[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_8_35

Image de la page

Anonyme [1649], LA RESPONSE DE LA RALLIERE A L’ADIEV DE CATELAN, SON ASSOCIÉ. OV L’ABREGÉ DE LA VIE DE CES deux infames Ministres, & Autheurs des principaux brigandages, volleries, & extorsions de la France. , françaisRéférence RIM : M0_3394. Cote locale : A_8_35.


Nous deuons croire que ce sont nos perfidies, nos luxes & nos auarices
qui en sont les veritables causes, & que Dieu veut que les
maux que nous faisons souffrir aux autres, donnent sans cesse la torture
à nos esprits. Au contraire les gens de bien n’ont que des pensées
& des songes agreables : Il n’y a point de bonnace plus profonde
que celle de leurs esprits. Ils ne craignent personne, parce qu’ils
n’ont iamais donné suiet de se plaindre d’eux auec raison : ils parlent
hardiment, parce qu’on ne leur peut faire des reproches :
La ioye de leurs visages tesmoigne celle de leurs ames, & leurs langues
seruent tousiours à leurs cœurs de fidelles Interpretes.
 
Vous me direz sans doute que ie fais le Predicateur, & que ie
n’eus iamais de si bons mouuemens. Il est vray, ie vous l’accorde :
mais ayez telle opinion que vous voudrez de mes sentimens, ie suis
resolu de viure selon les loix du veritable Euãgile, parce que vous
& moy n’auons iamais ouy parler que du faux. Ie sçay que vostre
cœur est tellement endurcy, qu’il faut pour le toucher plus d’vn
miracle, autrement vous n’y croirez iamais. Ie sçay que nous auõs
vescu iusque icy sans foy, sans Religion, & sans loy ; mais il est tẽps
que nous commencions vne meilleure vie, & que nous rendions
graces à celuy, qui par sa misericorde nous fait ouurir les yeux
pour l’adorer, il ne veut point nostre mort, & malgré toutes les resistances
que nous luy faisons, il nous veut attirer à luy. Mais il
semble que vous vous offensiez de ces remonstrances Chrestiennes
& morales, & que l’image de vostre vie passée, soit plus capable de
vous ramener, que tous les passages de la Bible. Peut estre que
quand on vous parlera de vostre neant, & de la bassesse de vostre
naissance, vous aurez honte de la vie que vous faites maintenant.
Escoutez donc ce que i’appris auant hier par vn de vos Commis
qui me rendit visite : ie tairay par respect les noms de la Prouince
& de la ville où vous estes né, craignant de ternir en quelque
façon par vostre infamie, la memoire & la reputation des
grands Hommes qu’elles ont porté. l’offencerois cette genereuse
Noblesse en luy parlant de vous, elle qui a tousiours esté comme
elle est encore auiourd’huy le principal instrument de la gloire de
nos Princes, & vous celuy de la misere de leurs Peuples. Voicy ce
qu’il me dit, que vostre naissance estoit fort obscure, & que la maison
de vostre pere estoit vne Academie de berlant & d’amour, où
vous ne seruiez qu’à moucher la chandelle, faire du feu, seruir à
table, & porter les poulets, i’entens ceux de Venus, & lors que ces
practiques venoient a manquer, vous estiez contraint de porter les