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Mazarinade n° A_3_64

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Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.


Nochers qui tiennent en main le timon de cét Empire, il faut donc
qu’ils l’exemptent des escueils & des nauffrages. Ils sont ces [2 lettres ills.]ions
qui enuironnent le Trosne du plus sage des Princes, c’est donc a dire,
que dãs les occasions ils doiuent vomir les feux & les flâmes d’vne iuste
colere. Ils sont ces vaillans & ces forts, qui au dite de l’Espouse
en son Cantique, sont au tour de la couchette & du lict Royal de
Salomon, & ces forts ne sont pas sans espée ; Vnius cuiusque ensis super
femur. Tout cela signifie. SIRE, qu’ils doiuent estre armez pour la
deffense de vostre Majesté, & contre les vsurpateurs de vostre puissance.
 
Pourquoy donc, SIRE, les blasmer de l’auoir fait ? ce sont des
nuages de calomnie qui les inuestissent de toutes parts, & qui ne seront
dissipées que lors que vous serez en vostre Orient : Qu’ont-ils
fait autre chose que de satisfaire, & à la Nature, & à l’Euangile, imitãt
la prudence du serpent, qui a particulieremẽt soin de sa teste lors que
l’on n’en attaque que le corps : On vouloit d’vn mesme coup abattre
le Prince, les peres, & les peuples ; mais ce Senat Auguste a ietté ses
premieres pensées sur vostre Maiesté, SIRE, comme sur le Chef
d’où il tire ses plus benignes influences. Il faut repousser la force par
la force, & sans violer le precepte (puisque c’est vne Loy & humaine
& diuine, qui ne peut estre enfrainte sans vne lascheté honteuse,
& vn crime punissable.) Ie peux oster la vie à celuy qui est si
mal heureux que de me la vouloir rauir ; c’est vn cas decidé
il y a long-temps : le Fils de Dieu l’authorisa dans sa prise,
ses ennemis l’approchent à main armée ; pour obeïr, & donner appuy
à cette maxime du Droict naturel & des gens, qui nous ordonne
de nous deffendre, il renuerse les soldats ; mais en mesme temps
pour ne point faire tort à son amour, qui le destinoit au Sacrifice, &
qui pretendoit faire éclatter dauantage sa Bonté que sa Puissance ;
apres cette cheute il les releue : c’est vn temperamment de bonté &
de rigueur, qui a esté parfaitement imité de nos Magistrats.
Ils ont long-temps souffert, SIRE, la vexation & la tyrannie
auparauant que de se plaindre, ou par la crainte d’empirer les choses
au lieu de les adoucir, ou par l’esperance d’estre quelque iour affranchis
de tous ces maux, & de voir leur patience victorieuse de l’oppression
de leurs Tyrans : Le Marquis d’Ancre en ietta les fondemens,
le Cardinal de Richelieu continüa, & Mazarin natif de Sicile,
& Subjet de vostre ennemy a posé le toict & acheué cét ouurage.
Vostre Maiesté se peus faire instruire comme dés le commencement