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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.



L. R. Il est tres-certain.
L. G. Vous voyez donc que vos Domestiques font vne partie
de vôtre felicité : mais certes comme la main doit estre la plus nette,
& la plus adroite de toutes les parties du corps, il faut aussi que
ceux qui sont employez au seruice de sa Maison, & particulieremẽt
de sa Chambre, ayent toutes ces qualitez : car en effet ce sont vos
sur-veillans, & en quelque sorte, les depositaires de vôtre Persõne.
Leurs charges sont de telle consequence, que je ne puis comprendre,
comme il a esté possible de les rendre venales ; & que les Rois
vos Predecesseurs ayent souffert cette simonie d’Estat : Mais puis
que la chose est en vsage, & qu’on n’en a point encores veu reüssir
aucun mauuais effet, peut-estre y auroit-il maintenant autant de
mal à la changer, qu’il y en a eu autresfois à l’introduire. Tout ce
qu’il y a à faire en ce rencontre, est de donner auis à V. M. de n’y
admettre personne, non plus qu’on a fait par le passé, qu’il n’ait toutes
les qualitez requises à vn employ de telle importance. Le linge
qui vous touche à la peau, doit estre le plus blanc, le plus net, & le
plus cõmode de tout ce que vous avez sur vous. Ceux qui assistent,
& qui vous seruent d’ordinaire à vótre lever, & à vótre coucher, &
qui commandent au seruice de vótre Chambre & de vótre Garderobe,
doivent estre les plus purs, les plus affables, & les plus avisez
de tous vos Domestiques. Et cõme le mesme linge qui vous touche
la peau, en cache & nettoye doucement toutes les impuretez, il faut
aussi que leur discretion cache vos fautes, & qu’ils ayent vne prudence
detersive qui les essuye, sans vous blesser. V. M. se dépoüille
en leur presence de Sa Majesté, ils voyent vne partie de vótre ame
à nud, comme vne partie de vótre corps, & par l’assiduité de leur
presence & de leur seruice, ils acquierent aupres de vous vne confidence
que vous ne pouuez empescher. Enfin, SIRE, c’est avec
eux que se fait la premiere digestion de vos mœurs, qui ne peut
estre imparfaite, que toutes les autres actions de vótre vie ne s’en
ressentent : cela estant, il me semble qu’il est absolument necessaire
que les premiers Officiers de la Chambre & de la Garderobe ayẽt
vne eminente vertu, & que les seruices qui s’y feront soient rendus
par des hommes sages, discrets, & avisez.
L. R. Veritablement je me trouue surpris de tout ce que vous
me dites, ayant toûjours creu que pourueu que ceux qui sont de ma
Chambre, fussent adroits de leurs mains, & que mon œil fust satisfait