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Mazarinade n° A_3_64

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Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.


a disposé à son gré tant des personnes sacrées de vos Maiestez que
des plus grands de vostre Royaume ; que luy seul a esté administrateur
des affaires de la guerre, des finances, & de tout vostre Estat,
dont il n’a pas si-tost pris en main le Ministere, qu’il a fait prendre le
Duc de Beaufort, chassé le Duc de Vendosme son pere, esloigné sa
femme & ses enfans, banny les Princesses, donné des gardes au premier
de vostre Cour, changé celles de vostre Maiesté, dont pour disposer
luy seul, il se fait le sur-Intendant de son education, afin d’auoir
suiet de loger dans son Palais, luy donnant pour ses Gouuerneurs
des gens à sa deuotion, pour en former l’esprit sur ses principes,
ou en destruire la bonté par la corruption de ses maximes. Pendant
tout ce temps il se rend si absolu, qu’apres auoir fait vne profusion
estrange des finances de vostre Maiesté, auoir ruïné vostre
Royaume, transporté vos reuenus en d’autres pays, appauury vos
peuples par milles oppressions & surcharges, & tiré de ses veines
iusques à la derniere goutte de son sang, pour fortifier ses Cabalistes
& ses Supposts, apres auoir rendu la France sans commerce, les Villes
desolées, le plat pays exposé aux vols & aux assassins, tout l’Estat
à son ambition infame, & à l’auarice insatiable des Partisans, les
Marchands sans trafic, les armées sans argent, & sans secours ; il passe
encore plus outre : Il retranche, SIRE, les gages des Officiers de
vostre Maiesté, casse les priuileges de vos domestiques, oste cette
fidelle compagnie de Mousquetaires, la plus seure garde de vostre
sacrée Personne, laquelle il affoiblit pour renforcer la sienne. Il remplit
toute la Cour de gens de son pays en si grande abondance, que
l’on la prendroit moins pour la Cour de France que pour celle d’Italie
Il fait petit pat vne intelligence secrette, qu’il entretient auec
les ennemis, les Regimens & Compagnies tant de cheual que de
pied, dans les armées estrangeres ; flestrit nos Lauriers, reduit nos
Palmes en cendres, arresté le cours de nos victoires, retardé la gloire
& l’heureux succez de nos combats, & fait perdre quantité de batailles
ou faute d’argent, ou manque de secours, ou par vn ordre exprés
de ne pas attaquer, & vn commandement de ne pas vaincre : il traite
les Nobles comme les roturiers ; il met la Noblesse à la Taille, &
tout le monde à la besace : Et pour comble d’insolence, pour oster
la connoissance de sa mauuaise administration, & nous rendre malheureux
auec moins de resistance, il se ruë sur le Parlement, & s’attaque
aux Cours Souueraines, les suspend, les interdit, les exile, les
emprisonne.