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Mazarinade n° B_18_33

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Anonyme [1652], LE FIDELE EMPIRIQVE OV LE PVISSANT HELLEBORE D’VN ANTI-MACHIAVEL : Pour contenter les Mal-contens de l’Estat, & affermir la Liberté des Peuples. "Cœcus est qui Veritatem odit." , français, latinRéférence RIM : M0_1387. Cote locale : B_18_33.


qui sous faux pretextes causent des sousleuemens
parmy les peuples, & excitent les Princes par leur mauuaises
raisons à consentir à leurs pernicieuses pretensions.
Ie vous suplie, Messieurs, qui estes bien aise de pescher en
eau trouble, qui criez que tout est perdu, que peu de gens
ont tout le credit, tout le pouuoir ; ie vous supplie, dis je,
de considerer l’estat de vos maisons ; si les affaires y sont
bien conduites, si chacun y fait sa charge, si les plus gens
de bien sont ceux qui ont plus de croyance pres de vous,
s’ils sont les plus cheris, les plus employez, les mieux recognus.
Si au contraire, vous n’auez point quelqu’vn qui
vous gouuerne plus paisiblement que les autres, & qui en
tire plus de gratification ; si celuy là est point ordinairement
le plus vitieux, le plus flatteur, le plus trompeur, &
celuy qui vous pille le mieux.
 
Vous dites que le Prince se sert de Conseillers corrompus,
& mal-affectionnez à son seruice. Et de qui vous seruez-vous ?
Tous vos Officiers sont ils gens de bien au
contraire, est ce point vne merueille, quand vn homme
de bien, qui veut viure en sincerité, qui craint de blesser
sa conscience, se peut conseruer dans le tracas & les intrigues
de vostre seruice ? Ce sont des plaintes que nous oyons
tous les jours, & toutes fois nous n’auons point encor oüy
dire qu’on ait pris les armes à l’encontre de vous pour cela ;
& si quelqu’vn l’auoit fait, vous l’auriez mal mené, ou auriez
eu recours à la Iustice du Prince pour le chastier. Et
quoy ? vous ne pouuez gouuerner vos affaires particulieres
sans desordre, sans plaintes, sans doleances de ceux qui dépendent
de vous, & vous voulez qu’en vn grand Estat, en
vn grand Corps, il n’y ait point de desordre & de mal entendu.
Iugez si vostre desir est iuste.
Mais quoy ? N’y a t’il point quelque homme de bien, &
qui soit veritablement touché du zele du bien public entre
tous ? Si la bonne intention des vns est vn argument contre
ces sortes de troubles, la bonne intention des autres doit-elle
point estre vn argument pour les approuuer ?