[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_9_2

Image de la page

Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.



L. R. Le Sage que vous alleguez en a fait assez experience pour
en estre creu. C’est pourquoy ie voudrois bien que nous eussions
trouué quelque antidote à ce poison.
L. G. Le voulez-vous ?
L. R. Ie vous en prie.
L. G. Faites la fonction d’vn Roy, qui est de n’estre iamais oisif,
& ie promets à V. M. qu’elle estouffera en ce faisant le fils & la
mere, qui est l’Amour & l’Oisiueté. C’est vne passion d’vne ame
vuide qui a pour son object la beauté : & la beauté est vn estre volatil,
& qui n’a point de consistance : elle est plus fragile que le verre,
qui ne se casse point comme elle, sans qu’on le touche. Auant qu’elle
ait ses derniers traits de perfection, elle n’est point encores, &
les ayant, dés ce mesme moment elle décline. Pour se perdre elle
n’a besoing que d’estre. Elle ne se peut non plus fixer que le temps,
& nous ne pouuons faire aucun vœu pour la personne aymée, que
ce mesme vœu ne soit pour la ruïne de ce que nous aymons en elle.
L. R. Les Dames, mon Gouuerneur, ne vous sont gueres obligées
de l’opinion que vous auez de leur beauté : N’auez-vous point
de peur d’offencer vótre Maistresse.
L. G. Ma Maistresse a des qualitez plus belles que la Beauté
mesme : Mais à peine ay-je l’honneur d’estre conneu d’elle, & ie
n’oserois luy dire le long-temps qu’il y a que ie la sers, de peur de
luy reprocher son aage. Ie la supplie en ce lieu de me permettre de
reuenir à mon Maistre.
L. R. Vous me faites plaisir ; Et parce que vous m’auez dit que
l’Amour est vne passion d’vne ame vuide, ie vous prie de mayder à
remplir la mienne, & de me donner quelque idée generale de toutes
les dépendances de mon Estat.
L. G. Il est tres-juste, SIRE ; Pour cét effet il seroit à propos
qu’auant toutes choses V. M. fust instruite de toute l’estenduë de
son Royaume, de ses vieux & nouueaux confins, du nombre des
Prouinces qui le composent : de leur situation, des fleuues & des
riuieres qui en font la diuision, & que toutes ces Images differentes
fussent placées si distinctement en sa memoire, qu’il les peust toutes
voir, chacune en son lieu d’vne seule veuë d’esprit. En suitte de
cela, puisque le Clergé fait la premiere partie de son Estat, ie serois
d’auis que V. M. sceust combien il y a de Primaties en son Royaume :
combien d’Archeueschez sous chaque Primatie : & d’Eueschez
sous chaque Archeuesché : Combien d’Abbayes, quelle est leur situation,
quel est leur reuenu, qui sont les Prelats ou les Abbez qui
les remplissent, quelle est leur vie & leur reputation, quels sont les