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Mazarinade n° C_6_46

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Anonyme [1649], LA PAIX EN SON THROSNE DE GLOIRE, OV LA CORNE D’ABONDANCE apportée du Ciel à tous les bons François, par l’Ange Tutelaire de ce Royaume. , françaisRéférence RIM : M0_2649. Cote locale : C_6_46.


pouuoir iamais supporter des regles, & mesmes à se declarer ouuertement
les ennemis iurez de la Paix, que l’ame & le corps doiuent
inuiolablement conseruer l’vn pour l’autre ; elles ne laissent
pas d’estre prudemment humiliées par la conduite de la Raison,
& de s’accommoder à la Paix que nostre entendement leur aura
prescrite. Enfin, si nous voulons curieusement examiner toutes
les conditions de cette ie mortelle, nous n’en trouuerons pas
vne qui puisse subsister long-temps sans Paix, ou du moins sans
quelque espece de concorde, tant cette felicité se trouue necessaire
dans tous les estres. L’amitié conjugale, quelque saincte
quelle puisse estre, se destruiroit insensiblement, malgré tous
les appas dont l’amour se sert ordinairement pour la faire subsister,
si la Paix ne la mettoit à couuert des atteintes de cette fatale
Deesse, qui ietta la pomme de discorde aux nopces de Pelée.
Enfin ie ne voy chose quelconque qui puisse tomber sous nos
sens, qui ne nous conuie à la Paix, & qui ne nous accuse vn iour
deuant Dieu, d’auoir seulement songé à se mettre en estat de
verser le sang de ses freres. Et quoy que la Paix ne nous soit enuoyée
du Ciel que pour l’vsage des hommes ; si est-ce pourtant
que toute la France ne semble pas estre encore à la fin de toutes
ses miseres.
 
Lue. 19. 42.
Iug. 6. 24.
La Iustice inspirée de Dieu, n’est elle pas occupée à donner
la Paix à ceux que l’interest particulier trauaille à mettre en desordre ?
Les Citoyens d’vne mesme Ville ne sont ils regis par
mesmes Loix, & ne viuent-ils pas dans vne certaine Vnion
parfaite ? Les familles peuuent-elles subsister que dans vne concorde
inuiolable ? Le mary & la femme, en quelle vnion ne viuent-ils
pas dans la foy conjugale qu’ils se sont promise ? Ces insignes
Legislateurs, de qui nous auons des decrets si venerables,
ne s’exercent-ils pas iour & nuict à la decision des affaires communes,
generales, & politiques ? Les Philosophes ne dépoüillent-ils
pas leur Sage de toute sorte de passions pour le faire subsister
en Paix, tout autant qu’il leur est possible ? La Morale n’est-ce
pas vne science qui nous instruit à bien viure, afin de nous apprendre
à bien mourir, qui sont à vray dire les deux voyes les
plus asseurées pour nous faire iouyr en Paix & de la vie passagere
& de la vie eternelle ? La Politique ne vise-t’elle pas en toutes ses
fins à tenir le Prince & ses Subjets dans vne tranquilité publique ?
Les maximes d’Estat ont-elles d’autre but que la Paix : & la
Guerre, mesmes s’entreprend-elle iamais que pour nous donner