[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_5_12

Image de la page

Anonyme [1649], LE FOVDROYEMENT DES GEANS MAZARINISTES ABYSMEZ SOVS LES RVINES DV FAMEVX ET DESOLÉ BOVRG DE CHARENTON , françaisRéférence RIM : M0_1404. Cote locale : C_5_12.


nuire comme ils voudroient bien à ceux qu’il a pris en sa protection.
 
Encore que vostre victoire soit beaucoup plus sanglante
qu’elle n’est auantageuse, & que vous ayez perdu dans ce
combat presque autant de personnes releuées, & de Capitaines,
soit du Regiment des Gardes, de celuy de Nauarre, que
nous auons perdu de soldats, ie ne doute point que vostre vanité
ne soit telle, de publier que c’est vn grand eschec à nostre
party, & que cette surprise de Charenton n’enfle de beaucoup
le courage des Mazarinistes, d’auoir enleué ce quartier
à la veuë de Paris, & presque en la presence mesme de
toute son Armée. Apprenez cecy de moy, que l’impreuoyance
quelquefois cause de grands malheurs aux succés de la
guerre ; & qu’aux affaires de grande importance, il ne faut
point du tout perdre de temps, puis qu’il ne faut bien souuent
qu’vn seul moment pour les ruiner, & qu’ordinairement vn
siecle ne suffit pas pour reparer les fautes, qui se font en vn
quart d’heure.
C’est ce qui me fait dire, que si tant d’excellens hommes
qui maintiennent le party du Roy, de son Parlement, & de
toute la France, eussent eu le bonheur de preuoir cette Tentatiue,
il est certain que Dieu protegeant la Iustice de leur
cause, leur eust fait reduire en poudre cette ligue iniurieuse
& tyrannique. Il est vray que l’on me pourroit representer,
que le desir trop ardent de sçauoir l’aduenir, reduit les hommes
bien souuent à ce point de folie de s’imaginer, vne eternité
dans les momens de la vie, & de ne considerer pas qu’en
elle il n’y a rien de si certain que l’incertitude. Ceux que la
nature a fait naistre mortels, doiuent reuerer les puissances
celestes, non pas les sonder trop auant, & rechercher
plustost leurs secours par leurs prieres, que leurs conseils secrets
par vne vaine curiosité. Ainsi l’on ne doit point blâmer,
ny nos Generaux, ny nos Soldats, de ce qu’ils n’ont
pas esté assez heureux pour cette fois de deffaire à platte couture
cette Armée de Cardinalistes, dont Dieu sans doute en
a voulu reseruer la deffaite à vn autre temps pour rendre sa
ruine plus fameuse, & nostre triomphe plus memorable. Ce