[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_1_9

Image de la page

Saint-Joseph (révérend père dom Pierre de = R. P. D. P. D. S. J.) [1649], CATECHISME DES PARTISANS, OV RESOLVTIONS THEOLOGIQVES touchant l’Imposition, Leuées & Employ des Finances, Dressée par Demandes & Responces, pour plus grande facilité. , françaisRéférence RIM : M0_652. Cote locale : D_1_9.


pas sans, puis que leurs plus grands profits, viennent des auances qu’ils font, & des
grosses remises qui leur sont faites, ce qui met le prix de leurs chaages a des sommes
immenses au de la des gages qui leur sont attribuez ?
 
R. Il n’y a point de difficulté en cela, leur condition dans ces occasions n’est
point differente d’auec celle des Partisans, dont ils peuuent porter le nom, puis
qu’ils en font l’office.
D. Mais les vns & les autres, ne prennent point ces grosses sommes dans leurs
bourses, ils l’empruntent du tiers & du quart, dont ils payent l’interest, ce qui n’est
pas raisonnable qu’ils fassent à leurs despens ?
R. A cela ie responds deux choses. Premierement, que les obligations de ces
particuliers qui leur prestent auec interest sont vsuraires, & par ainsi suiettes à restitution
En second lieu, qu’il y a bien de la difference, de prendre de l’argent d’autruy
à cinq ou six pour cent, afin d’auancer au Roy, pour apres le reprendre sur soy-mesme,
& cependant en retenir par ses mains, & en prendre, quinze, dix-huict, ou
vingt pour cent. Et c’est pour ce suiet que tous ces Partisans & Tresoriers sont punissables,
puisque faisant auance du bien d’autruy, ils en prennent plus du Roy, qu’ils
n’en donnent pas aux particuliers ; Ce qu’on ne sçauroit desauoüer estre vn vol public,
punissable par toutes les Loix diuines & humaines, si l’on ne veut renoncer non
seulement au Christianisme, mais au sens commun.
D. Que dites-vous des Tresoriers des guerres, qui profitent sur les payes de la
Milice, & des Capitaines, qui retiennent la solde des soldats, & cependant leur permettent
de voler pour s’entretenir ?
R. La mesme chose que i’ay dit des autres, que ce sont des larcins, qui non seulement
obligent à restitution, mais qui sont punissables par toute sorte de Loix politiques.
Et ce que ie trouue de plus estrange dans cét abus ; est qu’au lieu d’en faire
scrupule, on en fait gloire & estat comme d’vn profit iuste & legitime : Car auiourd’huy
dés lors qu’vne personne a eu la commission pour leuer vne Compagnie ou vn
Regiment : on ne fait point la petite bouche, de dire, il y a tant de bon pour moy :
i’auray tant de passe-volans, suffira que ma Compagnie où mon Regiment soient
composez de tant d’hommes, la solde des autres sera pour moy. Sans parler des profits
des quartiers d’Hyuer, où l’on rançonne les lieux que l’on a pour garnison, qui
est vn nouueau genre de vol & de larcin public. Aussi la pluspart ne s’engagent point
dans ces exercices, par le desir de l’honneur, ny du seruice du Roy & de l’Estat, mais
par celuy de profiter par ces voleries & pilleries, qu’ils se persuadent estre permises
& legitimes. Dites le mesme des Tresoriers qui composent des Ordonnances, & des
assignations que l’on a tiré sur eux.
D. Depuis quelques années, on a inuenté vne nouuelle sorte d’imposition, sous le
nom d’Aysez & sous-Aysez, qui a fait beaucoup de bruit, & dont plusieurs se plaignent,
& à mon iugement auec raison : Ie vous prie de m’en dire le vostre ?
R. A cela ie ne sçay que vous respondre. Le cœur me saigne quand i’y pense Cette
inuention n’est pas des hommes, elle ne peut estre sortie que de l’Enfer, pour la
ruyne vniuerselle de l’Estat en general, & de chacun en particulier : Qui met les
François dans vne condition plus rude qu’ils ne seroient pas sous la domination du
Turc, & par laquelle il n’y a personne dans le Royaume, de quelque condition qu’il
soit, qui puisse s’asseurer d’auoir vn teston en propre, & dont il puisse faire estat.
D. Ie vous prie de m’expliquer plus clairement ?
R. C’est que sous la domination du Turc, les taxes sont arrestées & publiques,
ou chacun sçait ce qu’il doit par reste, apres quoy il possede son bien en repos &
tranquillité. Au lieu que si outre les Tailles & mille impositions qui sont sur les