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Mazarinade n° C_11_5

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Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.


Ie consideray que la qualité d’Estranger me susciteroit
sans doute la ialousie des grands, Et qu’il
falloit aller au deuant des menaces que i’auois raison
d’en apprehender, par vn double establissement,
tant dans la France que dans l’Italie ; affin
que si les tempestes me bouleuersoient d’vn costé,
ie peusse me ietter dans l’autre, pour m’y mettre
à l’abry de leurs orages.
 
Pour cét effet ie iettay les yeux sur les grandes
alliances que ie pouuois faire dans la Monarchie
par le moyen de trois de mes niéces ; & sur les terres
que ie pouuois faire conquester dans l’Italie,
par le moyen des armes de France. Ie m’auisé encore
de faire bonne mine à la maison de Condé,
de faire tous mes efforts en effet pour la perdre, &
sur la creance que i’auois, que la grandeur où ie
voyois quelle alloit s’esleuant tous les iours, seroit
pour faire ombre à la mienne, & que son agrandissement
n’estoit pas moins incompatible auec
le mien, qu’il estoit impossible que ie disposasse
Souuerainement de toute la conduite de l’Estat,
pendant que ie donnerois le soisir à vn premier
Prince du Sang, de s’esleuer du Pair auec moy
dans la faueur : Outre cela ie fis tout ce que ie
peus povr disposer de tous les Gouuernemens de
France, en faueur de mes creatures, affin de me
rendre redoutable aux ennemys domestiques.
Que trouue ton à reprẽdre dans cette cõduite ?