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Mazarinade n° A_5_107

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Anonyme [1649], LA VERITABLE CONDVITE DV COVRTISAN GENEREVX. , françaisRéférence RIM : M0_3925. Cote locale : A_5_107.


Philosophie il est capable de moderer les passions qui la tyrannisent,
de guerir les maladies de son esprit, & de donner
quelques remedes aux blesseures les plus desesperées. Celuy
qui donne des instructions à vn homme particulier ne profite
qu’à vn seul, là où celuy qui estale ce qu’il sçait en faueur du
Prince est vtile à tout vn Royaume. Le Courtisan genereux
& sçauant est la vie des Monarques, & la discipline des Monarchies ;
il est le Maistre des Roys & de leurs peuples ; & par
consequent il sera égallement cheri du Prince & de ses sujets,
les vns & les autres ayant interest à sa conseruation. Si vn
homme pour peu sage qu’il puisse estre, baise volontiers la
main qui le retire du precipice : si vn blessé ne laisse pas d’aymer
le Chirurgien qui luy couppe des membres entiers, qui
applique le fer à ses playes, bien que d’ailleurs il ayt suiet de
se plaindre de sa rigueur ? si ces anciens idolatres adoroient le
Soleil comme vne Diuinité de laquelle ils esperoient beaucoup
de faueurs ; bien qu’il bruslast quelquesfois leurs moissons,
& causast de grandes sterilitez au païs : si les Magiciens
respectent les demons qui les outragent. Ce Prince ne sera-t’il
pas obligé d’honorer tousiours vn sage & genereux Courtisan,
quand il considerera, que ses bons conseils & ses prudens
aduis peuuent donner des remedes veritables à toutes
ses indispositions : qu’ils peuuent garentir son throsne d’vne
cheute honteuse ; qu’il est la diuinité seulle sur terre capable
de remplir son Royaume de tresors inestimables, & le Magicien
innocent qui peut predire la felicité de son regne, le
bon-heur de son gouuernement, la gloire de ses conquestes,
la grandeur de ses triomphes, bien que les fourbes & les flatteurs
luy persuadent que cét homme Courtisan entreprend
trop sur l’authorité Royale, qu’il manque de respect & de
ciuilité, que sa temerité est trop audacieuse, & son iugement
trop aueugle pour contre quarrer des actions que tout le monde
regarde auec admiration, & trouuer à redire à des desseins
qui surmontent les pensées du vulgaire, & qui surpassent les
imaginations des autres. C’est en cela neantmoins que paroist
auec éclat la veritable conduite du genereux Courtisan, de ne
iamais permettre que le Prince duquel il est affectionné, fasse