[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_12_48

Image de la page

Anonyme [1652], LA VERITÉ DE CE QVI S’EST passé à Paris en trois fascheuses rencontres. CONTRE LES IMPOSTVRES contenuës en la Lettre Mazarine, du Bourgeois desinteressé. AVEC LA RESPONSE A LA LETTRE escrite par le Cardinal Mazarin, sous le nom du Roy, au Parlement de Roüen. , françaisRéférence RIM : M0_3986. Cote locale : B_12_48.


le feu aux mouiquets, & aux fusils, qui tuerent les plus aduancez.
 
Apres ce combat, qui auoit apporté quelque confusion, certains seditieux
perdirent le respect qu’ils deuoient à Messieurs du Parlement.
Mais comme en cette iournée ceux du party Mazarin craignoient vn
Arrest contraire à leur volonté, ou vne insulte, si l’Arrest estoit conforme
à leur desir ; ils auoient remply la salle, les degrez, la court, & les
ruës voisines du Palais de personnes acheptées, qui pour gagner ce
qu’on leur auoit ou donné, ou promis, firent laschement le premier
bruit, qui enexcita vn plus grand, parmy ceux qui estoient zelez pour
le bien public : Ainsi les vns & les autres offenserent en paroles quasi
tous les Iuges. Tant s’en faut donc, que dans cette rencontre on
puisse accuser le Duc de Beaufort de quelque manquement qu’on
doit aduoüer, que sa generosité & sa vigilance le porterent par tout
pour empescher que Messieurs du Parlement ne reçeussent du desplaisir.
Il n’est pas donc vray qu’il eut projetté de faire vn affront aux
Magistrats ; mais plustost qu’il a employé son credit, & hazardé sa vie
pour mettre la leur en seureté. Ils le recogneurent, & l’en remercierent ;
ainsi le pretendu desinteressé est conuaincu d’impostures
par le tesmoignage de ses Iuges, par la notice publique, & par sa
propre temerité, qui a confondu les temps & les choses.
Pour venir à la seconde calomnie ; le Bourgeois fait vn recit impertinent
du voyage du Roy, depuis Melun iusques à S. Denis : Il appelle
traistre vn President qui est homme d’honneur, & de race illustre :
il trouue mauuais d’vne action de prudence, qui luy auoit conseillé de
retirer ses meubles dans vn temps où les gens de guerre mal disciplinez,
& irritez, ne se contentent pas de piller ; mais demolissent les maisons
sons de la campagne. Cependant nostre effronté Bourgeois contre la
notice & experience vniuerselle, ne laisse pas de nous representer le
passage des Soldats enragez, commandez par vn Huguenot, comme vn
procession de Religieux bien reformez. Il asseure qu’ils ne gastent
point les bleds, qu’ils ont mangé en vert, abbatus en fleur, battus en
grain. Il nous reproche vn conuoy d’vne vingtaine de charettes de
pain enuoyé de Gonnesse, comme vn secours dans vne extremité de
famine. Il s’imagine que nous ne sçaurons pas discerner vne charité
d’auec vne finesse : celle-cy n’ayant agy que pour piper les peuples,
en leur faisant perdre la pensée du degast de plus de deux cens mil
escus de grains qu’on ruinoit autour de Gonnesse ; lors qu’on nous
amusoit, par vne assistance non continuée, de trois ou quatre cens
escus de pains, qui estoit consommés dans trois jours par cent Familles ;
lors qu’on en rendoit pour tousjours cent mille miserables.