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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


de leurs personnes, je le devois estre de leur service : mais vótre
raisonnement me fait concevoir qu’ils ont encores besoin de quelques
qualitez plus essentielles. En effet il y a bien de l’apparence,
que quand les vices qui aiment l’ombre & le cachot, ne trouveront
point de retraitte en ma Chambre, ny de complices parmy les
miens, ils ne me feront pas grand mal. Mais vous ne me dites rien
de mes Enfans d’honneur, qui doiuent estre de mes exercices &
de mes plaisirs ?
 
L. R. SIRE, Estans issus de sang illustre, & ayans l’honneur
d’estre admis en cette glorieuse societé, qui les rend en quelque sorte
vos compagnons, je ne me puis imaginer qu’il ne se forme entr’eux
vne honneste emulation à qui deuiendra le meilleur ; & ainsi
je ne disois rien d’eux à V. M. comme estant asseuré de leur vertu.
Neantmoins parce qu’il est cõme impossible, qu’il ne se rencontre
quelqu’vn de vicieux en cette illustre Compagnie, je serois d’avis
que leurs fautes legeres fussent punies par vne honte legere ; celles
qui seroient vn peu plus importantes, par vn exil d’vn jour ; & les
pechez d’habitude qui sont incorrigibles & contagieux, par vn
éloignement de vótre presence, dont l’arrest fust irrevocable, qu’il
n’y eust vn amendement manifeste.
L. R. Et quoy ! si j’aime celuy qu’on voudra éloigner, seray-je
obligé de le permettre ?
L. G. SIRE, Si vous l’aimez, infailliblement il vous aimera, &
vous aimant, il quitera son vice, qui est la peine de son éloignemẽt ;
& s’il ne le veut point quitter, il vous fait voir qu’il aime mieux son
vice que vous ; & par cette preference de son vice à V. M. il se rend
indigne de l’honneur de vostre affection.
L. R. Et moy je me rends à la force de vos raisons, & consens
de bon cœur, que tout vicieux (quelque inclination que je puisse
avoir pour luy) soit privé pour jamais de l’honneste societé de mes
exercices & de mes plaisirs, s’il ne s’amende.
L. G. C’est bien dit, S’il ne s’amende ; il est juste que la disgrace
qu’il aura encouruë cesse auec sa cause, & quiconque surmonte la
depravation de sa nature, pour s’accommoder à la bonté de la vôtre,
luy tesmoigne plus de respect & d’amour en la violence qu’il
se fait, que s’il eust esté naturellement vertueux.
L. R. Dites moy, je vous prie, qu’appellez vous vertu ?
L. G. Ie n’oserois vous la dépeindre des couleurs de l’Escole,