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Mazarinade n° A_3_31

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Anonyme [1649], L'ANTI DESINTERESSÉ OV L’EQVITABLE CENSEVR DES LIBELLES SEMEZ DANS PARIS SOVS LE NOM DV DES-INTERESSÉ. COMMENCANT PAR CES MOTS, Pauure Peuple abusé; Desille les yeux, & tendant à des-vnir les Habitans de cette Ville d’auec les Princes & le Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_87. Cote locale : A_3_31.

L’ANTI-DESINTERESSÉ, Ou l’équitable Censeur des Libelles semez dans Paris sous le
nom du Des-interessé, commençant par ces mots, Et de Pauure
Peuple abusé, desille tes yeux, afin de desvnir les Habitans
de cette Ville d’auec les Princes & le Parlement.
PEVPLE de Paris, c'est à dire le plus glorieux du monde,
& de la Ville la plus fameuse de l’Vniuers, Ie suis
l’vn de tes plus affectionnez Compatriotes, qui tout fatigué
/> encore d’auoir batu nos Ennemis en vne occasion
d’où ie viens, ay posé bas le harnois & l’espée pour prendre la plume
contre mon ordinaire, & refuter en me delassant quelques Libelles
qui m’ont esté communiquez par l’vn de mes amis, afin d’empescher
les sinistres effets qu’ils produiroiẽt en abusãt de ta simple credulité.
Vn ancien mettoit auec raison au rang des plus redoutables Ennemis
celuy qui employoit les ruses & les artifices : car en ce rencontre
toute la valeur est inutile, & la prudence ne sçauroit preuenir le mal
qui luy est ainsi preparé.
C’est de cette façon que le perturbateur de nostre repos, Iules
Mazarin, pretend de ruïner cette grande Ville, en laquelle il a fait
distribuer ces Libelles, sans doute composez par vn écriuain de ses
Partisans, où, sous l’apparence de nostre bien, nous sont presentez
les funestes moyens de nostre perte.
Mais, chers Compatriotes, ce qui vous doit faire d’abord mépriser
les auis de ce mauuais Conseiller, est le peu d’affection auec la quelle
il vous les donne, cõme il le tesmoigne par le nom qu’il a pris de desinteressé,
qui n’est nullement propre à qui veut persuader vne chose
d’importance, de mesme qu’est le salut public, dont on ne peut s’entremettre
sans interest & sans bien-veillance. D’où vous deuez aussi
iuger que ce faux Des-interessé n’a qu’vne pernicieuse intention : &
qu’estãt en effet dépoüillé de vos interests, ce qu’il entend finement
sous son nom, il est entierement reuestu de celuy de vostre Ennemy,
duquel, s’il osoit, il soustiendroit aussi ouuertement la cause qu’il tasche
couuertement à l’auancer par ces imprimez seditieux.
Il s’efforce donc à nous rendre suspects le Parlement & nos Generaux
afin de nous soûleuer contr’eux, & nous en separer pour