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Mazarinade n° C_1_18

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Anonyme [1649], LA VERITABLE CONDVITE DV COVRTISAN GENEREVX. , françaisRéférence RIM : M0_3925. Cote locale : C_1_18.


rien qui soit indigne de sa grandeur, de son rang, de sa naissance :
s’il fait autrement c’est vn ennemy dangereux, & vn
lasche perfide qui trahit le party de son Maistre. Plus les Souuerains
ont de seruiteurs & de subiets, plus aussi ont-ils,
d’ennemis à combattre, & d’embusches à esquiuer. C’est
vne fatalité malheureuse qui est ordinaire aux Roys, que leur
puissance fasse autant de persecuteurs, qu’elle fait d’esclaues :
& il semble que l’Autheur de ce grand Vniuers ayt ioint par
vn secret de sa Prouidence ces deux choses ensemble, la haïne
& la Royauté. Vn ancien disoit, que ce n’estoit, ni les finances,
ni les armées, ni les soldats, ni les victoires qui conseruoient
les puissantes Monarchies, mais les veritables amis ;
En effet la gloire de la fortune paroist à desraciner les Royaumes,
& non pas à renuerser les petites loges des pasteurs. Iupiter
ne fait point éclatter ses foudres contre les campagnes,
ni contre les cabanes des pauures ; il s’attaque au Mont Ida, ou
à celuy de Caucase. Denys est mocqué à Corinthe ; Pompée
est le joüet des on des, & la proye des poissons de phare. Cesar
est deschiré par les siens, & le grand Alexandre meurt à Babylone
par la violence d’vn poison mortel. Enfin comme il
n’est point de Royaume qui n’ayt vn bourreau destiné ; il n’y
en a point qui n’ayent besoin d’vn parfait amy pour se conseruer,
& ce parfait amy est le genereux Courtisan qui ne souffre
rien de bas, ni de raualé en la personne du Prince, & qui ne
se propose autre but dans les seruices qu’il luy rend, que la
gloire & l’honneur. Alexandre n’osoit rien faire en presence
de Mecenas, ou de Crates qui fut indigne du sceptre qu’il
portoit ; Numa Pompilius deuint pieux dans la conuersation
qu’il eut auec la Deesse Leglira, Minos grand Politique pour
auoir demeuré l’espace de neuf ans entiers auec Iupiter : &
Lycurgus parfait Legislateur pour auoir esté long temps disciple
d’Apollon. Ainsi le Courtisan genereux est vn amy tres-necessaire
au Prince, & le Prince vertueux qui connoistra son
merite, & qui l’estimera, le conseruera auprés de sa personne
comme la plus riche perle qui orne sa Couronne, & qui
donne de la majesté à son diadême. Sans parler de ces ieunes
Courtisans qui semblent nés à la seruitude ; le Prince n’a besoin