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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


aux seconds de se battre, on retranche pour le moins la moitié
de ce mal funeste : on soulage les deux parties de la despense, &
de l’accablement de leurs amis ; particulierement dans les Prouinces.
Il en reüssit encores vn autre bien, qui est, qu’vn jeune homme
ne se pressera jamais de seruir de second dans vne occasion où il
aura les mains liées ; & par ce moyen la charge de seruir son amy
viendra d’elle-mesme aux plus sages, qui se trouueront interessez
par leur honneur propre, & par la societé de leur employ, de deuenir
les amis communs des deux parties, & de ne leur permettre pas
de se battre, sans quelque legitime fondement. Quand je considere
comme s’est pû naturaliser en nous cette manie de duels, je
ne la puis conceuoir que comme vn second peché originel de nôtre
Nation. Premierement, la ciuilité de nos combats tesmoigne
assez, qu’en cette action nous ne sommes point alterez de sang
humain ; Que si c’est pour la reputation qu’on se bat, il arriue souuent
que qui pense s’enrichir de l’honneur d’autruy, s’appauurit
du sien ; & l’vsurpation que nous en voulons faire dans vne injuste
querelle, tesmoigne combien est grande nótre necessité de ce
costé-là. Au surplus, le duel n’est qu’vne vertu de gladiateur, &
nous ne pouuons faire le dénombrement de nos combats, sans le
faire de nos bijarreries. Car en effet, les querelles ne sont rien autre
chose qu’vne impuissance actiue ou passiue en la societé de la
vie ciuile. Pour conclusion, chacun fuit les Braues, chacun les condamne ;
& auec tout cela chacun le veut estre, quoy qu’on s’apperçoiue
bien, qu’ils ne sont considerables que comme ces fameux
Escueils qui n’ont de la reputation que par le nombre des naufrages
qu’ils ont causé.
 
L. R. Ce que vous dites est le plus beau du monde ; mais si on
oste les duels, comment est-ce que la Noblesse pourra tesmoigner
son courage ?
L. G. Dans vos armées, SIRE.
L. R. Et s’il n’y a point de guerre ?
L. G. S’il n’y en a point, est-il juste de souffrir entr’eux vne
guerre ciuile, pour satisfaire à cette furieuse démangeaison d’honneur ?
Qu’elle se serue de son cœur contre ses vices, qui sont ses plus
grands ennemis, & à supporter constamment les fascheux euenemens
de la vie ; elle ne manquera point d’honorable occasion de
l’exercer. Au sui plus, il y a bien de la difference entre vn homme