[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_9_59

Image de la page

Anonyme [1649], LA RENCONTRE INOPINÉE DE MARS ET DE VENVS DANS LE COVRS DE LA REYNE, ARRIVEZ NOVVELLEMENT EN FRANCE. PREMIER ENTRETIEN. , françaisRéférence RIM : M0_3348. Cote locale : C_9_59.


de mon sang & de ma race ; les autres qui auoient plus de
retenuë, où moins de vanité, qui n’osoient choquer ma
puissance, ny se faire mes parens, empruntoient mon nom,
& mes habits, & vouloient auoir l’ambition d’estre au moins
en apparence, ce que ie suis en effet, les portraicts qui representoient
leurs personnes ; les statuës erigées à leur gloire,
les Pyramides où estoient grauées leurs victoires ? les Arcs
triomphaux qui soustenoient les despoüilles remportées sur
leurs ennemis ; les superbes Mausolées où reposoient leurs
cendres & leurs os ; toutes ces marques de leurs grandeurs,
ne portoient que les carracteres de ma figure, & l’idée de
mon visage. Ceux méme qui se sont faict nommer conquerans,
victorieux, aigles, dompteurs des nations, foudroyans,
n’ont releué ces tiltres que par celuy de Mars ; & n’ont fait
éclater ces noms que par la splendeur du mien, & sous l’authorité
de ma puissance. Mais sans aller de plus loin rechercher
la verité des Histoires ancienne, & sans foüiller dans les
tombeaux des Roys qui ont precedé de plus de mille ans le
siecle où nous viuons, nous trouuerons dans les Annalles
des Royaumes de France, d’Espagne, de Pologne, d’Angleterre,
sans oublier celuy de Perse & des Ostomans, que plusieurs
de leurs Monarques, comme de leurs Princes se sont
donnés le nom & la qualité de Mars. Mais maintenant les
peuples qui n’ayment plus ces titres de force, de puissance,
de Tyrannie : ont obligé leurs Souuerains pour gaigner
leurs affections de prendre des noms de vertu, & de bonté.
Par ainsi ils m’ont banny de tous les Royaumes, & ie ne sçache
aucun lieu où me retirer.
 
Venus.
I’en pourrois dire autant de moy que i’estois si vniuersellement
respectée par toute l’estenduë de la terre, qu’on ne
parloit que des perfections de mon eminente beauté, des
attraits de mon visage des charmes de mes yeux, de la delicatesse
de mon tein, meslé d’incarnat, de rose & de lis, de la
blancheur de ma gorge, du Corail de mes lévres, de la douceur
de ma voix : La terre & les Cieux estoient égallement
soûmis à mes loix : Ie triomphois des Dieux aussi bien que
des hommes : mon Empire n’auoit ny bornes, ny limites,