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Mazarinade n° C_1_41_1

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Anonyme [1649], LE COVRIER DE LA COVR, PORTANT LES NOVVELLES de S. Germain, depuis le 15. Mars 1649. iusques au 22. , françaisRéférence RIM : M0_821. Cote locale : C_1_41_1.


sur les 9. heures du matin, sans doute pour les conuier de se transporter
à S. Germain & regler le temps & le lieu de la Conference.
 
L’Apresdisnée les Deputez s’estants rendus à S. Germain, furent faire
compliment à la Reyne dans son Cabinet, & en suitte allerent chez Monsieur
le Chancelier, où la Conference fut ouuerte entre les Ministres & eux,
sans l’interuention de Monsieur le Duc d’Orleans, de Monsieur le Prince, ny
du Cardinal Mazarin. La premiere chose qui fut proposée par les Deputez
du Parlement, fut vne suspension d’armes pour trois iours : durant lesquels
toutes sortes de personnes & de denrées pourroient aller & venir librement,
sans que d’vn costé ny d’autre on exerçast aucun acte d’hostilité : Ce qui
fut conclu, & les ordres donnez pour cela.
Le mesme iour il arriua des Courriers & Espions qui asseurerent que
l’Auant garde de l’Armée de l’Archiduc estoit arriuée à Crecy en Lannois
à cinq ou six lieuës de Soissons, composée de trois mille Cheuaux (y compris
mille Dragons) & deux mille Fantassins, que le Marquis de Nermonstier
y estoit, & qu’on disoit que le reste de l’Armée suiuoit, que quelques-vns
font plus grande, les autres moindre.
On eut en mesme temps des Lettres de Lorraine, portans que l’Auant-garde
de l’Armée du General Erlach estoit en marche pour entrer dans la
Champagne : qu’il y auoit neuf Regiments de Caualerie, & que le tout se
montoit à plus de quatre mille hommes. On dit aussi qu’Erlach écriuoit
que le reste de ses troupes qui faisoient enuiron six mil hommes, deuoit suiure
de prés l’Auant-garde, & confirmoit la retraitte de Monsieur le Maréchal
de Turenne au delà du Rhin, sans troupes, son armée l’ayant presque entierement
abandonné.
On parle diuersement de la Landgraue de Hesse : les vns voulans qu’elle
ait promis ses troupes à la Reyne, les autres qu’elle en ait baillé partie au
Prince de Talmond son gendre, qui prend qualité de Prince de Tarente,
pour venir soûtenir le party où Monsieur de la Trimoüille son pere est engagé :
& les mieux informez disans qu’elle a promis seulement de s’employer
enuers les Chefs qu’elle licentiera, en execution de la Paix d’Allemagne,
pour les engager à seruir la France : mais que ses troupes, aussi bien
que celle des autres Princes d’Allemagne estant licentiées, seront à qui plus
leur donnera. De cette façon il y a grande apparence que la France & l’Espagne
en auront, l’vne & l’autre Couronne ayant enuoyé de l’argent sur les
lieux pour cét effet. Mais il est à craindre que les Espagnols en auront dauantage,
parce qu’ils y ont enuoyé vn peu plus d’argent, & qu’ils ont des
Quartiers d’Hyuer ou Rendez-vous à leur donner plus prés de leurs Postes.
On dit de plus, que la Reyne de Suede enuoye deux mille Cheuaux à la
Reyne : Et d’autre-part que Madame de Cheureuse negotie fort auec les
Hollandois pour les obliger à donner vn puissant secours au Parlement, que
quelques-vns font monter à huict mille hommes. Mais tout cela n’est pas
encore bien asseuré.