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Mazarinade n° C_5_37

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Molé, Mathieu [1649], HARANGVES FAITES A LA REYNE REGENTE. PAR MONSEIGNEVR LE premier President du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_1614. Cote locale : C_5_37.


vous conjurons tres-ardamment de nous continüer l’honneur de vostre
bien-veillance, auec protestation, que nous sommes tres-obeyssans &
tres-fidelles Seruiteurs.
  AVTRE HARANGVE.
MADAME,
Nous sommes venus icy, pour témoigner à Vostre Majesté, comme
nous auons tousiours esté ses tres-humbles Seruiteurs. Nous auons trouué
bien estrange, Madame, qu’apres des actions de grace si esclatantes, renduës
à Dieu pour le gain d’vne grande Bataille, Nos Confreres ayent esté
arrestez prisonniers, & que les graces que Dieu vous a faites ayent esté
tournées en disgraces bien rudes pour nous. Ouy, Madame, bien rudes ;
car apres auoir bien examiné nos actions, & nos consciences, nous n’y auons
rien trouué digne de la prison, & de la disgrace. Nous venons icy, Madame,
pour vous demander les prisonniers : mais ce n’est pas nous qui les demandons,
c’est cent mil hommes armez qui les demandent. Il a fallu passer
cent Barricades, pour vous venir porter nos plaintes. Et nous auons ouy le
Peuple qui crioit, Viue le Roy, & bien autre chose que nous n’oserions
dire à Vostre Maiesté. Il n’est plus temps, Madame, de consulter vostre
politique & vostre raison ; le Peuple n’en a point. Ie ne sçay si on ne vous
trompe point, Madame, & si on vous a dit l’Estat où est vostre Royaume,
& vostre Ville de Paris : Le mal est si grand, qu’il est presque sans remede.
l’apprehende, que Vostre Maieste ne soit obligée d’accorder à la force, & à
la mutinerie du Peuple, ce qu’elle refuse à la tres-humble supplication du
Parlement.