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Mazarinade n° C_6_69

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Anonyme [1649], LA PROMENADE OV LES ENTRETIENS D’VN GENTIL-HOMME DE NORMANDIE AVEC VN BOVRGEOIS DE PARIS, SVR LE MAVVAIS MESNAGE des Finances de France. , françaisRéférence RIM : M0_2901. Cote locale : C_6_69.


chose que le proprietaire n’en a osé faire registrer le contract, voila pas vn
beau mesnage dans les affaires du Roy.
 
De plus, voyez encore vne autre violence, il y a eu vn party ou traitté
pour mettre sur les Tailles toutes les charges assignées sur les domaines, &
dautant que les engagistes doiuent au charges, on les a fait financer pour
en estre deschargez, on a tiré de l’argent d’eux & vollé les pauures assignez,
car au lieu de ce qu’ils retenoient annuellement sur le domaine, on ne leur
a plus rien payé, ny sur les tailles ny ailleurs, à cause qu’on n’a plus laissé
aucun fonds pour ce faire,
Voila assez du domaine, ie veux estre succint, afin de mesurer mon discours
à nostre promenade, c’est pour quoy passons aux aydes, elles sont
aussi engagees, & le Roy ou les engagistes doiuent des rentes, qu’on a
ostees ou du moins retranchées aux particuliers rentiers pour les appliquer
au Cardinal & à ses supposts.
Suiuons & prenons les Tailles & le Taillon, c’est en cét endroit où le
cœur me fend de pitié, considerez ie vous prie l’excez où elles sont maintenant,
vne Eslection qui payoit en 1628. 40. mil liu. passoit és annees 1645.
& 1646. deux cent mil liures ; voyez qu’elle augmentation sur le peuple, &
pourtant en 1626. le Roy en receuoit presque autant comme à present.
Le G. Comment cela se peut il entendre ?
Le P. Ie vais vous le dire. De cette Eslection que ie vous donne pour
exemple, & qui portant en 1626. 40. mil liu. le Roy en auoit de reste les
charges desduites, montant de 61. mil liures à 34. mil liures en quatre quartiers
bien payez, sans non-valleurs, & sans remise de prest ny d’interest. Mais
à present de deux cens mil liures, le Roy n’en touche pas 60. que ce soit le
plus, & voyez comment par le moyen de la multitude des taxes qu’on a
mises sur les Officiers leurs gages & droicts montent prés de 50. mil liures,
lesquels encores que les Officiers ne les touchent pas ne laissent pas d’estre
pris par des Partisans traittans ou porteurs de quittances. Il y a plus, car il y
a encores pour le moins autres 50. mil liures de non-valleurs à cause de la
pauureté des Parroisses, reste donc cent mil liures, qui est la premiere demie,
dont on fait vn traitté ou forfait auec vn Presteur d’argent, auquel de
ces cent mil liures on donne cinq sols pour liure de remise en donnant le
quart comptant, & 50. mil liures en promesses, payables à plusieurs termes ;
de ces 50. mil liures en promesses on en traitte encore auec vn autre
à vn tiers de remise, tellement que deduction faite de ces remises sur le principal,
il ne reste plus au Roy de ces deux cens mil liures que 57. mil liures
ou enuiron, sçauoir du premier traitté comptant 25. mil liures, & du second
32. mil liu. considerez Monsieur, quel mauuais mesnage dans les affaires du
Roy. Ce n’est pas le tout, faut aller plus auant, & considerons que ce mauuais
mesnage-cy n’est qu’à l’esgard du Roy, mais venons à celuy du peuple,
& considerons vn peu la liberté que le Cardinal a donnée à ces partisans de
tourmenter & vexer les taillables : Ces traittans prenoient toute la France
en party, & aussi-tost ils estoient les seuls Maistres de la Taille, & par consequent
petits Rois dans l’Estat, qui pensoient auoir droit d’enuisager tous