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Mazarinade n° A_2_60

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Anonyme [1649], TROISIESME DIALOGVE ENTRE LE ROY DE BRONZE ET LA SAMARITAINE. Sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1090. Cote locale : A_2_60.


estre appaisée ? Et qu’attend-elle à nous ramener nos delices, qui sont
les siennes mesmes ? Apres auoir manifestement reconnu, que de tous
nos ennemis, & de tous ceux du Roy, les Domestiques (qui nous vendroient
aux autres, s’ils nous vouloient acheter) sont les plus redoutables.
Ouy, SIRE, ce pernicieux Fauory mettant à prix nostre sang &
nos vies : concertoit nostre perte auec eux, & vouloit faire naistre du
sein d’vne Paix, la plus honteuse que la France ait iamais faite, vne
guerre la plus funeste qu’elle ait iamais soufferte. Graces à nostre
Destin la mine en est éuentée, & le temps nous découurant ses noires
pratiques, les va reduire en fumée. Si nous desirons la paix, nos Ennemis
la souhaittent aussi ; & Mazarin la leur offroit plus auantageuse,
qu’ils n’eussent pû ou la conceuoir sans extrauagance, ou la desirer sans
injustice, ou l’esperer sans folie. Mais graces à Dieu, ils estoient trop
bons Politiques, pour en traitter auec vn Fauory declaré Perturbateur
du repos public ; & comme tel, condamné par ceux là mesmes qui deuoient
en omologuer le traitté. Plust à Dieu seulement que toutes les
intelligences des mauuais François auec Mazarin, ne nous fussent pas
plus cachées que celles de Mazarin auec les Ennemis de l’Estat, & que
le Parlement connût les complices de ces deux humbles Prelats, dont
nous parlions hier, qui meilleurs Courtisans des grandeurs de la terre,
que de celles du Ciel, ayment mieux chez vn Fauory estre assis sur vn
banc, quatre à quatre, dans vne sale basse, que dans leur Euesché chacun
dans vne chaire ; & qui semblent n’abandonner leur troupeau, que
pour venir icy vendre celuy du premier de leurs freres, & de ce braue
Duc de Rets, l’Hercule de ce grand Atlas ; qui sensiblement touché
de l’outrage qu’on luy fait de tirer de sa bergerie les victimes qu’on immole
à ce [1 mot ill.] & plus encore des sacrileges & des insolences que
son Eglise souffre de ces Demons Athees, qui prophanant nos mysteres,
foulent aux pieds, ce qu’adorent les Anges dans le Ciel Empyrée,
ne respire que la vengeance du Tout-puissant outragé, qui luy prestant
ses foudres, luy fait joindre ses genereux efforts à ceux de nos Generaux.
Mais où vont tant de Compagnies que nous voyons passer par
icy ?
 
Henry.
Ie ne sçay, Voisine, si ce n’est que sur I’auis qu’on vient de receuoir
que Monsieur le Prince alloit au deuant du Conuoy qui nous vient de
Normandie, on aille enfermer ce ieune Victorieux entre nos troupes
& celles de Monsieur de Longueuille, que ce bon Ministre d’Estat a
voulu débaucher du party du Roy.
Samaritaine.
Mazarin nous débaucher Monsieur de Longueuille ? Le connoist-il
bien pour y songer seulement ? Et croit-il auoir dequoy tenter vne
vertu si ferme ?