[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_1_11

Image de la page

Anonyme [1649], CENSVRE GENERALLE DE TOVS LES LIBELLES DIFFAMATOIRES, IMPRIMEZ DEPVIS LA CONCLVSION DE LA PAIX, AV PREIVDICE DE cét Estat. , françaisRéférence RIM : M0_673. Cote locale : C_1_11.



Il me semble que i’entens desia quelques-vns de ces seditieux
me taxer d’estre de la caballe, & m’appeller Mazariniste,
pour me mettre en horreur dans l’esprit du vulguaire,
& l’empescher de reconnoistre mes veritables intentions,
qui ne tendent qu’à les des-abuser de ces illusions
pernicieuses ; quoy que cette iniure n’ayt aucun fondement,
ie suis obligé toutesfois de destruire cette sotte opinion, &
de dire que ie n’ay iamais fait aucune acceptation de personnes ;
qu’outre ce que la Maiesté des Roys & des puissances,
ausquelles ie suis sujet a tiré de moy de respect & de submission ;
Les honnestes gens desquels ie suis connu, pourront
dire que la faueur ne m’a iamais fait commettre des
lascheté, & que i’ay tousiours proportionné l’estime d’vne
personne à la grandeur de sa seule vertu. Pour ce qui est de
celle du Cardinal Mazarin, ie n’en ay receu ny desplaisir
ny faueur particuliere, & quant il s’est apparamment porté
contraire à ma Patrie, i’ay tesmoigné autant de zele à sa
deffense que l’occasion & la necessité me l’ont pu permettre.
Mais à present que les affaires sont pacifiées, & dans vn
estat tranquille & reposé, si les puissances qui nous gouuernent
approuuent son ministere, Ie n’ay ny la volonté ny la
force de les contredire, & sans approfondir l’interieur de
sa conscience & le secret de ses maximes, ie souhaitte seulement,
que s’il a bien fait qu’il continuë, & que s’il a fait
du mal à la France, qu’il luy fasse assez de bien pour en oster
entierement la memoire & le ressentiment.
Que le peuple n’ayt donc point cette creance, que ma
plume soit mercenaire & que mon esprit soit esclaue de la
faueur, ie ne suis ny partialiste ny particulierement interessé,
& mes sentimens sont si conformes à la verité, que la franchise
auec laquelle ie les mets au iour, & la suitte de ce
discours, feront aisément reconnoistre qu’il seroit ridicule
de me taxer de corruption & de flatterie.
Mais pour iustifier les motifs qui me portent à cette Censure
generalle, contre l’opinion d’vn nombre d’ignorans &
de libertins, que ces insolens Escriuains ont pour approbateurs