[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_9_61

Image de la page

Anonyme [1649], LA RENCONTRE D’VN GASCON ET D’VN POITEVIN, LES FANFARONADES DE L’VN, ET LES CONTINVELLES RAILLERIES DE L’AVTRE. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_3346. Cote locale : C_9_61.


les armes, pour ce que n’estant que cœur iou ne sçaurois
estre vlessé que iou ne mourusse beu que le cœur vlessé,
il faut mourir. Iou bay bous dire, comme i’auandonay
ma Probince, & pourquoy iou choisi, plustost l’Italie
que la Flandre, pour aller faire mes proüesses.
 
Le Poit. C’est ce que i’attends auec impatience.
Le Gas. Amarante, velle comme le iour, aboit depuis
peu de iours, accepté mes serbices, iou la serbois comme
ma Maistresse, i’abois gagné sa vien-beillance, & iou
m’estimois plus heureux qu’vn Roy, lors que le Marquis
de S. Georges debenant amouroux de cette veauté ne fit
point difficulté de se declater son amant, & mon ribal.
Diou sçait à quel punt de colere s’excita mon courage,
iou lou priay cibilement de se dispenser de cette recherche,
ce qu’il me refusa, & deslors nous prismes iour pour
le lendemain pour bider cet amourous different. Le Marquis
de S. Georges, estoit adret, & baillant, son second
l’estoit semulaulement, mais ie ne manquois pas ny de
l’vn ny de l’autre non plus que mon Escuyer qui meserboit,
de façon que le lendemain nous troubant sur le pré
en honnestes gens, nous mismes l’espée à la main, & nous
disputasmes Amarante : mais mon bon heur boulut que
ie port asse par terre mon ennemy qui mourut sur le chãp,
& qui alla tenir compagnie à vingt-deux. Varons, Comtes,
& Marquis que i’abois mis à la sepulture. Mon Escuyer
bainquit semulaulement son adbersaire, & il nous
fallut sauber à Cadillac chez lou Duc d’Espernon mon
Cousin, quittant ainsi, & amour & Maitresse.
Le Poit. Que de monde vous auez tué, M. le Marquis
sans estre en peine !
Le Gas. Que distes-bous, sans estre en peine ! tous ces
duels m’ont raby plus de cinq à six ans de liberté, & plus
de vingt-mille libres de rebenu, pour outenir mes graces
& contenter mes parties cibiles.
Le Poit. Le Roy vous a t’il bien voulu donner tant de
graces ?