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Mazarinade n° C_2_27

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Anonyme [1649], LE CENSEVR POLITIQVE. AV TRES-AVGVSTE Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_668. Cote locale : C_2_27.



 
Vous auez pris, Messieurs, vostre temps à propos,
Pour reformer les vieux & les nouueaux imposts,
Dont se sont enrichis les flatteurs de nos Princes,
Et qui rendoient desert le trafic des Prouinces.
Il reste de regler les Finances du Roy,
Et pour les restablir de former cette Loy.
De fixer par Patroisse, & pour tousiours la Taille,
Qu’on n’y saisira plus le bestail ny la paille :
Pour ce que le bestail par ses seuls interests,
Peut & payer la Taille, & fumer les guerets.
Et qu’en fixant l’impost c’est preuenir la crainte
Des Païsans mattez de charge & de contrainte,
Et qui contens de peu redoutent les Sergens,
Puis quittans leur trauail deuiennent indigens.
Mais quand le Païsan voit le bout de sa tasche,
Iusques à ce qu’il soit quitte il n’a point de relasche.
Et celuy qui n’eust eu de l’argent qu’à demy,
Deuenu mesnager en preste à son amy.
Les peuples ce faisant reprendront leur haleine,
Et le Roy remplira son Espargne sans peine.
On cessera de voir tant de gueux arrogans,
Qu’on voyoit s’ériger en tiltre de brigans ;
Et qui de Laboureurs à la moindre equipée
Estoient soldats vn mois, & puis quittoient l’espée.
Ce desordre a reduit la Taille à non-valeur,
Et fait le Païsan estre ou gueux ou voleur.
Mais aujourd’huy qu’il voit la Taille retranchée,
Son espée à son soc sera tost remmanchée,
En coultre se changeant par l’Art du Forgeron,
S’il n’en fait vne houë à quelque Vigneron.
En vn mot, si le Roy descharge la campagne,
Il pourra dans deux ans assujettir l’Espagne.
Y planter seurement par tout ses Fleurs-de Lys,
Et Varin dans Madrid imprimer des Louys :
Car puis qu’vn des Supposts de la Maison d’Austriche
R’ensemence desia ses campagnes en friche,