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Mazarinade n° C_6_69

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Anonyme [1649], LA PROMENADE OV LES ENTRETIENS D’VN GENTIL-HOMME DE NORMANDIE AVEC VN BOVRGEOIS DE PARIS, SVR LE MAVVAIS MESNAGE des Finances de France. , françaisRéférence RIM : M0_2901. Cote locale : C_6_69.


que les Partisans les desaduoient quand ils estoient rembourcez de leurs
prests, disant qu’ils ne les cognoissoient pas, & que ce n’estoit pas eux quiles
auoient commis auec Monsieur l’Intendant, contre lequel on n’osoit cy-deuant
se pouruoir ; Ce qu’ils pouuoient faire, puisque la corruption estoit si
grande, qu’on les laissoit exercer sans donner caution, estant vne loy absoluë ;
quand Monsieur l’Intendant auoit dit qu’il le vouloit, c’estoit assez, les
pauures Officiers des Prouinces n’osoient plus rien dire ny obiecter contre
cette volonte renduë souueraine : Aussi Monsieur vous voyez iusques à quel
poinct alloit ce desordre, & s’il pouuoit encore long-temps durer. Or comme
ces mal-heureux Commis trauailloient pour leur interest particulier, &
non pour celuy du Roy ; ceux qui de bon cœur ne leur vouloient pas, & aux
Intendans, donner en presence ce qu’ils leurs demandoient, on les imposoit
à trois fois plus haut la taille que ne montoit le reuenu de leur bien ; Et
puis ce n’estoit que contraintes, emprisonnemens, mesmes pour les soliditez,
si leurs cottes ne suffisoient : Bref, les prisons estoient si pleines de ses
pauures gens-là, que c’estoit vn vray spectacle d’horreur, ensuite dequoy
la necessité les rendoit incontinent malades ; & neantmoins ces barbares
aymoient mieux, tant la cruauté estoit grande parmy eux, les laisser mourir
en prison, que de les faire sortir, ou leur donner quelque soulagement :
Et toute leur raison n’estoit autre, à ce qu’ils disoient, sinon qu’il falloit que
cette cruauté seruist d’exemple pour faire payer les autres. Quelle tyrannie ;
enfin, ie n’aurois iamais fait si ie voulois continuer le recit des tourmens de
ces miserables ; ce que ie vous feroit tres-volontiers, n’estoit que nostre
promenade s’acheue.
 
Voila donc Monsieur, & succinctement, ce que i’auois à vous dire pour
le fait des Tailles, vous en voyez le desordre ; les grandes impositions sur
les peuples, le peu qu’il en reuient au Roy ; & comme les Partisans & Traictans
en auoient la meilleure part, aussi ne faut-il pas s’estonner s’ils deuenoient
riches en si peu de temps ; mais aussi vous voyez comme ses richesses
ne prouiennent que du plus pur sang du peuple, que ses sang-suës
affamées tiroient incessamment des bras de ces pauures miserables. Et comme
pour ce faire ils leurs faisoient souffrir de grands tour mens, & supporter
de grandes afflictions.
Le G. Ie ne m’estonne pas Monsieur si Messieurs du Parlement sont si zelez
pour le soulagement du peuple, & s’ils ont pris vn si grand soin à chasser
ces mangeurs de Chrestiens, & leurs Intendans ; ces nouueaux monstres, ou
plutost ses nouuelles bestes deuorantes, dont on auoit point encore oüy
parler dans nos Histoires, estoient venus en France par ie ne sçay quel chemin
pour tourmenter le monde ; Mais Messieurs du Parlement leur ont fait
si bonne guerre, à ce que ie puis apprendre, que l’on n’en verra non plus
à l’aduenir que de loups en Angleterre.
Le P. Il est vray que quand Messieurs du Parlemẽt n’auroiẽt fait que ce bien
là, la France leur a tres-grande obligation ; mais il faut tant esperer de la misericorde
de Dieu, qu’elle permettra qu’ils viendront encore à bout du reste
de leur dessein, qui n’est autre, que de si bien restablir l’Authorité du Roy,