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Mazarinade n° B_20_15

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Anonyme [1649], CONSOLATION AV PEVPLE DE PARIS, TOVCHANT LES AFFAIRES DE CE TEMPS, , françaisRéférence RIM : M0_770. Cote locale : B_20_15.


Il me semble que tu devrois estre accoustumée aux ennuis,
& que tu dois auoir fait habitude auec la mauuaise fortune
qui te visite il y a si long-temps qu’on peut dire qu’elle est
ta domestique. Il y a si long-temps que tu portes des habits
de dueil, que tu ne dois point estre surprise de cet accident
qui te met en desordre, puis que ce n’est pas vne nouueauté
que tu sois persecutée. Ne sçais-tu pas qu’il en est des afflictions
à ceux qui en veulent faire vn bon vsage, comme des
vents aux grands arbres, qui ne seruent qu’à leur faire prendre
de plus profondes racines en terre ? Il me semble que
c’est auec raison que i admire la pensée de celuy qui a dit,
Ie ne me suis iamais fié à la fortune, bien qu elle ne me monstrast
qu’vn visage de paix & de charmes.
 
Tu deuois bien croire, ô ma chere Ville ! que le Vaisseau
que tu prens pour tes armes ne vogueroit pas tousiours sur
vne mer calme & tranquille, puis que les afflictions sont les
tempestes de nostre nauigation. Souuien-toy que c’est Dieu
qui t’afflige, & qu’il en est de luy comme d’vn Medecin qui ne
nous touche iamais que pour nous guerir. Souuien-toy, dis-ie,
de dire auec vn illustre persecuté, Beny soit le Seigneur qui
nous a enseigné des chansons pour la nuict. Ce mesme Dieu
qui a permis que le desir de la vengeance s’allumast dans le
cœur de tes persecuteurs, peut amolir ces mesmes cœurs,
& peut mettre au rang de tes Anges tutelaires ceux qui
s’efforcent de t’outrager auiourd’huy. Mais apres tout, ne
considere pas tant la force & le grand nombre des bras qui te
combattent, que tu ne regardes aussi en mesme temps, & la
sagesse des testes qui te maintiennent, & la valeur des Princes
que Dieu a fait voler à ton secours. Ne te souuient-il plus
qu’Andromede, dont tu es l’expresse peinture, quoy qu’elle