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Mazarinade n° B_14_50

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Anonyme [1652], DERNIERE ET TRES-IMPORTANTE REMONSTRANCE A LA REINE, ET AV SEIGNEVR IVLES MAZARIN, pour haster son depart de la France. , français, latinRéférence RIM : M0_1020. Cote locale : B_14_50.


Mecenas, consideroit auec plaisir le progrez du feu
qu’il auoit fait mettre dans Rome, & chantoit cependant
en habit de Comedien, vne chanson qu’il
auoit composée luy-mesme sur le sujet de l’embrazement
de Troye ; quelque temps apres abandonné
de tout le monde, & reduit par Arrest du
Senat à la fatale necessité de mourir, fut obligé
de donner des larmes à son mal-heur, lors qu’au
fonds d’vne mazure pleine de broussailles, faisant
creuser vne fosse à la proportion de la grandeur
de son corps, il redisoit souuent ces paroles, En
quel état ie meurs ; & tout Maistre du monde qu’il
estoit, pût à peine trouuer vne main secourable, qui
dans son peril voulust aider l’effort qu’il fist pour
s’oster la vie, qu’il n’auoit conseruée durant les quatorze
années de son Empire, que pour la ruine du
genre humain. Craignez aussi d’estre obligé de dire
auec luy ces paroles dignes d’vn Neron mourant,
 
Dedecore vixi turpius perseum.
Pensez que comme rien n’est si voisin du miracle
que le prodige, & que ces deux sujets sont souuent
confondus par nostre imagination, ayant fait
voir l’vn à l’Europe, par vostre éleuation du neant
au haut degré d’honneur où vous fustes : vous pouuez
bien faire voir l’autre à la France par vostre
cheute precipitée, que vous marchez entre de dangereux
precipices, que vous estes haï dans tous les
lieux où vous estes, detesté dans ceux dont vous sortez,
redouté comme la foudre en ceux où vous vous
efforcez d’entrer, & generalement abhorré de tout