vous que ce qui reste d’eux couste beaucoup à
défaire, & qu’aux termes où sont les choses, il faille conclurre
à vn changement de fortune pour quelques ziphirs qui leurs
soufflent à la trauerse ? Le gain qu’ils font ne fait qu’augmenter
leur indigence, allumer leurs desirs ; le repos qu’ils prennent est
le premier sommeil des malades qui les peut bien rafraischir,
mais ne leur promet rien de leur santé. Il n’y a rien à faire oui ne fut facile à executer à vn mal-heureux. C’est vn peu de desespoir
qui les porte, mais ils seront bien-tost consommez de
nos forces, de nostre courage, & de nostre bon-heur.   Si nos desordres publics nourrissent leur attente & leur credulité,
ce n’est plus comme autrefois cette premiere colere, qui
estoit suiuie de la prise des villes & de la desolation de la campagne,
la France estoit en vn autre temps espouuantée : « Si tost
que deux ou trois mécontents se retiroient de la Cour, elle se
figuroit qu’ils entrainoient des Prouinces entieres & des communautez,
sans trouuer de resistance : en suitte dequoy personne
se mettoit point en deuoir de les chastier, mais on taschoit
de les adoucir : au lieu de les visiter auec du canon & des soldats,
on leur enuoyoit des gens de robbe chargez d’offres &
des conditions, qui leur promettoient beaucoup plus qu’ils ne
pouuoient esperer de la victoire. » Balz. « Pour lors la bonté du Prince estoit le reuenu le plus certain
des coupables : elle payoit tous les iours ses ennemis : à la moindre
rumeur il descendoit de son Trône pour traiter auec ses Sujets ;
& apres auoir plusieurs fois declaré solemnellement que
tout auoit esté fait pour le bien de son seruice, il sçauoit bon
gré à ces seruiteurs infideles des affrons qu’il auoit receu d’eux. » « Maintenant il ne se trouue plus tant de François languissans
à son seruice, si ennemis de leur patrie, si décriez parmy les
Nations estrangeres. » Le Prince a communiqué sa force & sa
vigueur à la Republique (comme on disoit autrefois de Tibere)
elle respire en toutes les parties de son corps, de l’esprit & de la
vie qu’il luy a pleu de luy respandre. Il s’est trouué graces à
Dieu des gens qui ont trauaillé virilement à cette serieuse reformation
tant souhaittée. Il y en a qui ont corrigé les fautes
de leurs siecles, qui ont trouué tout ensemble de la discipline
aux guerres, du secret au Conseil, de la prud’hommie aux negotiations.
Nostre bonne foy qui s’estoit perduë, est en meilleur
odeur parmy les autres ; & vn Etat malade & diuisé, qui ne
pouuoit se soustenir que par les peines & par les menaces, se
soustient à present par sa seule reputation, & n’est redoutable
que par son authorité. Animam illum
esse dixit
cuius viuum
Reipublicæ
corpus
virtute
regeretur.
Tac. l. 2. ann. Nous voyons que chacun y vse de circonspection & de prudence ;
que chacun y cherche ses mesures, comme le petit Herisson,
qui tourne tousiours la porte de sa maison, du costé que
tourne le vent. Cognosce, Elige, Matura, disoit vne vieille monnoye de Ferdinand de Bauiere ; Pesez bien, Discernez bien,
Laissez bien meurir vostre conseil ; car il n’y a que ceux qui ont
fait cette mal-heureuse experience, qui sçachent auec quelle
seruitude on commande à des rebelles, parmy lesquels outre
que les meilleures actions ont besoin d’abolition, que les victoires
sont des parricides, & qu’il n’y a pas seulement esperance
de receuoir vne mort honneste, il ne se peut encore ny apporter,
ny trouuer de confiance, à cause qu’il y a du merite à
tromper, & qu’en quittant son party, on fait tousiours son deuoir.   C’est là le premier desespoir de celuy qui a pris les armes
contre son païs, que d’estre reduit en quelque façon à la necessité
de mal faire, pour le peu de seureté qu’il trouue à faire bien :
Il est tousiours fascheux aux ames bien nées de craindre de paruenir
mesme iusqu’à l’innocence, de perseuerer dans l’erreur,
de peur de ne pouuoir iamais assez satisfaire de la repentance.
C’est vn precipice où dés qu’on est vne fois tombé, on n’en
remonte plus : on trouue plus de danger à cesser, qu’à commencer
d’estre coupable ; & quoy qu’à cét instant où l’on s’engage
il y ait beaucoup de lumieres du Ciel à écarter, beaucoup d’attaches
du deuoir naturel à rompre, tous ces tourmens pourtant
dont vne ame est agitée sur le poinct de son choix, n’égalent pas
ces meffiances & ces craintes qui la déchirent quand elle veut
tout à bon se deffaire d’vne iniuste authorité ; & ce Tiran qui
demandoit vn Dieu pour caution de sa vie, quand il auroit quitté
la tyrannie, auoit quelque raison de chercher ses seuretez,
sur la chose du monde la plus perilleuse dont on se saisit encore
auec bien moins de peine qu’on ne s’en dépoüille. C’est ce qui me persuade que la plus mauuaise place aupres
du Roy vaudra tousiours infiniment plus que vostre Generalat
en Flandres, & celuy du Duc de Boüillon en Guyenne, & que
l’vn & l’autre considerans l’auenir, qui ne vous montre rien que
de funeste, portera quelquefois enuie aux prisonniers du Bois
Vincennes, qui attendent pour le moins en repos la misericorde
du Roy. Quelques habiles, quelques laborieux que vous soyez
l’vn & l’autre : vos entreprises sont semblables aux efforts des
gens qui songent. Vous trauaillez, vous vous debattez inutilement ;
vous ne sçauriez rien faire en dépit du Ciel. S’il luy plaist
vous échoüerez dans vn vaisseau, & s’il luy plaist aussi vous voguerez
sur vne claye : mais i’ay bien de la peine à croire auec toute la promptitude & la facilité des plus grands hommes, que
vous puissiez iamais meriter vne pareille deuise à celle qu’Vrbain
II. ordonna de porter à ces genereux Liberateurs de la
Terre saincte dans leurs drappeaux, DIEV LE VEVT.   Toutes ces choses m’obligent à croire sainement que l’vn &
l’autre pensera à sa condition presente, & s’il ne s’est écarté de
son deuoir que pour y rentrer auec ceremonie & auec éclat,
qu’il aimera mieux se fier à vne parole qui ne peut manquer,
qu’à des murailles que se peuuent prendre, qu’à des ennemis
qu’on a accoustumé de battre, qui ont vn dessein constant &
perpetuel de se rendre maistres de la France, dont tous les Traitez
sont fardez & frauduleux, dont les commandemens sont
tousiours superbes & outrageux, les pensées vastes & infinies,
l’esprit tousiours armé, & occupé à des méchantes & tragiques
inuentions ; qui diront que le Mareschal de Turenne apres
auoir poussé plus auant ses armes que les Romains n’auoient
poussé leurs desirs, a passé seulement pour vn homme qui estoit
à vendre : Le Duc de Boüillon en qui vne haute estime s’estoit
consacrée parmy les siens, deuenu pensionnaire du Roy d’Espagne. C’est ce qui n’est pas encore si considerable, comme la fragilité
des exemples, la fortune qui fait le ioüet des plus ambitieux,
le defaut des amis qui se rebutteront, la dureté de la matiere
qu’ils ont entreprise, l’éternelle sinderese de leur cõscience,
qui leur donnera des rudes attaques au milieu d’vn profond
repos, & dans vne asseurance étudiée ; dont l’image menaçante
leur fera voir le respect de la Majesté royale violé, l’amour
de la patrie profané, les Loix impunément foulées, & vn Roy
dans son indignation, qui verra des yeux de trauers leur posterité,
& se rendra le meurtrier aussi-tost que le pere de leurs enfans.

A PARIS, De l’Imprimerie de PIERRE VARIQVET,
ruë Sainct Iacques.

=> Afficher la page
=> Afficher la notice


Occurrence 7. Anonyme. DE LA GVERRE DES TABOVRETS, LIVRE PREMIER.... (1649) chez [s. n.] à [s. l.] , 7 pages. Langue : français. Voir aussi A_2_58 (partie 1), C_5_32 (partie 1) et C_4_2 (partie 2). Référence RIM : M0_1525 ; cote locale : D_2_34. le 2012-05-27 03:11:45.

DE LA GVERRE
DES TABOVRETS,
LIVRE PREMIER.

SOMMAIRE DES
SECTIONS.

M. DC. XLIX. DE LA GVERRE
DES TABOVRETS,
LIVRE PREMIER.

SOMMAIRES DES
SECTIONS. LES vrayes raisons tant de la querelle
que de l’accommodement d’entre le
Prince de Condé & le Cardinal Mazarin,
lesquelles il ne faut point chercher dans de
profondes considerations d’estat ny d’interest.
Mais dans les legeres intrigues & des badineries
de Cour ; principalement dans l’humeur
du Prince qui est estrange & point encore
fixe : Le pont de l’Arche appellé par les
courtisans le pont aux Asnes, & qui sont les
asnes en cette occasion. Iugement des Politiques sur cette action qui le blasment d’auoir fait trop de bruit
pour si peu de besogne.   Grand deuil de ses amis & leurs grimaces
pour le consoler de la mort de son credit. Iustification de l’Abbé de la Riuiere qui
ne fait que luy rendre le change le patelinage
de cet Abbé auec le Prince de Marcillac pour
l’accommodement. Admirable generosité
du Duc de Beaufort & rare prudence du
Coadiuteur dans tous ces demeslez. Artifices du Cardinal apres ce grand aduantage
remporté sur le Prince pour desunir
la fronderie entre elle mesme. Disgression curieuse sur l’origine & le vray
& legitime vsage de la fronde ; que Dieu en est
le premier inuenteur ; qu’il se plaist à fronder
les fondres sur les testes des impies, des orgueilleux,
& des tirans, qu’il mit la fronde,
és mains de Dauid. Et que le Duc de Beaufort,
le Coadiuteur & Brousselle, sont descendus
en droite ligne de ce Roy par trois differentes
branches, qu’il y a trois especes de
frondeurs, des vertueux, des brouillons &
d’hipocrites, & qu’il faut reuerer les premiers, moderer les seconds, & noyer les troisiesmes.   Le Cardinal excite tous les Seigneurs qui
se trouuent à Paris par le moyen de leurs
femmes à s’opposer aux Tabourets que le
Prince a obtenu pour cinq ou six Dames, &
luy suscite cette querelle afin d’acheuer de
le descrier : En cét endroit est recherché si
Tabouret vint autrefois de Tabut comme
auiourd’huy Tabut vient de Tabouret. Et
aussi parlé de la creation d’vne nouuelle
charge de grand Maistre ou Surintendant
des Tabourets, laquelle a esté mise en party
par trois Fripiers de meubles de bois associez,
& en donnent vint mille escus de pots
de vin au Cardinal & promettent d’entretenir
ses singes d’habits & de noix. Vnion de la noblesse Antitabourettiere :
sa requeste presentée au Conseil par le Mareschal
de l’Hospital, ses lettres aux gentilshommes
des Prouinces pour les couuier de
s’vnir auec eux. Les Tabourettiers ont recours au Prince & au Duc de Longueuille leurs protecteurs :
Responce de la l’anterne du Conseil
d’enhaut aux Antitabourettiers qui
n’en estans pas satisfaicts menacent de se
ioindre au Parlement, d’où s’ensuit que le
Cardinal ayant choqué en cela, le Prince se
voit en danger de fortifier les frondeurs
par le nouueau party des Antitabourettiers.   Futilité manifeste de tous ses Conseils
qui luy retombent tousiours sur le nez, son
paralelle & du Cardinal de Sainte Esperance,
leurs vertus amplement deduites en
deux lignes, & leurs vices sommairement
marqué en douze feuilles, leurs noblesse &
genealogie depuis Adam. Diuerses qu’estions agitées sur le fait des
Tabourets, sçauoir si les Tabourets conuiennent
à des fesses Bourgeoises alliées
auec des fesses molles, au preiudice des fesses
nobles, & noblement alliées, sçauoir si
la mesure des Tabourets doit estre esgale
pour toutes, & en cas qu’il y doiue auoir de l’inegalité si elle doit estre en proportion
geometrique ou Arithemetrique c’est à dire
s’il les faut donner les plus larges, ou aux
plus gros cus ou aux plus nobles, sçauoir si
en cas que le Cardinal fust marié ou qu’il
vint à l’estre en quelle qualité sa femme
pourroit auoir le Tabouret.   Reflexion politique sur les malheurs extremes
que causent la vanité & dissolution
des femmes, qui bien souuent ont fait de
grandes reuolutions dans les Estats.

FIN.

=> Afficher la page
=> Afficher la notice


1 2 3 4 5 6