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Mazarinade n° B_17_4

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Anonyme [1652], LE BOVRGEOIS SATVRNIEN, ERRANT PAR LA VILLE DE PARIS, Pour apprendre ce qui se fait & passe, tant du Parlement, de l’Hostel de Ville, que du peuple de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_603. Cote locale : B_17_4.


le trauail ne m’escorche ny les pieds, ny les
mains ; i’employe toutes les iournées à me pourmener
dans Paris, où ie remarque vne diuersité
de postures & d’opinions : I’y vois des assemblées
des peuples au bout du Pont-neuf & ailleurs, sans
que la curiosité toutesfois m’y fasse beaucoup arrester ;
Ie ne suis ny sourd ny aueugle, c’est pourquoi
ie ne me puis empescher que ie n’entende,
& que ie ne voye ce qui s’y fait, mais sur toutes
choses i’ay remarqué que l’entretien le plus familier
qu’on y a, c’est de parler du Mazarin, & qu’on
y entend raisonner ce nom funeste & odieux, à
toutes les occasions, comme si les Parisiens ne le
vouloient iamais oublier. Tu és vn Mazarin, ce
dit l’vn, quand il veut faire vn reproche ; l’autre
prend ce nom pour pretexte d’en frapper vn autre
& de le piller, vn autre le prononce en riant,
de sorte qu’on n’entend parler d’autre chose,
comme si l’on vouloit rendre ce nom immortel.
Les enfans mesme du berceau, & qui ne sçauroient
encore parler, le prononcent aussi franchemenr
que leurs peres, qui prennent beaucoup
de peine à leur en donner des leçons, pour les
faire resouuenir, disent-ils, au temps à venir de ce
qui se passe auiourd’huy. En quoy ils semblent
se comporter comme celui qui voulant faire
croire qu’il estoit Dieu, apprit à vn Perroquet à
le dire en Grec, puis le laissant aller dans vn bois