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Mazarinade n° C_6_14

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Anonyme [1649 [?]], LE MERCVRE PARISIEN. CONTENANT CE QVI S’EST PASSÉ de plus memorable, tant dans Paris qu’au dehors, depuis la perte de Charenton iusques à present. SECOND ORDINAIRE. , françaisRéférence RIM : M0_2455. Cote locale : C_6_14.



Le Vendredy 19. Fevrier vn Courier arriua à Paris de la part de l’Archiduc
Leopold auec lettres de creance à Monsieur le Prince de Conty,
nos Generaux & au Parlement & estant entré dans la grande Chambre,
aprez auoir presenté sa Lettre de creance il exposa le sujet de son enuoy,
sçauoir la paix que l’Archiduc auoit pouuoir du Roy d’Espagne de conclure
ainsi qu’elle auoit esté proposée à Munster, mais il desiroit sçauoir
auec quels Ministres elle se concluroit, & aprez auoir signé la declaration
il se retira.
Au mesme temps l’on sçeut que les habitans de Melun auoient tué la
garnison que leur Gouuerneur y auoit fait entrer.
Ce iour-là mesme deux Charettes & quatre Mulets chargez furent
arrestez à la porte S. Iacques, ils auoient des Couuerture de la Reyne,
les gardes les menerent aux Palais & du Palais à l’Hostel de Ville par ordre
de la Cour.
La nuict du Vendredy au Samedy nostre Caualerie estant sortie commandée
par le Prince de Marsillac, alla prez Gros bois où elle trouua la
Cauallerie du Prince de Condé commandée par le sieur de Grandee :
qu’elle chargea d’abord, mais d’vn embuscade sortirent quelques Regimens
de mousquetaires ennemis qui tuerent 30. des nostres & en blesserent
autant, le Prince de Marsillac y fut blessé d’vn coup de pistolet à la joüe.
Le soir mesme quatre cens Chariots de bled & d’auoine partis de Brie
Comte Robert arriuerent à Paris. Le lendemain les ennemis entrerent dans
Linas & Mont-l’herry où ils exercent des violences & des pilleries à eux
ordinaires.
La nuict du Samedy 20. Fevrier les ennemis allerent à Lesigny, en
nombre de cinq cens hommes de pied & quelque caualiers sous le commandement
du sieur de Torigny, ils assaillirent le Chasteau par dix ou
douze vollées de Canon auquel ils firent breche, ce que voyant ce luy qui
y commandoit pour ie Duc de Luynes auquel ledit Chasteau appartient,
il demanderent à se rendre ce qui leur fut accordé sur les six heures dudit
iour & encore que le Chasteau ne fust pris de force, mais à composition,
les soldats ne laisserent pas de piller ce qu’ils y trouuerent.
De là les mesmes ennemis s’emparerent du Chasteau de Villemenon
& de Servon où ils laisserent garnison.
Vn peu deuant les gens de Monsieur le Prince s’approcherent de la ville
de Meaux à dessein d y mettre garnison, mais les habitans la refuserent
& protesterent de demeurer vnis auec Paris & suiure les deliberations
du Parlement, comme estant le premier mobile sur lequel se meut tout
le reste de la France.
Le mesme iour Samedy vne Compagnie du Regiment des Gardes Suisses,
qui estoit à S. Denys en sortit & le vint rendre à Paris où le Colonel
presta serment à l’Hostel de Ville.
Le Marquis de la Boulaye selon l’ordre du Duc de Beaufort, est fait
Gouuerneur de la ville & Chasteau d’Estampes, sans que cela l’oblige
d’aller & venir à Paris & se trouuer à l’armée.