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Mazarinade n° C_1_3

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Anonyme [1649 [?]], LE CAPRICE DES ESPRITS, OV LA PHILOSOPHIE DES FOVS. , françaisRéférence RIM : M0_625. Cote locale : C_1_3.


Senecque dit qu’il y a des choses que nous
prenons d’abord pour vn diuertissement, qui par aprés
se rendent necessaires, & de necessaires viennent à
nous tyrãniser, & à nous gourmander comme des esclaues.
C’est ce que nous deuons apprehender que tous
ces discours mauuais que l’on tient, & que nous escoutons
librement, ne prennent à la fin tant d’empire
sur nous, qu’il soit impossible par aprés de nous en
pouuoir deffaire. De méme que cet Empereur s’accoustuma
tellement à manger du poison, qu’enfin il
se tourna en nourriture, & en vivoit comme de la
meilleure viande du monde ; la medisance n’a elle pas
toujours passé pour le plus grand, comme le plus lasche
de tous les pechés ? Comment est ce que les ames
genereuses & Chretiénnes la peuuent souffrir ? Les nations
les moins policées condamnoient à mort les médisans,
pourquoy nous autres François les respectons
nous ? c’est se rendre complices de leurs crimes, c’est
fauoriser leurs iniustes desseins, c’est participer à leurs
erreurs, c’est auoir perdu l’esprit, & le iugement, &
meriter le nom de beste. Pour moy ie ne puis comprendre
comment ce defaut est commun à tout le
monde, & comment ce venin penetre iusques dans
les cloistres & les solitudes ; des gens de vertu, de
saincteté, de Religion, de probité, lire des liures
scandaleux, & pleins d’iniures, eux qui en defendent
la veuë aux autres sous peine d’excommunication,
c’est ce qui me fait dresser les cheueux à la teste, &
glacer le sang dedans les veines. Mais vous, Messieurs
les administrateurs de la Iustice, comment souffrés