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Mazarinade n° B_13_48

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Anonyme [1649], LE FOVDROYEMENT DES GEANS MAZARINISTES ABYSMEZ SOVS LES RVINES DV FAMEVX ET DESOLÉ BOVRG DE CHARENTON , françaisRéférence RIM : M0_1404. Cote locale : B_13_48.


mesme Dieu permet bien souuent le mal, mais il n’en est
point l’Autheur, & s’il ne l’empesche pas, il faut croire que
c’est pour des raisons qui nous sont inconnuës ; car qui est
celuy qui peut penetrer dans ses conseils ?
 
Mais ô quelle mort est la vostre, ennemis coniurez de
Dieu, du Roy, du Parlement, des peuples, & du Royaume !
vn scelerat estranger, vn perturbateur du repos public, & le
tyran de vostre Patrie, a-t’il biẽ eu la puissance de vous charmer
par l’eclat des immenses richesses qu’il a vollées à la
France ? les promesses de vous enrichir de l’appauurissement
de l’estat, ont elles bien pû seduire vos esprits à ce point de
vous rendre criminels de leze Maiesté diuine, & humaine,
de trahir vostre honneur, & vostre gloire, égorger cruellement
vos freres & vos amis, piller, & brusler les Eglises, violer
les femmes, & les filles, & tout cela, pour empescher
qu’vn traistre Sicilien ne soit puni des enormes crimes, qu’en
gros & en détail il a commis contre toute la nature. Infortunez
Courtisans, qui selon l’aparence humaine, estes morts
en l’ire de Dieu ! quels sont vos tourmens auiourd’huy & quelles
sont les ardeurs, qui deuorent incessamment, & vos corps
& vos ames ? le souuenir m’espouuante, & les flammes qui
vous bruslent continuellement, glacent mes sens de l’horreur
que ie conçois de vos peines éternelles. Vous connoissez
maintenant si le Cardinal Mazarin a pouuoir de vous absoudre
des pechez qu’il vous a fait commetre, les tresors qu’il
vous a promis, ne seront point donnez à vos vefues, ny à
vos enfans : mais quand bien ce lâche homme auroit cette
espece de bonté parmy tant de meschancetez, que de donner
à vos successeurs apres vostre mort, ce qu’il vous auoit
promis durant vos vies, & que vos heritiers voulussent tout
prodiguer pour vous retirer de l’abisme de vos miseres. Helas !
tout cela seroit inutile, il faut qu’éternellement les corps
& les ames, de ceux qui meurent en la disgrace de Dieu souffrent
des peines continuelles ! Où estes vous donc creatures
tourmentées à toute éternité, sans espoir de grace, ny de diminution
de vos peines.
O Duc de Chastillon, qui auiez desia tant donné de